"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Le Monde " ex " _ confessions, le dernier livre de Matvejevitch, écrit pendant ses années d'émigration à Paris et à Rome (1991-1996) et complété par les notes prises lors de ses nombreux voyages en ex-Europe de l'Est après la chute du mur de Berlin, consacre la maturité de l'écrivain. Il jette un regard impitoyable non seulement sur les ex-pays communistes et une bonne partie de l'Europe, mais aussi sur une " Méditerranée en détresse " ou même une Venise ressemblant à une des " capitales du monde ex ". Notre siècle s'achève ainsi sous le signe " ex ". Il s'agit tout à la fois d'un règlement de compte avec les " ex-communistes " travestis en démocrates, d'une " dissidence d'hier " qui ne parvient plus à retrouver sa place, d'une langue de bois qui semble seule garder quelque cohérence " sous les décombres ". C'est aussi une illustration des " cultures nationales " devenant des " idéologies de la nation ", d'un " fantasme de l'Europe centrale ", malade de ses particularismes, ainsi qu'une défense de la Bosnie ensanglantée par " une guerre des mémoires ".
Dans la seconde partie de ce livre, teintée d'un lyrisme tchekhovien, l'auteur évoque son propre monde " ex ", celui qu'il emporte dans la dérive de son " radeau de la Méduse " ou dans sa " valise d'émigré ": les " gels et dégels " auxquels il a participé, ses affinités littéraires, les " ponts " jetés vers son pays, certains lieux de bonheur ou de souffrance, tels l'Adriatique, Sarajevo (" après mille et une nuits de siège ") ou son Mostar natal en ruines.
Ces " confessions " _ réplique laïque de l'illustre ouvrage de saint Augustin _ révèlent, de même que le " bréviaire " et l'" épistolaire " qui les ont précédées, un nouvel effort de l'écrivain pour rénover certaines formes anciennes, moins usées que le roman.
C'est assurément la réflexion la plus profonde et la plus complète qui vienne de l'ex-Europe de l'Est après Sakharov, à la suite de l'écroulement du communisme. Ce livre est écrit directement en français, lui aussi ex-langue _ celle qu'affectionnait, avant la révolution d'Octobre, l'intelligentsia russe.
Son Bréviaire méditerranéen (Fayard, 1992; Payot, 1995) _ " récit de voyage initiatique ", " essai poétique " ou " roman qui remplace les personnages par les lieux " _ a connu un succès international et s'est vu attribuer plusieurs prix prestigieux (le prix Malaparte, Capri, 1991; le prix européen de l'Essai Charles Veillon, Genève, 1992; le prix du Meilleur Livre étranger, Paris, 1993).
Son livre Entre asile et exil (Stock, 1995), sorte de Bildungsroman, regroupe les " lettres " concernant la persécution subie par la famille paternelle de l'auteur au goulag soviétique. Cet " épistolaire " s'inscrit au sein de la tradition inaugurée dans la littérature russe par un Herzen ou un Gogol, de même que son essai Pour une poétique de l'événement (écrit directement en français, publié en collection 10/18, Paris, 1979), renouvelant les expériences des " formalistes ", brutalement interrompues par le stalinisme. Predrag Matvejevitch a publié plusieurs autres livres en ex-Yougoslavie, à Zagreb et à Belgrade.
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