Les trésors de la rentrée littéraire dénichés par les lecteurs
Après la mort de son père, Minga apprend que sa mère, Joséphine, a disparu dans des circonstances mystérieuse en Afrique de l'Est, où elle travaillait pour une ONG. Pour tenter d'en savoir plus, elle se rend dans le camp de Bidibidi, au nord de l'Ouganda, où vivent les populations fuyant la guerre civile qui fait rage au Soudan du Sud. Elle découvre que tout tourne autour d'une femme : Rose, dont la mémoire hante chaque recoin du camp. Si elle veut savoir le fin mot de l'histoire, Minga doit trouver Rose.
Avec Les Femmes de Bidibidi, Charline Effah raconte comment les survivantes des violences domestiques ou des viols de guerre tentent de se reconstruire et réinventent l'amour loin de la brutalité des hommes qui les ont mal aimées. Brisant les tabous, elle nous livre un roman bouleversant et universel sur le corps des femmes. Le roman de la réparation.
Charline Effah est née au Gabon. Aujourd'hui à Paris, cheffe d'entreprise le jour, elle écrit la nuit. Pour Les Femmes de Bidibidi, Charline s'est rendue sur place au nord de l'Ouganda.
Les trésors de la rentrée littéraire dénichés par les lecteurs
Minga, la narratrice, a 8 ans, quand sa mère fuit le domicile conjugal pour ne pas mourir sous les coups de son mari, pour ne pas mourir de désespoir; elle ne la reverra plus. Minga a soutenu sa mère lors de sa fuite et ne lui en a jamais voulu. quarante ans après, à la mort de son père, elle trouve des lettres de sa mère qui lui sont adressées et que son père a cachées. Elle part en Ouganda, dans le camp de Bidibidi, là où travaillait comme infirmière pour une ONG et où elle a disparu pour tenter de comprendre et de donner un sens à ces quarante ans d'absence.
Ce roman est centré autour de trois personnages féminins, très différentes les unes des autres mais dont les points communs sont les rêves fracassés et les corps détruits : Véronika, Jane et Rose mais qui espère encore un avenir meilleur. Véronika, vit dans le camp depuis sa création en 2016, avec son mari et ses deux fils; elle ne supporte plus son corps vieillissant, ménopausé, sans désir mais qui la protège de l'avidité des hommes. Jane a vendu le sien pour quelques pièces pour partir à la recherche de son fils dont elle a perdu la trace après un bombardement. Rose a vu les siens massacrés lors de la guerre civile, elle a été violée et a dû prendre une décision dramatique qui l'a détruite.
Le camp de Bidibidi existe réellement, l'auteure s'y est d'ailleurs rendue; il se situe au nord de l'Ouganda, à quelques kilomètres de la frontière du Sud Soudan; il a été crée en 2016 pour accueillir les réfugiés qui fuyaient la guerre civile après avoir survécu à la guerre d'indépendance. Il compte environ 300 000 personnes dont environ 70% sont des femmes et des enfants. Même si le roman nous donne à voir l'organisation sociale du camp avec sa violence, ses tensions, sa misère, ce n'est pas le propos principal.
Ce roman est un hommage à toutes les femmes qui subissent des violences, qu'elles soient dans l'intimité du couple ou de la famille ou lors des guerres dont elles sont les premières victimes, saccager le corps des femmes, c'est saccager un peuple, l'avilir. Hommage au courage, à la résilience de celles qui se relèvent, qui se battent pour se reconstruire. Hommage à la sororité de celles qui partagent le même sort et trouvent réconfort entre elles.
C'est un roman poignant, fort dont l'auteure rejoint ces écrivaines africaines comme Mariama Bâ, Hemley Boum ou Djaïli Amadou Amal, entre autres, qui savent si bien nous faire prendre conscience de la réalité des femmes africaines. Qu'elles en soient remerciées.
Une fois commencé ce livre, impossible de le lâcher. Les personnages sont tellement touchants et le mystère plane jusqu’aux dernières pages. On a envie de connaître l’histoire de Minga et surtout de sa mère, Joséphine liée au destin tragique de Rose.
