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Dans la bâtisse victorienne d'un magnat de l'industrie, grandit, à Lancashire, une petite fille fantasque, bercée par les contes celtiques de sa "Nanny" irlandaise, qui parle aux animaux et se rêve en cheval fougueux. Sa voie est toute tracée : five o'clock teas, loge royale à Ascot, révérences à Buckingham Palace. Mais elle n'a que faire de son haut lignage et, au grand dam de sa famille, elle veut choisir sa vie. Et ne vivre que pour l'Art Renvoyée des établissements les plus huppés, elle décide d'échapper au corset de l'aristocratie et part étudier la peinture à Paris, y rejoindre surtout un peintre allemand au regard magnétique, de vingt-six ans son aîné, qu'elle a croisé à Londres.
Elle a vingt ans et vit la bohème du Paris des années 1930 autour des bistrots de Saint-Germain-des-Prés. Ses amis s'appellent Eluard, Breton, Miró, Picasso, Dalí. Les amants terribles s'installent à Saint-Martin d'Ardèche où l'irruption du nazisme et de la guerre brise l'amour fulgurant entre la belle et son pygmalion. Il est interné au Camp des Milles et elle devient folle de douleur.
Après un épisode traumatique dans un établissement psychiatrique de l'Espagne franquiste à Santander, ses démons ne la quittent plus et alimentent sa "folie surréaliste". Déjouant la surveillance familiale, elle parvient à s'échapper et à gagner New York, puis Mexico où elle épouse un photographe hongrois apatride à qui l'on doit la sauvegarde de la fameuse "Valise mexicaine" qui fit couler tant d'encre. La magie aztèque et maya, la communion avec les animaux, le culte de la mort : elle trouve dans ce pays ardent un ancrage artistique et affectif. Elle s'y éteint en mai 2011 après quatre-vingt-quatorze ans de vitalité et de rébellion permanentes.
Ce roman, qui porte les rêves et les cauchemars du XXe siècle, n'est autre que la vie de Leonora Carrington, la "fiancée du vent" de Max Ernst, et l'épouse aimante de Chiki Weisz, qui a consacré sa vie à l'art : peinture, bien sûr, mais aussi romans et pièces de théâtre.
Pour écrire cet hymne à la liberté, à la passion, à la résistance, il fallait une autre "indomptable" : Elena Poniatowska. Les deux femmes, qui se connaissaient depuis les années 1950, partageaient quantité de traits communs : une éducation aristocratique européenne, la même patrie d'adoption, formidable terreau pour l'imaginaire, un engagement marqué contre toutes les formes d'oppression, un besoin viscéral de liberté.
Par cette approche empathique du "personnage" de Leonora, de son existence marquée par les fuites (tant géographiques que mentales) d'un esprit qui esquivait les paramètres de la normalité, Elena Poniatowska déploie l'arc-en-ciel du cercle chromatique pour affiner le portrait d'une personnalité incandescente, surréaliste par nature, comme si la plus belle de ses oeuvres d'art était sa pensée vagabonde.
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