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Quand un reporter photographe rentre de mission dans un pays en guerre, il ramène des centaines de photos et autant d'anecdotes. Sur ces centaines de photos, quelques dizaines sont tirées, quatre ou cinq sont vendues à la presse, et le reste, sous forme de planches-contact, échoue dans des boîtes. Le photographe, s'il aime raconter, raconte les anecdotes à ses proches. Puis le temps passe, d'autres missions, d'autres photos et d'autres anecdotes chassent les premières, et la mémoire, elle aussi, les met en boîte. Voilà comment s'endorment les histoires. Le nombre de belles histoires au bois dormant est infini. La bande dessinée est un des moyens de les réveiller. J'ai cent raisons d'aimer Didier Lefèvre. L'une d'elles, c'est qu'il est bon photographe. Une autre, c'est qu'il raconte bien les histoires. Dès les premières fois où je l'ai entendu, planches-contact à l'appui, me raconter un de ses reportages, j'ai voulu qu'on fasse un livre tous les deux. La bande dessinée intervient pour faire entendre la voix de Didier, combler les vides entre les photos et raconter ce qui se passe quand Didier, pour une raison ou une autre, n'a pas pu photographier.
Les Ignorants de Davodeau, donne envie de lire des tas de BD, dont celle-ci : Le Photographe, qui comprend 3 tomes, le premier publié en 2003.
La particularité – et la suprême originalité – de cette bande dessinée : alterner photos réelles et dessins, mélanger les genres pour mieux toucher le lecteur.
Dans le premier tome, après quelques pages d’introduction, les auteurs se présentent : « Histoire vécue, photographiée et racontée par Didier Lefèvre, écrite et dessinée par Emmanuel Guibert, mise en page et en couleur par Lemercier Frédéric » et l’aventure commence. Un jeune photographe, Didier Lefèvre, part rejoindre une équipe d’humanitaires de Médecins sans frontières en Afghanistan. Il rapportera des tas de clichés de ce voyage, clichés issus de planches contact, parfois reproduites telles quelles, et qui sont minutieusement intégrés dans le récit et intercalés avec les dessins.
Cette double lecture donne beaucoup de force au récit, et il en ressort aussi beaucoup d’émotions. Nous suivons le quotidien du jeune photographe, partagé entre le choc des cultures et le choc de la guerre proche, dont on perçoit les nombreuses stigmates sur les personnages rencontrés au fil de la route. Quelques photos sont insoutenables. et rendent compte de la violence du conflit. Nous partageons son admiration pour les humanitaires, leur engagement total, leur respect des populations.
C’est une bande dessinée vraiment extraordinaire qui présente les mille et une anecdotes du voyage de Didier Lefèvre , ses préoccupations pragmatiques et philosophiques. Et puis aussi beaucoup d’humour partagé avec ses compagnons. Ses photos sont magnifiques et nous font voyager. De la très grande BD ! Du grand art !
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