Le roman s’ouvre à Paris. Minga est petite. On découvre le quotidien de ses parents, Emile et Joséphine Meyer, partis du Gabon pour la France. Emile est un artiste déchu et un mari violent. Il vit dans les traditions basées sur le patriarcat et ne comprend pas le désir de liberté de sa femme. Joséphine ne supporte plus les coups et s’enfuit, laissant sa fille avec son mari. A la mort d’Emile, Minga part à la recherche de sa mère, pour comprendre qui elle est et avancer dans sa vie. Elle entreprend alors le voyage de Paris vers le camp de Bidibidi au nord de l’Ouganda, où sa mère a été infirmière. Elle y aidait des femmes comme Jane, Veronika et Rose. Des femmes ayant fui les guerres civiles et les violences des hommes. Toutes sont marquées à vie, dans leur corps et leur esprit, et essayent de se reconstruire dans ce camp. Minga rencontre Jane et Veronika au sein du camp. Elle découvre leur histoire et celle de Rose liée à celle de sa mère. Le récit n’est pas linéaire. Il est parfois entrecoupé de lettres qui apportent une respiration dans la narration.
Le lecteur est embarqué dans la quête de Minga, dans l’histoire du Soudan qu’on méconnaît et dans les vies de ces femmes résilientes. Tout n’est pas noir, au contraire, il s’agit d’un roman lumineux. Les femmes font preuve d’un courage et d’une force pour aller de l’avant. Elles ont toute un rêve ou un objectif. Une belle leçon d’optimisme !
L’écriture est fluide et belle. Charline Effah réussit à écrire sur les silences et les non-dits. Une phrase introductive annonce qu’il s’agit d’une œuvre de fiction. L’autrice s’est rendue au camp de Bidibidi, quelques heures, pour le visiter. Les lieux sont réels mais tout le reste est inventé. Pas de manichéisme dans ce livre, chaque personnage a ses fêlures. A travers ce roman, on comprend malheureusement que les violences conjugales sont un thème universel, que l’on soit en France ou en Afrique.
J’ai pensé aux romans de Djaïli Amadou Amal publiés également aux éditions Emmanuelle Collas avec ces portraits de femmes violentées dans une autre partie de l’Afrique.
Un roman engagé et puissant que je vous recommande, un coup de cœur !
Merci Emmanuelle Collas et VLEEL pour cette lecture
Si ce récit est une œuvre de fiction, le camp de Bidibidi est bien une réalité. Deuxième plus grand camp de réfugiés au monde, il se situe en Ouganda et accueille les réfugiés victimes des guerres tribales au Soudan.
Véritable ville de plus de 200 000 habitants, il y règne la misère, et une menace permanente pour les femmes qui arrivent déjà souvent meurtries dans leur corps sur le chemin de l’exil.
C’est dans ce camp que Minga, française, la cinquantaine, se rend un jour pour tenter de retrouver enfin la trace de sa mère. Cette mère qui une nuit a quitté le domicile familial parisien lasse de prendre coup sur coup de la part de son mari et bien décidée à exercer son métier d’infirmière loin de cet homme violent. Minga n’a alors que 8 ans.
Charline Effah dit la violence faite aux femmes par des hommes qui les considèrent encore comme leur propriété au 21ème siècle ou comme des trophées de guerre. Elle met sur les maux de ces femmes, les vrais mots dans toute leur simplicité et leur horreur. Et c’est insupportable.
Mais elle raconte aussi comment ensemble elles parviennent à se reconstruire, tout doucement.
Minga va au devant de ces femmes avec maladresse et gêne, les écoutent, et comprend par bribes et par le biais de lettres qui fut cette mère absente.
Son histoire personnelle et celles de ces femmes du camp s’entrecroisent, se percutent dans un témoignage bouleversant. A lire absolument !
