La première liste consacrée à la rentrée littéraire n'a pas suffi ? Voici la suite !
Merci Laëti K pour votre commentaire . Je suis de votre avis c'est un roman riche d'informations et il faut"s'accrocher " .Belle lecture
Anton a vingt ans. Fraîchement débarqué de Sibérie, il vit à Moscou chez son oncle Iouri Nesterov, haut responsable du KGB. Autour d'eux, le monde s'effondre. Nous sommes en 1989, la fièvre de la perestroïka s'est emparée de leur pays et la chute du mur de Berlin va entraîner celle de l'Union soviétique.
Chargé de surveiller de près la lutte politique qui se joue au sommet de l'État, spectateur désabusé d'un régime qu'il ne défend plus que par devoir, Iouri ne croit plus aux idéologies ni aux révolutions. Dans cette ville bouillonnante où se joue le drame collectif d'une nation, il accompagne la folle destinée de personnages déboussolés par l'époque : la peintre Helena, Aliona et ses talents divinatoires auxquels Anton ne reste pas longtemps insensible, Gueorgui le sombre Géorgien, ou encore le mystérieux starets qui semble surgir de la Russie prérévolutionnaire.
Alors que l'affrontement entre Mikhaïl Gorbatchev et Boris Eltsine menace de disloquer l'empire rouge, Iouri et Anton vont chacun à leur façon chercher à influencer le cours des événements. Les révolutions sont toujours l'occasion de mettre en valeur les grands hommes, à condition toutefois de ne pas se laisser dévorer : entre le sauve-qui-peut général et le chacun-pour-soi, ne risquent-ils pas d'y laisser leur âme ?
La première liste consacrée à la rentrée littéraire n'a pas suffi ? Voici la suite !
Ils sont passionnés et enthousiastes , voici leurs 10 romans favoris de la rentrée
un livre prenant palpitant ,tellement bien écrit.
une très belle fresque sociopolitique, familiale.
Ce ivre je me suis accrochée ne voulant le lâcher, les personnages sont prenants.
Cette porte ouverte sur le Russie et son histoire est juste passionnante, permettant de se replonger dans cette période, et mieux comprendre aussi notre histoire contemporaine.
Grand merci à Olivier ROGEZ et merci à l'amie Squirelito pour cette belle découverte.
Petit topo sur l’histoire : Anton est un jeune homme de 20 ans qui vit dans un petit village (très) retiré de la Russie, au fin fond de la Sibérie. Alors qu’il détient un pouvoir mystique qu’il ne sait pas encore maitriser, il décide de découvrir d’autres contrées et s’installe chez son oncle Iouri Nesterov, à Moscou. Ce dernier, membre de la célèbre KGB, l’accueille à bras ouverts et lui fait découvrir entre deux missions, la vie urbaine d’une Russie en plein mouvement.
Je découvre la plume d’Olivier Rogez avec ce roman et quelle claque. Son vocabulaire est d’une richesse telle qu’on ne ressent aucune « lourdeur » dans les chapitres et sa syntaxe est d’une telle maîtrise que ce mariage rend la lecture fluide et addictive. Le lecteur est spectateur d’un pays divisé entre révolutionnaires et communistes, entre complots, corruptions et manipulations. Bien que romancé, on retrouve des personnages clés de l’histoire de la Russie, notamment Gorbatchev, imaginé dans son intimité ou encore Boris Eltsine, présenté dans ses vices et ses réussites. On est transportés au cœur de l’âme russe, et on prend plaisir à (re)découvrir sa richesse artistique, culinaire et son penchant pour le mysticisme.
J’ai trouvé les personnages recherchés et charismatiques. Le personnage type du KGB représenté par Iouri est l’image de l’homme qui n’a peur de rien, qui tente toujours le tout pour le tout et pour qui la confiance en soi est le point d’orgue d’une carrière réussie. D’un côté nous avons un peuple qui prône l’égalité et l’indépendance mais qui puise dans les réserves et regarde l’occident avec des étoiles plein les yeux. Puis, de l’autre côté, nous avons Anton, avec qui on bascule vers une Russie plus profonde, présentant l’image d’un peuple qui tente de survivre et qui cherche du réconfort dans tous ceux susceptible de lui redonner de l’espoir.
