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Fondé sur un fait divers fameux de l'histoire américaine, ce roman retrace le parcours croisé de deux frères de la bonne bourgeoisie new-yorkaise, Seymour et Randall Holt, le violent et le tendre, de leur enfance dorée à une jeunesse aventureuse qui les mène jusqu'en Italie du Nord et à Vienne. Périple qui s'interrompt prématurément et débouche sur une réunion forcée derrière les portes de la maison de famille, peu à peu transformée en cénotaphe hitchcockien. Dans ce lieu sombre et magique, véritable protagoniste du livre, s'accumulent de vieux pianos, des liasses de billets de banque, emblèmes dévalués d'une fortune jamais mise à profit, d'innombrables piles de vieux journaux, amassés dans l'attente d'une hypothétique lecture et qui finissent par occuper une pièce après l'autre, forçant les occupants dans un minuscule et terrifiant réduit, avant de décider de leur sort.
PAL - pavé (2). Ceux qui m’ont recommandé avec insistance « Les frères Holt » avaient dans les yeux la même étincelle que ceux qui m’ont, un jour, supplié de découvrir des livres hors-catégorie de la littérature anglo-saxonne tels que « La conjuration des imbéciles », « Le chardonneret », « Pilgrim », « L’homme dé », « Shantaram » ou « Karoo ». Ça vous situe le bouquin.
Ce livre n’est pas, à proprement parler, un thriller basé sur le suspense et pourtant, tout au long de ces 500 pages, on se demande ce qui a conduit les frères Holt à s’enterrer vivant dans leur manoir ? Ce livre n’est pas un « page turner » sentimental et pourtant, la cruelle histoire d’amour de Randall et Renata est, jusqu’à son dénouement, irrésistible. Ce livre n’est pas un roman d’apprentissage (Bildungsroman) et pourtant, l’éducation puis le destin des frères Holt en constitue la colonne vertébrale. Ce livre n’est pas un journal intime et pourtant, on a l’étourdissante impression d’être dans la tête des protagonistes, de leur tenir la main. Ce roman n’est pas un livre à charge contre la gent féminine et pourtant, les femmes y sont porteuses du malheur. Mais parce que Marcia Davenport est une auteure, on ne pourra lui prêter de mauvaises intentions.
C’est un roman envoûtant qui vous fait oublier les heures, ce qui ne manque pas d’intérêt, dans le contexte d’une quarantaine prolongée. À l’heure du confinement, il est passionnant et troublant de se plonger dans un roman dont le méchant, personnage central, n‘est autre que la maison, cage dorée, toile d’araignée, piège complice du temps et des illusions.
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