"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« Chaque âme a le droit d'errer sept lunes dans l'Entre-Deux. Pour se souvenir de ses vies passées. Et ensuite, pour oublier. Ils veulent que vous oubliiez. » 1990, Colombo. Alors que la guerre civile au Sri Lanka est à son apogée, le photographe de guerre Maali Almeida se réveille dans un grand bureau céleste. Une employée harassée l'informe brusquement qu'il est mort, son cadavre gît dans les profondeurs du lac Beira. Depuis cet Entre-Deux, une dernière chance s'offre à lui : Maali dispose d'une semaine - sept lunes -, pour résoudre le mystère de son propre meurtre et révéler des clichés qui changeront le cours de ce conflit sanglant et sans merci.
Il se lance alors dans une enquête rocambolesque au coeur de la capitale sri-lankaise avant que son témoignage sur des atrocités ne tombe entre de mauvaises mains, ou pire, dans l'oubli.
S'inspirant du folklore et de la mythologie du Sri Lanka, Shehan Karunatilaka brosse un portrait kaléidoscopique des vivants et des esprits, personnages romanesques ou figures historiques, qui cherchent tous vengeance ou vérité.
"Les Sept lunes de Maali Almeida" est une œuvre remarquable qui allie habilement mystère, réalisme magique et critique sociale. Shehan Karunatilaka nous offre un roman riche en émotions et en réflexions, un véritable hommage à la mémoire des victimes de la guerre civile sri lankaise et à la nécessité de ne pas céder à l'amnésie collective. Une lecture inoubliable qui résonne bien au-delà de ses sept lunes.
Roman récompensé par le prix Booker en 2022, 500 pages aussi passionnantes que complexes tiré du folklore sri-lankais.
Un personnage fort, complexe et cabossé, de nombreux thèmes abordés avec le racismes, l'homosexualité, la religion et les croyances, la politique et les conflits avec les guerres. L'auteur mêle les genres fantastique, thriller, historique et drame. Une quête rocambolesque, la lecture est certes exigeante mais la récompense est une plongé dans un monde imaginaire avec ce récit audacieux mais aussi parfois désopilant.
"Tu remarques que Sena ne tend de tracts qu'aux fantômes dont les yeux sont verts ou jaunes, uniquement à ceux qui ont l'air effrayés ou déboussolés. Comme tous les marchands de religions Sena a sagement choisi de s'attaquer aux faibles."
"La pluie crache des éclairs et le tonnerre fracasse le vent. Tu as perdu le compte du nombre de fois où il a plu depuis ta disparition prématurée. Soit les moussons sont arrivées tôt, soit l'univers verse des larmes sur toi et ta stupide petite vie. Aujourd'hui, les larmes sont aussi épaisses que des gouttes d'encre et crèvent les nuages en colère pour s'écraser sur la tête des humbles."
Une lecture exigeante dont la forme particulière est assez déstabilisante. L’aspect historique se mêle à l’imaginaire accompagné d’un humour noir grinçant. Couac ! Il faut s’accrocher à ce contenu très riche, rapide et ne pas espérer tout y comprendre, folklore et mythologie se côtoyant dans une réalité meurtrière glaçante.
Un texte obscur avec une multitude de thèmes abordés. Étonnante lecture qui marque l’esprit.
http://www.mesecritsdunjour.com/2024/04/les-sept-lunes-de-maali-almeida-shehan-karunatilaka.html
Sacré roman, et ce dès les premières pages : 1989, le photographe sri lankais Maali Almeida se réveille dans un Au-delà bureaucratique et surpeuplé. Il n'a aucun souvenir de sa mort, mais il a sept lunes pour errer dans cet Entre-deux. Après, la porte de la Lumière ( le paradis de l'oubli ) se refermera pour toujours. Maali Almeida ne veut pas oublier, pas encore. Il a donc sept lunes pour découvrir qui l'a tué et pourquoi, sept lunes pour guider ses amis vers une série de photographies qui selon lui pourraient changer le cours des choses.
Le rythme est trépidant, la course folle dans Colombo étourdissante même tellement le roman est peuplé de mille fantômes, goules et démons, de vivants aussi qui ont croisé la route du photographe; tellement l'histoire de la guerre civile sri lankaise démarrée en 1983 est inextricablement compliquée avec toutes ses factions adverses pour lesquelles Maali Almeida travaillé : les nationalistes cinghalais de l'UNP au pouvoir, les Tigres tamouls des LTTE, les communistes du JVP, les forces spéciales du gouvernement, les Forces indiennes de l'ONU, tous pourris, tous capables des pires exactions et crimes, tous potentiellement capables d'avoir fait assassiner Maali.
