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Le sucre et la faim

Couverture du livre « Le sucre et la faim » de Robert Linhart aux éditions Minuit
Résumé:

Une amnistie vient d'tre promulgue au Brsil et l'ex-gouverneur de l'tat de Pernambouc, Miguel Arraes, rentre Recife en septembre 1979 aprs quinze ans d'exil. cette occasion, Robert Linhart part enquter dans les rgions sucrires du Nord-Est brsilien : comment les ouvriers agricoles ont-ils vcu... Voir plus

Une amnistie vient d'tre promulgue au Brsil et l'ex-gouverneur de l'tat de Pernambouc, Miguel Arraes, rentre Recife en septembre 1979 aprs quinze ans d'exil. cette occasion, Robert Linhart part enquter dans les rgions sucrires du Nord-Est brsilien : comment les ouvriers agricoles ont-ils vcu ces annes de dictature? O en est le mouvement paysan? Exode des paysans vers les bidonvilles. Progression de la faim avec la monoculture sucrire. Travail des enfants. Trente-cinq ans aprs sa parution en 1980, ce livre reste un tmoignage accablant sur la situation de l'poque et, par bien des aspects, sur celle d'aujourd'hui. Mourir de faim avec tous les documents du monde, contrat de travail assurances, fiches de paye. Mourir de faim pour le "modle exportateur" et les rentres de devises. mesure que je recueillais tmoignages et donnes, la faim m'apparaissait avec une terrible nettet comme la matire et le produit d'un dispositif compliqu jusqu'au raffinement. La faim n'tait pas une simple absence spectaculaire, presque accidentelle, d'aliments disponibles. (...) Ce n'tait pas une faim simple, une faim primitive. C'tait une faim labore, une faim perfectionne, une faim en plein essor, en un mot, une faim moderne. Je la voyais progresser par vagues, appeles plans conomiques, projets de dveloppement, ples industriels, mesures d'incitation l'investissement, mcanisation et modernisation de l'agriculture. Il fallait beaucoup de travail pour produire cette faim-l. De fait, un grand nombre de gens y travaillaient d'arrache-pied. On s'y affairait dans des buildings, des bureaux, des palais et toutes sortes de postes de commandement et de contrle. Cette faim bourdonnait d'ordres d'achat passs par tlex, de lignes de crdit en dollars, marks, francs, yens, d'oprations fivreuses sur les commodities markets (les Bourses de matires premires, o les spculateurs vendent, revendent, achtent, rachtent dix, quinze, trente fois le mme lot de sucre, de cacao ou de coton avant mme qu'il ne soit rcolt, faisant chuter ou s'envoler les cours, toujours de faon concentrer les bnfices et dpossder le petit producteur direct), de transactions foncires, d'anticipations, d'astuces et de bons coups. On n'en avait jamais fini d'entrer dans le dtail de la production de cette faim.

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