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Dans les sociétés sakalava de l'Ouest malgache, le culte des reliques est un système ancien, pratiqué dans un cadre familial, avant la formation des monarchies.
Il évolue en culte dynastique au fur et à mesure de la constitution des dynasties. Dès lors, des reliques sont confectionnées à partir d'éléments prélevés sur le corps du roi défunt. Par leur médiation, l'ancêtre royal tient la même place protectrice que le saint médiéval pour les descendants royaux, mais aussi pour l'ensemble des sujets. La protection reconnue aux reliques se transforme, au XVIIIe siècle, en légitimation politique du rôle de la dynastie.
Désormais, les restes du corps du roi sont conservés dans un reliquaire et jouent un rôle fondamental dans l'exercice du pouvoir. Si les reliques sont une condition du pouvoir, elles peuvent être objet de convoitise. Source de légitimation, source légitimante, elles ont un rôle déterminant lors de la perte d'indépendance des royautés de l'Ouest. Les conquérants sont d'abord merina, venus des Hautes-Terres à partir de 1810, soutenus par l'assistance anglaise, puis français à la fin du XIXe siècle.
Les reliques entretiennent la fiction d'une continuité. Enfin, symbolisant les anciennes formes de pouvoir, elles restent un enjeu à l'époque coloniale et post-coloniale. Comment le religieux s'articule-t-il au politique dans le cadre colonial sécularisé, lorsque l'administration se met en place, lorsque le nationalisme malgache s'affirme dans les années 1930, lorsque se profile l'Indépendance vers 1956 ? Le culte des reliques permet aux autochtones de recréer et de rénover l'idéologie aristocratique, mais il justifie également les gouvernants en place qui tentent de récupérer la symbolique royale et qui interviennent dans la gestion des cultes dynastiques.
Au terme de cet ouvrage, l'auteur s'interroge sur le rapport aux ancêtres royaux après l'Indépendance, à travers l'étude du procès qui déchire les deux branches dynastiques héritières des rois du Boina, région du nord-ouest de l'île, depuis 1957, et dont l'enjeu identitaire est la possession des reliquaires. Le procès permet d'analyser l'ambivalence entre pouvoir et religion et de mesurer la vitalité, dans le contexte local actuel, de ces anciens principes idéologiques.
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