En conclusion, Les hommes incertains est un réel coup de cœur. Tout y est : délicatesse et force dans la narration, notions historiques parcimonieuses mais de qualité, sentiments délicats et unanimes. On plonge dans un pan de l’histoire qui a fait basculer des années de communisme corrompu dans un faux-semblant de révolution.
Le début m’a beaucoup plu, avec l’endroit où vit Anton, un jeune homme de vingt ans : une forêt nommée « la forêt ivre » où les arbres poussent tout tordus, une ville appelée Tomsk 7, sans que nul ne sache pourquoi ce nombre, une usine atomique… Anton semble un personnage potentiellement passionnant, outre une particularité physique, il fait en effet des rêves prémonitoires. Son père, brillant scientifique, a un frère jumeau vivant à Moscou, et membre du KGB. Il accueillera Anton, qui n’en peut plus de la Sibérie, dans la capitale. À partir de ce moment, le roman se place presque entièrement du côté de Iouri, le frère, et de son entourage : son chef au KGB, un mafieux, une jeune voyante, une jeune peintre éblouie par les nouveaux riches, un starets mystérieux, une vieille dame touchante, un assistant parlementaire…
C’est sûr que Iouri, qui se trouve pris entre ses idéaux, et ce que le pays est en train de devenir, ne manque pas d’intérêt. Malheureusement, les autres personnages qui semblaient pourtant avoir énormément de potentiel au début du roman, peinent à prendre chair, leurs interactions n’apportent pas grand chose, leurs dialogues sont souvent démonstratifs et peu naturels.
Je retiens toutefois des points positifs : la documentation accumulée par l’auteur et sa très grande connaissance du pays et de cette période, des imbroglios politiques et économiques, de la rivalité entre Mikhaïl Gorbatchev et Boris Eltsine. La présence de pointes d’humour bienvenues pour contrebalancer les situations lourdes est aussi un point qui m’a bien plu. Le style ne m’a pas gênée, les descriptions regorgent d’images, qui m’ont parfois touchée, parfois fait sourire. Et toujours ce début, le décor et les habitants de Tomsk 7 bien plantés, les personnages plein de promesses.
Ce qui me restera en mémoire, c’est le sentiment que l’auteur aurait pu faire de ce matériau de départ, et de ses connaissances, quelque chose de beaucoup plus romanesque. Au lieu de cela, des personnages nouveaux, parfois énigmatiques, apparaissent souvent ex nihilo, et je n’ai pas toujours compris dans quel but. Il faut dire que l’ennui m’avait déjà gagnée.
Bref, ma première déception de rentrée, que je ne conseille qu’aux passionnés d’histoire contemporaine, ou aux curieux !
avec les extraits : https://lettresexpres.wordpress.com/2019/09/30/olivier-rogez-les-hommes-incertains/
Lire ce livre, c'est plonger dans le grand plaisir de lecture d'un "roman russe" d'aujourd'hui, où l'auteur nous entraîne à la rencontre d'une galerie foisonnante de personnages tout aussi fascinants qu'attachants. Nous voyons à travers eux s'incarner cette époque, pas si lointaine, où le géant soviétique s'est vu basculer dans un nouveau monde dans lequel soudain tout allait devoir être réinventé. On s'inquiète, on tremble, on s'atermoie, on s'apitoie grâce au style précis et enlevé d'Olivier Rogez… En outre, la problématique de ce roman dépasse les lieux et le système évoqués car elle nous renvoie à l'époque actuelle et aux changements de paradigmes à l'oeuvre aujourd'hui partout dans le monde. Sur quoi ces mutations déboucheront-elles ? En attendant de le savoir, trouvons refuge dans ce roman comme au fond d'une forêt profonde et magnifiquement enneigée…
Lu dans le cadre des Explorateurs de la rentrée 2019
Automne 1989. Anton, 20 ans, étouffe dans sa ville interdite, perdue dans la Sibérie. Il pressent, grâce à l'un des rêves prémonitoires qui lui sont familiers, que la Russie est sur le point de se redresser et qu'il lui faut partir à Moscou. Son oncle Iouri va l'y accueillir. Lorsque Anton arrive, le mur de Berlin vient de tomber. L'URSS est alors à l'aube d'un bouleversement.
Le roman se présente comme un roman d'apprentissage bâti sur un schéma classique : le jeune homme qui quitte les lieux de son enfance, « monte » à la capitale dont il découvre la vie, guidé par un mentor qui l'introduit dans la société et le protège.
