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Nulle autre demeure ne peut en France autant et aussi bien que Fontainebleau prétendre à être un morceau d'Italie.
A son retour de captivité après la défaite de Pavie, François Ier décide en 1528 de faire reconstruire le château. Pénétré des images des merveilles architecturales et artistiques de la Péninsule, le roi commandite un chantier de presque vingt années. Très vite, il engage deux grands maîtres italiens pour orner la demeure. A Giovanni Battista di Jacopo, surnommé le Rosso Fiorentino (1494-1540), originaire de Florence, est confiée la décoration de la galerie du roi ou galerie François Ier et de l'appartement du pavillon des Poëles. Pour la galerie, le maître imagine entre 1535 et 1539 un ambitieux ensemble de fresques et de stucs qui, marqué par la leçon de Michel-Ange, rend hommage de manière allégorique à la figure du souverain. Nourris de références antiques, les sujets prennent place sur les murs au milieu de somptueux encadrements de cuirs découpés habités de figures. Les menuiseries de la galerie sont elles livrées par Francesco Scibec da Carpi. Tous ces éléments font aujourd'hui de la pièce l'un des plus beaux décors de la Renaissance européenne.
Natif de Bologne et formé par Jules Romain à Mantoue, le deuxième artiste est Francesco Primaticcio, surnommé en France Le Primatice (1504-1570). Tout comme son confrère, l'homme constitua une équipe qui, sous sa direction, réalisa plusieurs des décors voulus par le monarque. De 1533 à 1535, il oeuvre ainsi pour la chambre du Roi, puis de 1534 à 1537, pour la chambre de la Reine. Avec les années, les chantiers se multiplient, en particulier après la mort du Rosso. Primatice est ainsi appelé à donner les modèles dessinés des fresques et des stucs du portail et de la chambre du premier étage de la porte d'entrée, de la galerie basse (v. 1542), de la chambre de Madame d'Étampes et du vestibule de la porte Dorée (v. 1541-1544), du cabinet du Roi, de l'appartement des Bains sous la galerie du Roi et de la galerie d'Ulysse. Chacune de ces commandes lui permet de diffuser la leçon du grand goût italien dans ce qu'elle a de plus moderne.
Attentif à embellir sa nouvelle demeure, François Ier ne néglige pas non plus les abords. Toujours à l'exemple des modèles italiens, il fait réaliser le jardin du clos de l'étang ou des pins, agrémenté d'une grotte ornée de figures rustiques et du pavillon de Pomone. A l'intérieur du château prennent place, en particulier dans l'appartement des Bains situé sous la galerie du Roi, certains des chefs-d'oeuvres de la peinture italienne appartenant aux collections royales. Avant d'être exposé dans l'appartement de collectionneur de Louis XIV à Versailles, le portrait de la Joconde par Léonard de Vinci connut ainsi les honneurs de Fontainebleau. Benvenuto Cellini, dans les mêmes années, fut également invité à travailler pour le souverain. Outre la Nymphe de Fontainebleau, grand bronze qui devait prendre place dans le vestibule de la porte Dorée, il dessina des figures de satyres et livra un Jupiter en argent présenté dans la galerie François Ier.
Loin de s'interrompre avec le décès du roi, le chantier bellifontain continua sous le règne d'Henri II. Le Primatice demeurait l'un des créateurs privilégiés. A partir de 1548, le décor de fresques imaginé pour la salle de Bal était mis en oeuvre par l'équipe de Nicolo dell'Abbate, et Scibec da Carpi à nouveau invité à livrer les travaux de menuiseries. En 1559, le maître bolonais obtenait sa nomination comme surintendant des bâtiments royaux grâce au soutien de Catherine de Médicis. Suprême consécration pour un artiste étranger, cette position lui permettait d'engager les ultimes chantiers : la construction de l'aile de la Belle cheminée et de l'aile neuve, de la pergola du jardin particulier de la reine et de la laiterie, la conception des ultimes cartons transcrits par Nicolo dell'Abbate et ses collaborateurs pour le décor de l'appartement du Roi, de la laiterie de la Reine et de la galerie d'Ulysse, enfin la réalisation avec Vignole des fontes en bronze reproduisant certaines des sculptures antiques les plus célèbres des collections romaines.
La mort du Primatice en 1570 met un terme pour quelques décennies à la présence des artistes italiens à Fontainebleau. Avec l'avènement d'Henri IV, Toussaint Dubreuil, le Hollandais Jean d'Hoey, l'Anversois Ambroise Dubois, le Parisien Martin Fréminet et le Normand Louis Poisson sont désormais les maîtres qui donnent le ton et imposent à nouveau la résidence royale en véritable foyer artistique. Il faut attendre 1603 pour que les ingénieurs hydrauliciens florentins, les frères Francini, soient appelés à transformer avec les frères Mollet les jardins du château en créant en particulier les fontaines du Tibre et de Diane. Entre 1628 et 1638, Francesco Bordoni est lui chargé de la réalisation des sculptures du maître-autel de la chapelle de la Trinité et des pavements de couleur de la nef et des deux oratoires.
Avec ces deux maîtres prend fin l'apport italien au patrimoine bellifontain. Pendant près d'un siècle, le château avait été terre d'accueil pour les maîtres de la Péninsule. A leur initiative, le modèle ultramontain s'était imposé à l'art français comme la voie à suivre. Diffusée par le biais de l'estampe puis rapidement assimilée, cette leçon de style avait amplement aidé au renouvellement des arts de notre pays. Le fait a déjà été maintes fois souligné, mais il n'a fait l'objet d'aucun ouvrage récent qui rendrait enfin justice au talent des maîtres italiens de Fontainebleau et soulignerait tout l'intérêt et toute la beauté de leurs créations miraculeusement préservées ou patiemment documentées.
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