Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
- Rentrée littéraire 2024 -
Londres, 1938. Zweig présente Dalí à Freud.
Londres, 19 juillet 1938. Stefan Zweig et Salvador Dalí rendent visite à Sigmund Freud, tout juste exfiltré de l'Autriche nazie. Proche de l'analyste, et lui aussi réfugié, Zweig a organisé ce rendez-vous sur l'insistance de son ami peintre, qui idolâtre Freud et trépigne de lui montrer une de ses toiles. Accompagnés de Gala, l'épouse de Dalí, et de son agent, ils sont accueillis par Anna Freud.
Leurs échanges sont ponctués par les extravagances et facéties de Salvador qui mystifient l'assemblée. Puis, à mesure, tous se dévoilent : la rencontre autour de Freud agit comme un révélateur, confrontant chacun à ses démons et à ceux de l'époque.
Mêlant biographie intime de figures d'exception et chronique de la fin d'un monde, Clémence Boulouque saisit ce moment suspendu, unique et méconnu, en un roman drôle et grave.
Clémence Bouloque (CB) nous propose d’assister à la rencontre à Londres en 1938, de 3 figures majeures de leur époque ayant marqué l’histoire de la littérature (Zweig), de la psychanalyse (Freud), du mouvement surréaliste (et de ses rapports avec la libération de l’inconscient).
Les fils et liens (y compris interpersonnels) sont multiples : intelligentsia autrichienne fuyant le nazisme Nazi avec une lucidité aigue de la tragédie en cours, et une conscience de leur propre mort prochaine (Zweig / Freud), père / fille (Sigmund et Anna), couple singulier (Salvador Dali et Gala), les intérêts de la puissance créative (les 3), …
Après un premier temps où Zweig retrouve Gala, Dali et son agent, et où elle nous décrit un Dali faisant du … Dali ; ce sera la rencontre de ces six personnages et d’échanges sur de multiples sujets pouvant laisser poindre quelques traits de personnalités et / ou des « inquiétudes » des uns et des autres.
Le style est fluide et on se laisse emporter dans cette rencontre, …, mais peut être en espérant un peu plus que ce que nous donne à voir et entendre CB. Elle a pris le parti de la crédibilité, quasi journalistique, d’échanges de tous les jours pouvant laisser une certaine frustration … qui peut avoir du bon en incitant à (ré)ouvrir quelques livres des protagonistes.
Alors que je ne suis pas pour les romans où les personnages principaux sont des personnes ayant réellement vécus, j’ai bien aimé cet ouvrage qui met en scène le temps d’un repas : Freud et sa fille, Dali et Gala, ainsi que Stefan Sweig.
A la veille de la seconde mondiale, nous avons droit à des échanges ou actions tout à la fois légers (Dali qui veut voler un objet appartenant à Freud) ou au contraire très lourds avec les évènements de cette année 1938 si difficiles (notamment le fait que Freud et Sweig aient pu s’échapper d’une Autriche nazie).
C’est bien écrit et personnellement, je ne me suis pas ennuyée.
J’ai immédiatement été attiré par ce livre qui réunit Stephan Zweig, Sigmund Freud et Salvador Dali, curieux de lire ce que ceux-là avaient bien pu se raconter et admiratif du défi de Clémence Boulouque.
L’autrice a eu l’idée d’imaginer les échanges entre ces trois personnages charismatiques lors de leur rencontre à Londres juste avant la guerre, le mardi 19 juillet 1938. Freud tout juste exfiltré de l’Autriche nazie vient d’y emménager avec sa fille Anna, alors que sa femme, Friderike est restée en Autriche :
Zweig, un proche de l’analyste, a organisé cette visite à la demande de son ami peintre Dali qui trépigne de montrer une de ses toiles à Freud. Dali est accompagné de son épouse Gala et de son agent Edward James, un riche poète britannique mécène des surréalistes. Cette « rencontre avec l’âme du monde » a réellement eu lieu mais les échanges sont restitués librement par l’autrice. La démarche est proche de ce que Zweig a écrit, notamment sur ces épisodes où l’histoire s’accélère prenant soudainement une direction particulière. Il vient de relire la traduction française de son recueil « Les Très Riches Heures de l’humanité » qui sera publié en français en 1939.