Anton, qu'on s'attend à trouver comme protagoniste principal, reste un peu en retrait tant son oncle Iouri, homme influent proche du KGB et introduit dans toutes les sphères de la société, lui vole, si j'ose dire, la vedette. Iouri devient, par là même pour le lecteur, celui qui lui ouvre les portes des différentes classes sociales et forces politiques, et lui fait découvrir le fonctionnement de la société soviétique des deux années charnières où l'URSS va basculer progressivement dans l'économie de marché.
Avec lui, nous pénétrons partout, aussi bien dans les coulisses du pouvoir, chez les nantis, au milieu de « la faune sauvage « des profiteurs du système, que chez ceux qui en soufrent. C'est ainsi que toute la gamme des personnages de la comédie humaine russe défile dans le roman.
Du politique, du social, et le romanesque, dans tout ça ? Il est bien là, il a sa source dans les aléas de la vie amoureuse de Iouri, étroitement mêlés à ses activités. Il est aussi présent dans les séquences où apparaît Anton. Celui-ci prend peu à peu ses marques dans la société, celle des jeunes du milieu underground dont il devient une sorte de gourou, encouragé par une douce présence féminine et sous le regard bienveillant d'un mystérieux staretz, aux pouvoirs occultes. Premier personnage introduit dans le roman, Anton sera aussi présent dans le dénouement, un dénouement qui vous surprendra.
J’ai suivi avec curiosité et intérêt toutes les intrigues qui s'entrelacent et interfèrent entre elles, je me suis attachée aux personnages, appréciant la dimension mystique et irrationnelle qui hante par moments le récit, incarnée notamment par des « guérisseurs d'âmes » « comme il en naît parfois durant les temps troublés » auprès des dirigeants.
Un roman dense, riche, à portée sociopolitique, inspiré de l'expérience d'Olivier Rogez, journaliste à Moscou dans les années 90.
Explorateurs de la rentrée . Avis à la page 100
Automne 1989 . Anton, 20 ans, étouffe dans sa ville interdite, perdue dans la Sibérie . Il pressent, grâce à l'un des rêves prémonitoires qui lui sont familiers, que la Russie est sur le point de se redresser et qu'il lui faut partir à Moscou . Son oncle Iouri, personnage influent proche du KGB va l'y accueillir. Lorsque Anton arrive, le mur de Berlin vient de tomber. L'URSS est alors à l'aube d'un bouleversement .
A ce stade de la page 100, je m'attends à un roman dense et enrichissant à portée politique mais aussi à un roman d'apprentissage . On en a le schéma classique : le jeune homme qui quitte les lieux de son enfance, « monte » dans la capitale dont il découvre la vie, guidé par un mentor qui l'introduit dans la société et le protège.
Quelque chose m'interroge cependant : l'accent mis à plusieurs reprises sur les visions fantasmagoriques d'Anton. Comment l'irrationnel peut-il trouver sa place dans la suite du récit qui, je l'imagine, se trouvera fortement ancré dans la réalité sociopolitique du pays, consécutive à la chute du rideau de fer ?
AVIS CLUB DES EXPLORATEURS 2019
Cette histoire basée sur des faits historiques terribles, nous emmène dans les derniers moments de l’URSS, où s’affrontent Mikhaïl Serguevitch Gorbatchev, leader de la pérestroïka qui s’achève, et Boris Nikolaïevitch Eltsine alors député au parlement soviétique, d’où il prend la tête de l'opposition démocratique.
Pour nous conduire au travers de l'histoire, Olivier Rogez choisit deux personnages principaux, Anton, jeune homme de vingt ans qui rêve de quitter sa ville de Tomsk7 pour vivre à Moscou et, il en est persuadé, jouer un rôle dans les grands changements politiques de la Russie dont il rêve chaque nuit.
Son père Dimitri Stepanovitch fera intervenir son frère jumeau Iouri, membre du KGB, pour que son fils puisse s'installer dans la capitale. Nous suivons ce personnage, tourmenté par la métamorphose de la Russie, partagé entre des sentiments contradictoires :" la patrie, ma patrie, notre patrie ! On a beau décliner les articles, on a beau y ajouter un possessif, on a toujours l'impression que c'est elle qui nous possède, elle qui exige, elle qui réclame depuis tant de siècles ». Il essaie de se convaincre qu'un avenir meilleur attend son pays, pendant qu’Anton rameute les foules en se laissant porter par ses rêves :" Ce que dit Anton n'est pourtant pas compliqué. Il explique que la vie ne se limite pas à l'obéissance, qu'une société ne peut fonctionner sans le consentement de la majorité, que l'homme est sur Terre pour enchanter le monde et non le détruire".
