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« Quand j'évoque mon père devant ses proches, bientôt trente ans après sa mort, ils sourient toujours, un sourire reconnaissant pour sa générosité. Il répétait, il ne faut laisser que des bons souvenirs. Il disait aussi, on ne parle pas des choses qui fâchent. À le voir vivre, on ne pouvait rien deviner des guerres qu'il avait traversées. J'ai découvert ce qu'il cachait, la violence, l'exil, les destructions et la honte, j'ai compris que sa manière d'être était un état de survie et de résistance.
Quand je regarde cette photo en couverture de ce livre, moi à l'âge de deux ans sur les épaules de mon père, je vois l'arrogance de mon regard d'enfant, son amour était immortel. Sa mort à la sortie de l'adolescence m'a laissée dans un état de grande solitude. En écrivant, en enquêtant dans les archives, pour comprendre ce que mon père fuyait, je me suis avouée, pour la première fois, que nous n'étions pas coupables de nos errances en tout genre et que, peut-être, je pouvais accepter d'être aimée. »
Colombe Schneck revient sur le passé de son père lié à la guerre d'Algérie. Un livre touchant et accessible. Coup de coeur.
Colombe a eu un père solaire, gai, enthousiaste.
Des années après sa mort elle entreprend de raconter sa vie, car derrière le rayonnement dont il l'a entourée, elle a senti une angoisse profonde, un sentiment illégitimité qui a profondément marqué cet être d'exception.
Elle veut savoir, comprendre pourquoi elle craint tant d'être aimée et d'aimer.
Ce retour sur l'histoire profonde de ce père chéri va certainement l'aider à s'accepter enfin.
Un magnifique éloge de ce père exceptionnel.
Faire le deuil de son père en allant à la recherche de son passé, et comprendre qui fut cet homme aux multiples fêlures : voilà ce que Colombe Schneck entreprend avec ce livre cathartique. « La littérature nous a sauvés et nous a aussi protégés de ceux qui jugent sans comprendre. »
Veritable hommage à son père disparu trop tôt, ce récit intime, construit telle une enquête, nous emmène à travers les non dits familiaux et les archives de différents services publics, dans ce que fut le destin de milliers d’immigrés juifs d’Europe de l’Est. Famille atypique qui passa à travers les rafles de la Gestapo ou de la Police française grâce à la générosité de certains français (le zèle des autres n’en est pas occulté pour autant).
Gilbert taira toute sa vie sa jeunesse, celle de l’occupation et surtout celle de la guerre d’Algérie, où devenu jeune médecin, il tentera de soigner les corps et les armes des hommes et femmes torturés par l’armée française. Celui qui « avait survécu aux destructions et aux rafles, aux morts injustes et à la torture, aux terreurs, à l’humiliation et à la peur, à la honte, à l’exil, à la perte encore ; il avait été confronté, enfant, adolescent, jeune homme, à la violence et l’inhumanité. »
Cet homme devenu ce père aimant et généreux, mais chantre de l’infidélité marqua tant sa fille, qu’il ne fallut pas moins d’un quart de siècle pour que l’autrice se débarrasse de l’image masculine familiale et accepte d’être aimée différemment par un homme. "Vingt-cinq ans pour l'accepter, il est mort, il ne reviendra pas, je peux enfin le pleurer et recommencer à vivre entièrement. »
L’histoire de cette famille est intéressante, parfois émouvante mais l’énorme travail de recherche ainsi restitué nous noie de temps en temps dans des détails et des redondances inutiles. Dommage !
J'ai aimé...un peu. La lecture est facile et le thème familiale génère beaucoup d'émotions.
Un roman puissant et personnel où Colombe Schneck rend hommage à son père.
Un récit très intéressant, pour tout ce que l’on y apprend.
A quand votre prochain livre Colombe Schneck?
Il y a un peu de La promesse de l'aube de Romain Gary dans ce roman !