Comment ne pas évoquer également le recueil de nouvelles d’Erika Mann « Quand les lumières s’éteignent ». On était alors dans les années 1930, avec un propos plus réaliste, plus sombre aussi, au cœur de la tragédie. Le titre ici est assez vague, il s’agit « seulement » d’un sentiment, d’un crépuscule, façon de saisir au vol un moment de l’histoire, de plonger avec une certaine distance et légèreté dans l’intimité des personnages. Le style est intéressant et riche, présentant un grand nombre d’informations passionnantes. Le récit s’appuie visiblement sur de nombreuses sources, ce qui aurait mérité une bibliographie et des notes afin d’appuyer et légitimer le propos.
C’est une belle idée de revisiter cette réunion improbable de personnages si différents, comme mettre en présence l’eau et le feu, la carpe et le lapin, la grenouille et le bœuf. Stefan Zweig cultive l’altruisme dont l’autrice fait dire à Anna, la fille de Freud, qu’il permet de remplacer la peur de la mort par le soucis des autres. Elle se demande ce qu’il adviendrait s’il n’avait plus personne à aider. Salvador Dali est tourné vers lui-même, un individualiste seulement soucieux de sa renommée, de sa fortune. « C’est sans doute un véritable fou qui fait semblant d’en être un ». Peut-être un jeu au départ en phase avec le mouvement surréaliste mais qui va devenir une marque, un signe de reconnaissance qui le maintiendra au sommet très longtemps.
Freud a déjà 82 ans, Zweig en a 56 et Dali seulement 34 ans. Les lignes se sont croisées et s’échapperont de plus en plus. Le surréalisme s’est appuyé sur les travaux du psychanalyste viennois, ouvrant l’imaginaire qui allait se refermer brutalement avec le fascisme et la guerre. Ce jour de juillet 1938, Zweig et Gala freinent un Dali toujours dans la démesure, désireux de se mettre en avant.
Une journée annonciatrice de tragédies. La suite n’est pas écrite mais peut-être à rappeler ici. Sigmund Freud, malade, meurt en septembre 1939 d’une dose sans doute létale de morphine. Fin tragique pour Stephan Zweig qui se suicide en 1942 au Brésil. Salvador Dali saura passer le cap grâce à son excentricité, son goût pour le luxe et la célébrité qui se fondent à merveille dans l’époque. Il décède en 1989 en Espagne franquiste dont il reçoit les honneurs, prime à son allégeance aux vainqueurs.
Voici un livre de la rentrée littéraire qui permet de réfléchir à une journée particulière du début de l’été 1938. J’ai pensé à ce début d’été 2024 où on a pu ressentir ce sentiment des crépuscules, dilué ensuite dans la réalité des résultats électoraux et l’euphorie d’une paix olympique, momentanément réconciliatrice. C’est un livre singulier, une biographie où des personnages de l'ordre du mythe, romancier de renom, scientifique éclairé, peintre surdoué et médiatique, s’exposent dans leur force et leur faiblesse et, peut-être, nous éclairent. Il y a tellement de densité dans le propos que j’ai relu avec plaisir bon nombre de passages pour cette chronique.
Un magistral roman « Le sentiment des crépuscules », que cet aréopage de célébrités laissant libre cours à leurs pensées acerbes, et qui dissertent sur le devenir et la fin de leur monde. Londres, année 1938, Stefan Zweig arrive à organiser un rendez-vous chez Sigmund Freud pour son ami Salvador Dalí et son épouse Gala ainsi que par Edward James – agent de Dalí.