Parce qu’elles connaissent leurs faiblesses, qu’elles se savent vulnérables dans un monde où l’homme a tous les pouvoirs, parce qu’elles savent ce qu’est souffrir dans son corps et dans son âme, les femmes humiliées, battues, violées se reconnaissent au premier regard.
Joséphine, venue du Gabon, a eu le malheur d’épouser un homme alcoolique et violent, et il lui a fallu beaucoup de force pour décider de quitter son appartement du 18ème arrondissement pour lui échapper, abandonnant sa fille de 8 ans Minga, qui raconte aujourd’hui son histoire.
Retrouvant, à la mort de son père, des lettres qui lui étaient destinées, Minga décide de suivre le parcours de sa mère qui, en disparaissant il y a 40 ans, a repris son métier d’infirmière dans l’humanitaire au sein d’une ONG.
Et c’est dans l’immense camp de réfugiés de Bidibidi en Ouganda qu’elle retrouve sa trace, croisant la route de nombreuses femmes malmenées qui ont, pour la plupart, fui les massacres ethniques de la guerre civile du Soudan du Sud.
Ce roman déchirant est un plaidoyer pour toutes ces femmes « pleines d’échardes ». Il nous parle de leur force de caractère, de leur capacité de résilience et du feu de la haine qui brûle en elles. Et comme Joséphine a pansé ses plaies en aidant les autres, Rose, Jeanne et Veronika, trois femmes du Village 10, vont puiser dans la solidarité féminine, l’énergie qui leur permettra de survivre.
Charline Effah nous plonge dans leur douleur et nous fait partager leurs combats quotidiens, en commençant par le simple droit d’exister en tant qu’êtres humains à part entière et non comme de simples objets appartenant aux hommes.
Chaque jour, dans le monde, la domination masculine fait souffrir les femmes et chaque jour de nouveaux féminicides viennent entacher nos sociétés. Lire et faire lire Les femmes de Bidibidi c’est mesurer la dimension universelle de cette catastrophe humaine et humanitaire pour ne plus accepter l’inacceptable.
COUP DE COEUR
Après la mort de son père, Minga fait une découverte bouleversante : sa mère, Joséphine, a mystérieusement disparu en Afrique, où elle travaillait pour une ONG.
Désireuse d'en apprendre davantage, Minga se rend dans le camp de Bidibidi, au nord de l'Ouganda, où se réfugient ceux qui fuient la guerre civile au Soudan du Sud.
Très vite, Minga réalise que tout tourne autour d'une femme nommée Rose, dont l'empreinte continue de hanter les lieux. Si Minga veut découvrir la vérité, elle doit retrouver Rose.
Charline Effah relate le parcours de vie de femmes qui ont survécu à des violences domestiques et des viols commis pendant la guerre.
Elles s'efforcent de se reconstruire, loin de la cruauté des hommes qui les ont détruites.
Les histoires de Joséphine, Rose et Jane, trois femmes brisées, abusées, humiliées, résonneront longtemps dans nos esprits.
L'auteure brise les tabous et offre un récit poignant et universel sur le corps des femmes.
Charline Effah dépeint avec une incroyable et admirable sensibilité, sur la condition des femmes.
Son récit est d'une justesse et d'une puissance saisissante.
Son écriture, empreinte d'une émotion intense, délivre une vérité percutante qui peut parfois nous faire souffrir mais qui reste essentielle à connaître.
Une lecture qui permet aussi de donner la voix à ces femmes, pour ne jamais les oublier.
Il rend hommage à toutes les femmes victimes de violences masculines, à celles qui ont traversé l'horreur et la guerre, à celles qui se sont battues pour survivre, ainsi qu'à celles qui ont soutenu leurs "sœurs" malgré leurs propres souffrances.
Ce roman est un coup de poing qui touche en plein cœur.
C'est un texte qu'il est essentiel de lire, une lecture qui nous fait réfléchir et nous remue profondément.
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Minga a fait ce que peu serait capable de faire à huit ans : elle a aidé sa mère à quitter le domicile conjugal. Elle lui a rassemblé ses affaires, l’a aidé à se changer, lui a même donné ses maigres économies.