Il m'a fallu un peu de temps pour me poser sur cette intrigue fort touffue, mais j'y suis arrivée, quelque peu aidée par le recensement inaugural qui liste tous les personnages, absolument nécessaire. Je suis allée également m'informer sur la guerre civile sri lankaise ( achevée en 2009 ) pour mieux appréhender ma lecture. Sans cela, je pense que j'aurais vraiment galéré.
Pour apprécier cette lecture, il faut donc un petit coup de pouce et surtout accepter de ne pas tout comprendre ( les références au folklore et mythes sri lankais sont nombreuses ) pour se laisser porter par la verve virtuose et généreuse de l'auteur.
Derrière chaque page, on sent la puissance narrative de Shehan Karunatilaka, à commencer par son choix d'un narrateur à la deuxième personne. Maali Almeida est mort. Son « tu » qui s'adresse à lui-même incarne parfaitement le son d'une voix sans corps, une voix survivante qui chuchote à l'oreille de son mort, comme si Maali Almeida doutait lui-même que c'était sa propre voix qui parlait pour l'accompagner dans sa quête de vérité.
Lorsqu'on a recours au réalisme magique, il faut l'assumer jusqu'au bout, sinon cela a un goût de gadget épate bourgeois qui ne sert à rien. Ici l'auteur joue la carte à fond. Il a réussi à créer un monde cohérent oscillant entre le surréalisme de cet Entre-deux ( dans lesquels les fantômes se déplacent à volonté grâce à des courants d'air qui les conduisent dans n'importe quels lieux qu'ils ont fréquenté de leur vivant ) et un Sri Lanka réel absolument terrifiant.
Le ton est à un humour noir sardonique qui côtoie le grotesque comme la tragédie. C'est sale et mordant mais jamais gratuit. Car cette farce irrévérencieuse confronte le lecteur à la terrifiante et absurde réalité de la guerre civile sri lankaise, ses escadrons de la mort, ses acteurs dégueulasses, ses attentats, assassinats, exécutions sommaires, tortures, enfants sacrifiés. Certaines scènes sont mémorables comme celles mettant un marche une armée de fantômes vengeurs haranguée par une goule marxiste.
La lecture est parfois un peu longue pour absorber le flux bouillonnant d'informations, mais jamais ennuyeuse, portée par une écriture inventive extrêmement séduisante d'un auteur dont on sent à quel point il juge important de ne surtout pas céder à l'amnésie collective maintenant que la guerre civile est finie. Et si l'on permettait aux 100.000 morts de la guerre civile de parler ? Chiche semble dire Shehan Karunatilaka.
Peut-être trop dense ou écrit sur plusieurs registres dans lesquels je me suis perdue : est-ce une enquête policière, un texte qui appelle le fantastique ou une analyse politique d'un pays en guerre ? L'auteur s'adresse à un mort à qui il parle, lui demandant de résoudre les circonstances de sa mort. C'est étrange et parfois réellement dérangeant. Reste que le Sri Lanka n'est souvent connu que pour ses temples et ses plages, il est intéressant d'ouvrir de nouvelles portes mais ici cela ressemble à une course éreintante qui épuise le lecteur le plus motivé.
Maali Almeida, photographe de presse sri-lankais, homosexuel, de 35 ans a été assassiné à Colombo, en décembre 1989; il se retrouve dans l'Entre-Deux, où il bénéficie de sept lunes pour découvrir qui l'a tué et pour rendre publiques des photos qu'il a faites et qui pourraient changer le cours de la guerre civile qui ravage le pays.
Nous évoluons alternativement parmi les vivants, au milieu de la guerre civile et parmi les morts qui errent, essayant de rentrer en contact avec ceux qui leur étaient chers, de revenir sur terre dans une autre enveloppe, de rejoindre la Lumière. Parmi eux, comme ici-bas, les luttes pour le pouvoir, le mensonge, la violence règnent en maître.
Ce roman très singulier, qui mêle roman noir, enquête policière, fantastique gore, analyse et critique politiques, sort totalement des sentiers battus et ne peut que surprendre le/la lecteur/trice.
Sous le vernis loufoque, déjanté, gore, l'auteur décrit avec une ironie noire et grinçante, la situation de son pays dans les années 80. le Sri Lanka était en proie depuis 1972 à une guerre civile qui a duré jusqu'en 2009 faisant entre 80 000 et 100 000 morts. La majorité cinghalaise bouddhiste faisait face à la minorité tamoule hindoue qui luttait pour un état indépendant dans l'est et le nord du pays où ils étaient majoritaires et aux communistes. de terribles atrocités ont été commises par tous les belligérants, prenant la population comme cible. L'auteur ne nous épargne d'ailleurs pas des scènes d'une violence inouïe, difficiles à lire.
Il se livre à une critique en règle de l'ONU et de ses troupes de soit-disant maintien de la paix et des puissances qui jouent leur partition sur le dos du pays : les Indiens, les Américains, les Britanniques.
