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Au départ d'un modeste journal satirique distribué à l'Académie des Beaux-Arts de Liège, les architectes Émile Parent, Edgard Klutz, Yvon Falise, Paul Fitschy et Albert Tibaux vont positionner la revue L'Equerre, publiée de 1928 à 1939, comme l'un des principaux périodiques engagés de l'architecture et de l'urbanisme belges, relayant les débats européens de l'entre-deuxguerres et devenant l'organe de diffusion officiel des CIAM (Congrès internationaux d'Architecture moderne) en Belgique.
Le périodique donne la parole aux principaux représentants du modernisme belge et international (Victor Bourgeois, Le Corbusier.). Par ailleurs, avec la collaboration étroite du poète et critique Georges Linze, les auteurs, conscients de la dimension transversale de l'architecture, ouvrent largement leurs colonnes aux expressions diverses de l'art moderne (théâtre, scuplture, peinture.). Sensible et pragmatique, la ligne éditoriale soutient le dialogue de toutes les disciplines qui peuvent apporter leur pierre à "une meilleure architecture". Des juristes, pédagogues, mandataires politiques sont ainsi invités à partager leur expérience et à nourrir la réflexion sur une architecture logique et fonctionnelle répondant aux besoins de "l'homme sain dans une ville saine". On y traite donc tant de la place de l'enfant dans la société, que de la standardisation de la construction, de la pollution atmosphérique ou d'aménagement du territoire.
La place faite à l'actualité internationale, la position de ses membres à la charge du secrétariat belge des CIAM et surtout la régularité de publication font de cette revue un acte manifeste tout à fait singulier au sein du concert de la presse belge vouée à l'architecture moderne. Il est aujourd'hui également attesté que le revue fait partie des publications les plus significatives en Europe durant cette période.
Outre la réédition des 107 numéros de la revue en facsimilés permettant au lecteur averti un regard personnel et, surtout, pérennisant une somme de connaissances, l'ouvrage, en gestation depuis 2004, est augmenté d'une perspective didactique. Une production critique aide à appréhender le contexte, les stratégies, les acteurs et les enjeux d'un mouvement dont les théories marqueront durablement les architectes de l'après-guerre. Avec comme but ultime une compréhension de cette période sensible de l'histoire au travers une revue d'architecture et la reconnaissance de l'architecture moderne en Wallonie, trop souvent méconnue.
La qualité de la recherche dirigée par Sébastien Charlier, soigneusement mise en page, illustrée de documents inédits, entièrement traduite en anglais, vise à toucher un large public : passionnés de l'histoire de Liège et de sa construction urbaine, scientifiques belges et européens, étudiants en architecture et en sciences humaines (histoire, histoire de l'art, sociologie, pédagogie, anthropologie, etc.), architectes et auteurs de projets apparentés (urbanistes, paysagistes.). En mettant en exergue dans le contexte local belge des problématiques internationales propres à la période de crises à répétition que constituent les années 1930, elle cible également un lectorat non francophone, qui dispose aujourd'hui avec ce livre de référence d'un outil complémentaire pour décoder l'histoire européenne du XXe siècle en architecture et urbanisme.
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