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Le récit éphéméride des 72 journées «immortelles» de la Commune de Paris, qui a été rapporté dans le volume précédent, n'est pas la saga d'un événement habituel ou récurrent, ce n'est pas non plus l'un de ces orages coutumiers du «bivouac des révolutions» selon la belle formule de Jules Vallès, mais une brûlure historique au deuxième degré, provo- quée par un concours de circonstances tout à fait exceptionnelles. Il s'agit en réalité d'une véritable éruption volcanique de la société, consécutive au déplacement des plaques tectoniques humaines que sont les classes sociales.
Pour tenter de comprendre ce qui s'est passé, il faut d'abord faire un grand flash-back de quatre-vingt-deux ans : pour cette traversée de l'histoire, j'ai choisi de répondre à la question posée par l'abbé Sieyès : «Qu'est-ce que le Tiers-Etat ?» Puis ce seront les prémisses des « 72 Immortelles», de «l'affiche rouge» à la proclamation de la Commune à l'Hôtel-de- Ville, le 28 Mars 1871.
J'ai déjà indiqué dans son éphéméride, quelques pistes à suivre pour faire connaissance de cette «belle équipe» dont un peu plus du tiers est d'origine prolétarienne et dont la gouvernance absolument originale, est un OVNI de notre histoire.
Mettant à l'écart l' abominable légende noire créée par l'odieuse camarilla de Versailles ainsi que les diverses récupé- rations qui veulent faire de la Commune le détachement précurseur des pouvoirs d'états communistes, une nouvelle lecture des événements s'appuyant essentiellement sur les comportements et les idées des protagonistes sinon sur leurs rêves, va nous révéler une pièce sympathique et fervente même si elle est un peu foutraque, en tout cas une scénogra- phie incroyablement neuve et fascinante, dans les décombres fumants d'une autocratie.
La Commune est une grande parenthèse festive mais elle est aussi un essai de démocratie directe «en actes», un gouver- nement du peuple par le peuple et pour le peuple, bref l'esquisse d'une gestion juste et conviviale du bien public «com- mun» pour ce que devrait être une véritable république sociale universelle.
Elle se donne un pouvoir libertaire alors qu'elle est paradoxalement issue d'une structure militaire, et elle fait d'emblée, un double pari pascalien de l'émancipation et de la fraternité !
Elle nous interroge aujourd'hui, pour que nous l'observions sans oeillères et aussi pour que nous inscrivions l'exigence de son messianisme salutaire dans le cloaque capitaliste qui nous entraîne vers l'apocalypse.
Car «Le temps de cerises» n'est pas seulement celui de la nostalgie, il peut être aussi celui d'une nouvelle problématique révolutionnaire...
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