De nombreux personnages se rencontrent, se croisent, on entend les voix de chacun mais ce sont les mots de Iouri, l'officier du KGB partagé entre son patriotisme et son désir de liberté, qui nous poursuivent. Nous avançons dans cette Russie en plein chaos, affamée, à la rage bouillonnante, sans trop savoir ce qu'il en sortira de bon.
Pourtant j'ai senti un vide en moi quand j'ai refermé ce livre, j'aurais aimé en savoir davantage sur les "mystères" de Tomsk7. Cette étrange forêt et sa ville malade qui n’existent sur aucune carte, sont prisonnières d’un cercle magique. Peut-être que j’espérais que les personnages aux pouvoirs paranormaux prennent plus de place.
De Tomsk7, ville étrange, à la Russie de la pérestroïka, le contraste est un peu rude et manque de transitions ou de liens. Est-ce que l’auteur a voulu transformer un document journalistique en roman ? En dehors de Iouri, l’officier du KGB qui nous conduit au travers de l’histoire, certains personnages m’ont semblé inutiles car ils distraient de la trame de l’histoire, c’est à dire la chute de la pérestroïka, sans y apporter quoique ce soit de nouveau.
J’ai apprécié de connaître davantage cette partie de l’histoire de la Russie au moment de la prise de pouvoir de Boris Eltsine, mais l’intérêt de ce témoignage n’était-il pas de mettre en avant la réalité historique et non d’étoffer l’histoire de personnages dont on ne saura pas s’ils ont même existé ? Je n’ai pas non plus compris pourquoi l’auteur éveille la curiosité du lecteur en racontant un peu de la vie à Tomsk 7, pour ne plus nous en parler tout au long du livre.
1989. On embarque pour la Sibérie puis pour Moscou. Autant dire que je suis comblée tant ces destinations font rêver. On fait la connaissance de deux personnages : Anton, vingt ans, qui quitte sa Sibérie perdue pour la ferveur de Moscou. Il a une particularité, il fait des rêves prémonitoires inquiétants. Il habitera chez Iouri, son oncle, haut responsable au sein du KGB qui lui fera découvrir l'animation de Moscou.
On suit tout du long le destin de ces deux hommes embringués dans l’Histoire avec un grand H : la chute du monde soviétique et la montée du capitalisme par l’affrontement entre Gorbatchev, Boris Eltsine et d’autres membres du parti. Une grande fresque russe, dont on sort haletant, car oui il faut s’accrocher. Dès les premières pages, on plonge à l'intérieur du pouvoir soviétique alors que l'URSS est sur le point de s'effondrer. C'est donc un monde politisé, bouillonnant, plein de trahisons et de faux-semblants dans lequel on atterrit. Entre les différents noms, statuts et rôles de chacun, on se perd parfois. On devine, dans la plume de l’auteur, les fonctions de journaliste qu’il a exercées : c’est précis, détaillé mais parfois trop dense, très politique, très lourd et il faut s'accrocher. Ne pas louper une phrase sous peine de n'y rien comprendre.
Anton va jouer un grand rôle dans cette Russie, devenant porteur d’idéaux d’une jeunesse russe désabusée et espérant un renouveau. Ce personnage apparait comme effacé par son oncle qui joue un rôle politique à cette époque. Anton, on le voit très peu, pour parler de ses rêves clairvoyants, de son histoire amoureuse et enfin de son rôle de propagateur d’une pensée. Dommage, car il est intéressant. Le roman d’apprentissage du jeune homme guidé par son oncle dans la capitale, tourne donc court.
La grande histoire, on la suit à travers les yeux et les actes de Iouri, un homme qui voit son monde s’effriter, évoluer. C’est le déclin et la dégénérescence d’un monde qu’on nous offre à lire, qui passe par la révolution, la lutte contre ceux qui s’octroient le pouvoir.
Une belle fresque prenante qui incite à réfléchir mais qui étouffe par ses situations et ses détails oppressants et compacts.