Pour qu’elle puisse fuir la violence de son père, ses coups, ses humiliations.
Minga avait huit ans et n’a jamais revu sa mère.
Lorsque son père meurt, Minga n’est plus une petite fille mais une femme de 48 ans. Dans les affaires du défunt, elle va retrouver des lettres écrites par sa mère et que son père lui a toujours caché.
Des courriers qui vont l’emmener vers le camps de réfugiés de Bidibidi en Ouganda. Un camp qui accueille des personnes ayant fui les massacres au Soudan du Sud.
Des femmes surtout, victimes de la guerre, victimes surtout des hommes qui ne voient en elles que des corps à dominer.
Ce roman de Charline Effah place au cœur du récit les souffrances infligées aux femmes dans l’enfer de la guerre mais également dans l’enfer de leur foyer.
Mais surtout, ce roman traite de leur capacité à se relever. À mettre de côté la douleur et les souvenirs pour avancer, malgré tout.
De la sororité qui permet, non pas de panser certaines plaies, il est des blessures que l’on ne peut soigner, mais de les apaiser.
Ce récit nous montre les conséquences de ces béances créés à l’âme, des silences et des cycles de violence qui semblent se répéter inlassablement. Violence commises par les ennemis comme par les proches. Qu’ils soient d’ici ou d’ailleurs.
Un roman fort sur la condition des femmes.
Minga, narratrice d’une quarantaine d’années, nous raconte ses parents, son père violent et alcoolique, sa mère partie pour fuir son bourreau et éviter le pire, abandonnant son foyer pour survivre. A la mort de son père Emile, Minga trouve des lettres de sa mère Joséphine, découvre qu’elle était en Afrique, œuvrant pour une ONG dans le camp de réfugié(e)s de Bidibidi, au nord de l’Ouganda. Elle décide de partir à son tour dans cet endroit à la recherche d’informations sur cette mère absente et inconnue. Là-bas elle va s’exposer à la misère des camps, sera confrontée au quotidien des femmes violentées aux corps souillés par les hommes et la guerre, des victimes ayant toutes une histoire différente mais des sévices comparables.
En voulant en savoir plus sur sa mère et une certaine Rose Akech intimement liée à son histoire, elle va rencontrer des femmes extraordinaires, avec des fêlures et des blessures qui les rendent muettes, démunies face à l’adversité, mais fortes de l’intérieur même si brisées corporellement. Elle apprendra et comprendra sa mère, sa quête, son dévouement à ces femmes battues dont elle se sentait si proche de par son passé avec Emile.
Les hommes présentés dans ce livre sont lâches, faibles, alcooliques, misogynes, désagréables, brutaux, violeurs, bourreaux. Ils font face à des femmes serviles mais fortes, impuissantes, violées mais libres dans leurs têtes, courageuses, tenaces, dévouées, malheureuses mais aimantes, en grande souffrance mais résilientes.
Ce roman m’a fait penser à l’excellent livre de Denis Mukwege « la force des femmes » (à lire absolument) sur les femmes victimes de sévices sexuels en République démocratique du Congo, dans une région où le viol collectif est considéré comme une arme de guerre. Deux livres comparables dans leur approche du droit des femmes bafoué en Afrique, des violences faites aux femmes en toute impunité, aux yeux du monde entier, leur reconstruction possible via la médecine, la remise sur pieds tant physique que mentale. Que peuvent devenir les survivants de guerre réfugiés dans des camps ?
Un livre nécessaire, un premier roman bouleversant, d’une force extraordinaire, superbement bien écrit, qui nous informe sur une réalité hélas encore existante de nos jours. On ne reste pas insensible à cette histoire, car nous sommes tous concernés. J’espère que ce roman trouvera son public, il est méritant, je le conseille à tous, hommes et femmes.
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Merci pour cette chronique Calimero . Je suis touchée par la description que vous faites de tous ces personnages , tous atteints dans leur coeur et leur chair . Belles lectures . Prenez soin de vous