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De la fin des années 1940 au début des années 1960, une chape de plomb s'abat sur Hollywood. Pour la droite américaine, qui s'inquiète depuis l'entre-deux-guerres de la place grandissante qu'y occupent les communistes et leurs sympathisants, l'heure de la revanche a sonné. En faisant de l'anticommunisme l'alpha et l'oméga de la politique américaine, la guerre froide légitime une chasse aux sorcières qui touche peu à peu tous les secteurs dits " sensibles ", de l'administration à l'enseignement en passant par le monde du spectacle. De concert avec le FBI et la Commission des activités antiaméricaines de la Chambre des représentants, les hommes forts d'Hollywood mettent l'industrie cinématographique au pas. Au total, près de 300 acteurs, réalisateurs et scénaristes sont inquiétés. Les accusations - souvent calomnieuses - fusent de toutes parts, et des listes noires circulent. S'ils veulent renouer avec leur carrière, les proscrits n'ont d'autre choix que de renier haut et fort leurs engagements et, en signe d'allégeance, de donner les noms de leurs (anciens) camarades. Elia Kazan, parmi des dizaines d'autres, fait le choix de la délation. Pour ceux qui refusent de vendre leur âme au diable, la mise au ban est sans appel : dix d'entre eux vont en prison (les " Dix d'Hollywood ", parmi lesquels Dalton Trumbo, le futur réalisateur de Johnny s'en va-t-en guerre), et des dizaines s'exilent au Mexique ou en Europe (Joseph Losey, John Berry, Jules Dassin, etc.). Ceux qui restent aux États-Unis ont la vie dure : de nombreux scénaristes continuent de travailler, mais à des salaires de misère et dans la clandestinité (en recourant à des pseudonymes ou à des prête-noms). Quant aux acteurs et aux réalisateurs, ils doivent bien souvent changer purement et simplement de carrière. La chasse aux sorcières, qui précède l'avènement du sénateur McCarthy (1950) et se poursuit après la mort de celui-ci (1957), ne prend pas fin du jour au lendemain. Dans les années 1960, quelques noms disparus des génériques depuis de longues années réapparaissent sur les écrans, 10% environ. Les plaies sont pourtant loin d'être refermées et les mémoires hollywoodiennes, à travers films et commémorations, n'en finissent pas de revisiter cet entêtant passé.
Depuis " Les Délateurs " de Victor Navasky, publié chez Balland en 1980, aucun livre important et sérieux n'est paru en français sur cet épisode sombre et passionnant de l'histoire du septième art.
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