L'auteur nous raconte l'histoire de son père, et à travers lui, elle nous raconte l'Histoire d'une communauté, l'Histoire d'un pays. Pour nous parler de lui, elle tente de le faire avec précision, et pour cela, elle va mener une enquête minutieuse. Abattre un travail de recherche et de lecture titanesque, notamment avec tous les supports d'archives qui lui sont accessibles. Avec ses recherches elle tente de recomposer le parcours de son père, pour le saisir et pourquoi pas le comprendre. Revenir à la source pour expliquer sa personnalité, ses choix et ses travers.
Enfin "travers", il faut le dire vite ! Elle dresse le portrait d'un homme profondément positif et optimiste. Un homme qui a connu l'exil vers la France en étant petit, enfant il a survécu à la Seconde Guerre mondiale, adolescent à une honte injuste et à peine adulte à la barbarie de la guerre d'Algérie. Abîmé par la vie, il s'est bricolé un masque souriant. Il n'en était pas moins un homme généreux, aimant, qui avait pour devise de ne jamais parler des choses qui fâchent. J'ai découvert en la personne de Gilbert Schneck, un homme inspirant !
« Il avait survécu aux destructions et aux rafles, aux morts injustes et à la torture, aux terreurs, à l’humiliation et à la peur, à la honte, à l’exil, à la perte encore ; il avait été confronté, enfant, adolescent, jeune homme, à la violence et l’inhumanité. » Ces quelques mots donnent le ton de la quête menée par Colombe Schneck , partie à la recherche de son père, mort trop jeune et dont la vie a été marquée par tant de traumatismes.
Les guerres de mon père me rappelle un peu la façon dont Philippe Jaenada mène ses enquêtes avec ces rencontres réussies ou non, ces recherches dans les archives, ces questions posées pas toujours résolues et ce souci du détail si important quand on est sur les traces d’un passé qui s’enfuit trop vite.
Ce travail, détaillé avec talent, ne fut pas simple car Pierre, son oncle, ne mit pas beaucoup d’enthousiasme pour l’aider. Petit frère de sa mère, il avait présenté Catherine à son ami Gilbert qui en était tombé aussitôt amoureux. Or, Gilbert était déjà marié à Hélène, sa sœur... Avec elle, ils avaient deux enfants, un garçon et une fille qui venait de naître : Colombe Schneck.
Pour mieux connaître ce père « amoureux de plusieurs filles en même temps, refusant de choisir », sa fille remonte dans le passé de la famille, grands-parents paternels et maternels. Elle note : « Le passé de Gilbert, avant la guerre, avant sa naissance, était déjà lourd de destructions et de fantômes.»
Majer Schneck, le grand-père, né en 1902, en Galicie, aujourd’hui en Pologne, déjà obsédé par les filles, a vécu les mesures contre les magasins juifs, les pillages, les meurtres, les viols, en 1918 et 1919. Ses parents, tués parce qu’ils sont juifs laissent Majer seul. Il a 16 ans et fuit. En 1920, il est en France, à Strasbourg mais continue à parcourir l’Europe comme voyageur de commerce.
Ce passé, bouleversé par la haine, se poursuit en France où le calme enfin trouvé ne dure pas. Les nazis qui n’ont rien inventé en matière d’antisémitisme, pousseront cette horreur au paroxysme, trouvant chez nous bien trop d’échos favorables.
Colombe Schneck, journaliste que j’aimais écouter sur France Inter, ne suit pas un parcours linéaire. Elle fait des retours en arrière, se projette dans le présent, parle de sa vie à elle, puis revient avec son père mettant en valeur les gens qui l’ont sauvé durant l’occupation allemande.
Elle souligne aussi l’ignominie commise par ces hauts fonctionnaires faisant du zèle pour fournir des listes aux nazis, se réfugiant lâchement derrière l’obéissance aux ordres. Il n’y a pas eu beaucoup de Jean Moulin.
Puis il y a la guerre d’Algérie où il soigne et découvre la torture. Ensuite, à Paris, une vie familiale coupée en deux et ce constat : « La littérature nous a sauvés et nous a aussi protégés de ceux qui jugent sans comprendre. » Enfin, Colombe Schneck avoue : « Il y a très peu de temps, j’ai accepté qu’il était mortel, faillible et infidèle. »
Chronique illustrée à retrouver sur : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
Très beau livre. Cette auteure a une plume remarquable.
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