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Souvent, les Mémoires sont intégrés à la pratique des écrits du for privé, intimes et personnels. Le présent ouvrage propose d'envisager l'écriture des mémorialistes nobles de la seconde moitié du XVIe siècle à la première moitié du XVIIIe siècle à l'aune d'une écriture de l'idéal familial. La famille permet ainsi de lire à nouveaux frais ces textes pour y voir non plus exclusivement l'expression d'un « je » singulier, mais en réalité d'un « je-nous », d'une identité qui se fait à la fois singulière et collective. Les mémorialistes de la Première Modernité, de Monluc à Saint-Simon, investissent, dans leurs ouvrages, un espace au sein duquel refonder les valeurs de la lignée noble pour affirmer une image d'eux-mêmes au sein de l'espace social et curial. À cet effet, ils fabriquent un récit familial, une légende de la maison à transmettre au gré de mythes familiaux, de généalogies, de motifs qui participent d'une « mémoire artificielle » à valeur lignagère. Les auteurs construisent une fiction de solidarité au sein d'une famille choisie, qui reconfigure les frontières de la parenté objective pour intégrer à une parenté rêvée des personnages et des collectifs que seule l'écriture des Mémoires peut instituer en membres d'une famille d'encre.
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