Ainsi, le maître reçoit ses invités, accompagné de sa fille, Anna. Zweig avait insisté pour que celui-ci reçoive l’un des représentants de l’art moderne, et donc du surréalisme. Une discussion qui abordera tous les thèmes que focalisent l’actualité du moment : la vie difficile des émigrés et surtout l’évasion des pays où la liberté d’expression voire de vivre n’existe plus ; les persécutions, les juifs étaient insultés et battus ; l’Art bien sûr, la religion évidemment, et pour Freud, l’évolution de la certitude que la psychanalyse permettra d’apporter enfin des solutions aux tourments de l’esprit ; en outre sera évoqué le discours pour le moins mystérieux sur l’amitié, et l’ambiguïté que génèrent la confusion des pulsions soulignant la complexité de l’être humain.
Clémence Boulouque analyse avec sa plume critique le caractère de chacun des intervenants et y suggère sa compréhension de ces personnages illustres. Sans conteste, le génie de Dalí, confirme son caractère voué à l’outrance, à l’exagération et qui énonce des jugements sur tout, avec sa verve : tantôt ironique, tantôt acerbe...Quant à Freud, qui répond à l’interrogation de Zweig : Comment peut-on vivre sans foi ou sans chimère ? » par « Car la psychanalyse, cher ami, est une science et la science n’est pas une religion. ». Un avis que Michel Onfray « Le crépuscule d’une idole » réfute en affirmant « que la psychanalyse ne serait qu’une dépendance de la psychologie, de la littérature, de la philosophie...mais en aucun cas la science « dure » à laquelle aspire son fondateur ». Sans doute, pour cette assemblée, les derniers soubresauts d’esprits libres à l’aube du crépuscule des Dieux.
Je remercie les Éditions Robert Laffont ainsi que Babelio pour l’envoi de ce livre et la découverte de cette auteure.
Stefan Zweig, admirateur – et ami – de Sigmund Freud, a organisé (sur l’insistance de Salvador Dali) une rencontre autour d’un thé chez le vieux psychanalyste, dans sa maison d’Elsworthy Road, à Londres. Nous sommes le 19 juillet 1938. Zweig et Freud, tous deux autrichiens, ont fui le nazisme … Quant à Dali, il a laissé la guerre d’Espagne derrière lui.
Seront présents les trois « grands hommes » mais également Gala (la femme de Dali) Anna (la fille de Freud) ainsi qu’Edward James (agent et mécène anglais du peintre espagnol) À l’époque, Freud était âgé de quatre-vingt un ans, Zweig de cinquante-six ans et le jeune Dali de trente-quatre ans …
Un court roman, rédigé tel un témoignage, au cours duquel nous découvrons différentes facettes de ces protagonistes, à la personnalité complexe, éventuellement agaçante … (surtout Dali, tout du moins en ce qui concerne mon propre ressenti …) Des échanges que j’ai trouvés inégaux par moments, tour à tour passionnants ou passablement ennuyeux …
C’est – en tout cas – très bien écrit. Peut-être un peu trop « journalistique » à mon goût … Un récit politico-socio-philosophique, heureusement agrémenté d’évocations intimes sur la vie des uns et des autres. Bref, si cette lecture ne m’a pas lassée, je n’ai pas, non plus, éprouvé un réel coup de coeur …
Dali a toujours rêvé de rencontrer Freud. Son ami Zweig côtoie Freud. Celui-ci arrange donc une rencontre, et cela fait un roman.
C'est en effet cette rencontre que nous relate l'auteure. Sont présents Zweig, Dali et son épouse, James, le mécène de Dali, Freud et sa fille Anna. Nous sommes en 1938 et évidemment, la conversation tourne beaucoup autour du nazisme grandissant. De même, Freud, Anna et Zweig, exilés à Londres, ne peuvent s'empêcher de se montrer nostalgiques en pensant à leur pays, à ce qu'ils ont dû quitter et laisser. Puis, petit à petit, chacun va se dévoiler : le caractère fantasque et égocentrique de Dali, le côté sympathique et altruiste de Zweig pour lequel on a une certaine pitié quand Dali se montre envers lui peu reconnaissant ...
Roman original et très bien écrit.
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