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« Faut dire, au début, j'étais con. Je savais pas. On s'imagine pas le temps qu'il faut pour savoir. Maintenant, des années après, je sais. Remarquez, ça change rien, je suis toujours con. Mais je sais ». Jean-Pierre Hutin la voulait sa guerre. « L'Indochine loupée à deux ans près », l'Algérie lui offre sa chance : en 1958, à 18 ans, il s'engage au 3e Régiment de Parachutistes Coloniaux en Algérie. Une sacrée chance, une drôle de chance, pour une drôle de guerre. Mais « une vraie », une comme il avait rêvé d'en faire, avec ses yeux d 'enfant, ses yeux « innocents », ses yeux de « jeune con ». Vite décillés : « Pas gardé longtemps mes yeux pisseux ». Jean-Pierre Hutin découvre la réalité de la guerre. Il constate aussi qu'il y en a plusieurs. Il y a celle que l'on chante au Parlement, au gouvernement, sur l'air de « armons-nous et partez ! ». Celle qui fait frissonner les civils, les « Dupont-Ducon », et pâmer leurs épouses dans les salons. Et puis celle du terrain, celle que l'on fait entre combattants, les Léopards contre « les fells, les fellouzes, les fellaghas », qui aux yeux du « jeune con » devenu un Lerois'boy, sont respectables parce que « seuls les fells combattants respiraient, souffraient, vivaient, mouraient en respirant le même air que nous ». Pendant que les autres, les planqués, les « pue de la gueule », les politiciens qui font de grandes phrases mais on le « trakzir à zéro », eux, vivent dans « leur monde de cloportes ». Jean-Pierre Hutin a fait sa guerre, puis il en est revenu, comme de beaucoup de choses. Mais il « ne regrette rien ».
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