L'auteur s'appuie sur les légendes, les croyances et le folklore sri-lankais pour nous livrer un texte haut en couleurs, parfois amusant, exubérant, extravagant. J'en ai apprécié la verve et l'originalité au début mais j'ai fini par me lasser des fantômes, des âmes errantes, des goules qui envahissent les 507 pages du roman, malgré la gravité sous-jacente et l'intérêt du propos. Ce roman, lauréat du prestigieux Booker Prize en 2022, n'était pas vraiment pour moi
Avant Maali Almeida était photographe de guerre et fixeur pour des médias internationaux et des associations humanitaires. Avec le nombre de conflits, d’émeutes et d’insurrections au Sri Lanka, il n’avait pas besoin de quitter son île pour travailler. Mais ça c’était avant. Avant qu’il ne prenne des clichés compromettant de membres du gouvernement participant au massacre des Tamouls à Colombo en 1983.
Car maintenant, Maali gît au fond d’un lac, découpé en morceaux, comme tant d’autres victimes des « escadrons de la mort ».
Mais au Sri Lanka, les esprits peuvent rester dans l’Entre-Deux pendant 7 lunes pour décider de ce qu’ils veulent faire de leur mort, se venger en pactisant avec le diable, tout oublier et se réincarner ou rejoindre la Lumière pour guider les autres.
Maali veut avant tout que ses photos soient publiées, pour dénoncer les assassinats de masse et la torture institutionnalisée. Mais 7 lunes, c’est bien court pour parvenir à ses fins
Il faut entrer dans ce roman particulier, peuplé d’âmes errantes, pour voir au-delà des folies de ces êtres désincarnés, le témoignage que nous offre Shehan Karunatilaka sur un état insulaire déchiré par les guerres ethniques.
Et c’est tout un pays qui se dévoile, avec l’Histoire des premières colonisations, la grande diversité religieuse et le mode de vie mêlant tradition et modernisme d’un peuple multiculturel. A travers le périple de l’esprit de Maali dans les rues de Colombo, l’auteur nous raconte la vie trépidante et engagée de cet homme libre, flambeur et gay.
Ce roman est aussi un prétexte pour nous parler d’une guerre civile permanente, de la police gouvernementale corrompue, de l’armée terroriste des Tigres et des pressions de la Communauté internationale.
J’ai trouvé la situation politique de ce pays d’Asie assez complexe et je m’y suis parfois un peu perdue, mais la découverte de l’ex-Ceylan que je connaissais à peine m’a vraiment passionnée. Et puis au fil des pages, je me suis habituée à ces fantômes qui peuplent l’ile et ils ont fini par me séduire autant que les vivants qu’ils accompagnent.
Une étonnante révélation.
Je viens de refermer la dernière page de ce roman et le premier mot qui me vient à la bouche, c’est un GRAND WAOUH …
Par où commencer …
Ce qui m’a le plus intéressé : Evidement, le côté historique ou comment découvrir de façon inédite cette guerre civile qui a frappé le Sri Lanka dans les années 80/90. Ce livre est une véritable mine d’or pour ceux qui apprécient les références historiques car elles sont riches et nombreuses.
Ce qui m’a déroutée : La multitude de personnages, les nombreux groupes ethniques, les références culturelles et le vocabulaire souvent soutenu : une plume complexe mais qui valait le coup de « se concentrer » et de « s’accrocher ». Le petit guide des personnages et factions en début de roman ainsi que les notes de bas de page m’ont aidée à ne pas perdre le fil.
Ce qui m’a intriguée : Cette alternance de décors … voyager entre la réalité et cet Entre-Deux, cet imaginaire … passer du monde des Hommes à celui des Démons … un vrai régal pour la lectrice que je suis : lire est un de mes passe temps favori car il me permet de me créer mon « propre film » et avec ce roman, j’ai été comblée !
Ce qui m’a terrifiée : Les atrocités vécues par les habitants de ce pays… Certaines descriptions sont vraiment effrayantes, voir cauchemardesques … surtout quand on sait qu’elles ont véritablement eu lieu … c’est toujours horrifiant de constater la cruauté humaine …
Ce que j’ai adoré : L’intrigue … Découvrir au fil des pages l’étrange passé de ce photographe de guerre hors du commun qui a oublié tous ses souvenirs : son enfance, ses relations complexes avec les autres … pour finir en apothéose … les raisons de son assassinat et son meurtrier !
Après avoir terminé les 507 pages de ce livre, je comprends aisément pourquoi son auteur a reçu le BOOKER PRIZE (l’un des prix littéraires les plus prestigieux) car c’est effectivement un petit bijou littéraire qui alterne entre les différents genres : conte fantastique, roman imaginaire, thriller et grande littérature !
Amateurs d’histoire, de politique et d’intrigues en tout genre, je vous recommande vivement LES SEPT LUNES DE MAALI ALMEIDA : laissez-vous tenter par cet auteur talentueux !
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