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Pendant la seconde guerre mondiale, la France fut, de tous les pays occupés, celui qui a fourni le plus grand nombre de travailleurs à l'Allemagne. En dehors du million d'ouvriers qui travaillaient dans les usines françaises pour la machine de guerre nazie, l'essentiel de cette main-d'oeuvre corvéable fut retenu dans des camps outre-Rhin. Il y eut tout d'abord les prisonniers de guerre, au nombre d'un million, dont une partie seulement put rentrer malgré les promesses de la Relève ; puis les volontaires au nombre de 154.000, considérés à la Libération comme des traîtres. Vinrent ensuite, sous la pression croissante de l'occupant, les 650.000 jeunes hommes contraints au travail forcé en Allemagne, requis en quatre rafles de 1942 à 1944, au titre du Service du Travail Obligatoire (S.T.O.).
60.000 d'entre eux périrent de leurs conditions de vie misérables, de maladies, d'accidents au travail forcé, de châtiments corporels, et pour la plupart sous le déluge des bombes. Oubliés dans le tumulte de la Libération , et même suspectés au regard du prestige de la résistance, les survivants du S.T.O. rentrèrent dans l'indifférence générale et se turent.
La collecte de leurs souvenirs s'impose aujourd'hui à l'heure où disparaissent les derniers témoins de cette époque dramatique. Infatigable chercheur passionné d'histoire locale, Joseph Brevet est parti à leur rencontre dans les Mauges et à Angers, pour recueillir auprès de chacun le récit vécu de ces sombres années. Les anciens S.T.O. en Allemagne, les requis sur le Mur de l'Atlantique, les défaillants et les réfractaires composent un judicieux panel de témoins, où se côtoient l'agriculteur, l'ouvrier et le séminariste. Après un historique détaillé de la déportation du travail, axé sur l'Anjou, leur parole peut enfin se libérer dans la seconde partie de l'étude, raconter leur périple, les misères de la vie dans les camps, le travail harassant, et quantité d'anecdotes qui redonnent vie à cette histoire oubliée.
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