Avis de la page 100 - Explolecteurs
1989. On embarque pour la Sibérie puis pour Moscou. Autant dire que je suis comblée tant ces destinations font rêver. On fait la connaissance de deux personnages : Anton, vingt ans, qui quitte sa Sibérie perdue pour la ferveur de Moscou. Il a une particularité, il fait des rêves prémonitoires inquiétants. Il habitera chez Iouri, son oncle, haut responsable au sein du KGB qui lui fera découvrir l'animation de Moscou. On plonge à l'intérieur du pouvoir soviétique alors que l'URSS est sur le point de s'effondrer.
C'est donc un monde politisé, bouillonnant, plein de trahisons et de faux-semblants dans lequel on atterrit.
Le roman est dense, très politique, prenant mais parfois très lourd et il faut s'accrocher. Ne pas louper une phrase sous peine de n'y rien comprendre. J'attends de voir.
Merci Laëti K pour votre commentaire . Je suis de votre avis c'est un roman riche d'informations et il faut"s'accrocher " .Belle lecture
( Modeste avis d'un explorateur de la rentrée littéraire 2019)
Le roman se termine par le coup d’État du 19 août 1991 réalisé en Union soviétique par un groupe de tenants de la ligne « dure » au sein du Parti communiste de l’Union soviétique. Considérant que le programme de réforme de Gorbatchev était allé trop loin, les putschistes déposèrent brièvement le dirigeant Mikhaïl Gorbatchev et tentèrent de prendre le contrôle du pays.
Dans ce récit, Olivier Rogez nous restitue les quelques mois qui précèdent ce coup d’État à travers quatre personnages principaux : Anton, 20 ans, qui vient à Moscou pour étudier ; Iouri son oncle, haut dignitaire du KGB ; Aliona une voyante officielle qui sait sonder le cœur des hommes, discerner leurs doutes, leurs errements ; Helena une peintre méconnue qui espère lancer sa carrière.
Ce roman parfaitement documenté nous fait revivre jour après jour, et parfois heure par heure, cette lutte sournoise et souterraine entre Gorbatchev, secrétaire général du Parti communiste de l’Union, aux manettes d’une perestroïka qui affaiblit le bloc communiste, et Boris Eltsine un député ivrogne devenu président de la Russie, qui dénonce la corruption et l’absence de moralité des dirigeants, utilisant le mécontentement du peuple pour essayer de prendre le pouvoir.
J’ai apprécié la qualité narrative de l’écriture qui nous donne vraiment l’impression de participer aux évènements. Nous pénétrons à l’intérieur du KGB, le plus grand broyeur de citoyens soviétiques, au cœur des luttes d’influence, du pouvoir sans limites de ces hommes de l’institution la plus honnie par tous les Soviétiques.
L’auteur dresse un portrait sans concession de l’état du communisme, la corruption, les immeubles gris sans âme, les gens qui ont faim et qui payent 4 fois le prix au marché noir des denrées qui ont disparu des magasins d’état. Un pays où il n’y a aucune différence entre honnêteté et malhonnêteté, tout est question de point de vue, où les organisations maffieuses et les dirigeants se mélangent. Un pays où la veuve d’une sommité médicale croupit dans l’indigence. Un pays où chacun est sur écoute.
« Les dix millions d’habitants de la capitale du monde communiste ne sont donc pas dans ces rues étouffantes, ils sont réfugiés dans les interminables barres d’immeubles qui dessinent un urbanisme aussi désespérant qu’un matin de novembre. Ils se rassemblent dans les cuisines des appartements, devenus les seuls endroits du pays où l’on respire librement, où l’on peut se retrouver, en famille, entre amis, en jurant sur le diable qu’il n’y a ni micro ni surveillance. La cuisine est la Suisse du Soviétique, un terrain neutre où il est possible de critiquer librement et de parler avec franchise. »
C’est sans aucun doute dans ces dernières pages que s’exprime le mieux tout le talent de l’auteur, comme Victor Hugo dans les Misérables et son personnage de Gavroche du haut de sa barricade, le jeune Anton qui cherche un sens à sa vie est le symbole de toute cette jeunesse qui rêve de liberté nouvelle, de ce bouillonnement. Symbole d’un peuple qui va se rassembler dans les rues pour sauver la démocratie quand les chars entrent dans Moscou ce 19 août 1991.
Le roman d’Olivier Rogez mêle donc avec bonheur des faits historiques avec le récit de Moscovites qui vont participer activement à ces évènements pour ne pas être victimes de l’effondrement du bloc soviétique.
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