Passionné(e) de lecture ? Inscrivez-vous gratuitement ou connectez-vous pour rejoindre la communauté et bénéficier de toutes les fonctionnalités du site !  

Le mardi à Monoprix

Couverture du livre « Le mardi à Monoprix » de Emmanuel Darley aux éditions Publie.net
Résumé:

Comment la parole, ou son absence, relie deux êtres :
Il y a une tradition littéraire de venir affronter, chacun son tour, ce fondamental. Ainsi Premier amour de Beckett, ainsi Lettre au père de Franz Kafka. Ainsi un parmi les multiples échos de l´infini Bartleby.
Emmanuel Darley a de... Voir plus

Comment la parole, ou son absence, relie deux êtres :
Il y a une tradition littéraire de venir affronter, chacun son tour, ce fondamental. Ainsi Premier amour de Beckett, ainsi Lettre au père de Franz Kafka. Ainsi un parmi les multiples échos de l´infini Bartleby.
Emmanuel Darley a de l´expérience : des romans, d´abord, chez POL puis chez Verdier. Puis passage progressif à la scène, via des expériences qui sont toujours restées en amont de ce qu´on entend par le mot théâtre, plutôt l´affirmation progressive d´un travail dans la voix même.
Comme plusieurs de nous autres, via son Journal irrégulier on le suit sur les routes du monde, entre les temps où on affronte l´écriture par la durée silencieuse, et ceux où on s´immerge à nouveau dans les villes, et leur réalité brute.
Cela s´entend chez Darley. Dans ce texte, un huis clos : deux êtres dont il n´est pas dissimulé par la narration qu´ils sont aussi proches qu´un père et sa fille, pas dissimulé non plus que la fille longtemps a été absente. Et que ce temps arrive, c´est tellement le lot commun, qu´il y a à prendre en charge. Mais quand le sens s´est retiré de l´échange, que l´autre ne sait même plus votre nom ?
Et si, sous la question du nom, est celle bien plus crue de l´identité sexuelle : celle qui revient était homme, maintenant femme - qu´est-ce que cela induit dans la mise en travail de nos propres représentations, lorsque énoncé depuis ce point de vue de la relation au père, mais dans cet extrême, le langage détruit, le corps de l´autre pris en charge - avec les courses de la semaine au Monoprix ?
Alors restent les signes. La liaison du corps au corps, les geste, et ce qui advient de parole du fond de la destruction.
Repartir vers le monde extérieur, oui, mais il est une bulle conditionnée par la place dans la ville, ou l´isolement ici dans la ville. Une fois par semaine, celle qui raconte habille et accompagne l´autre au Monoprix voisin. Il s´agit de survivre jusqu´au prochain mardi. Renversements de paroles, puis retour.
Dans cette figure élémentaire de narration, c´est avec la ville et la langue que s´explique Darley.
Convocation de la narratrice sur ce terrain de l´oral qu´on distend et manipule ou scrute.
Finalement, rien que l´histoire. C´est l´aventure de nous tous. Ce qui nous lie au plus élémentairement proche.
Un instant dont la répétition fait rite : le mardi, sans qu´il y ait question sur l´envers du temps, l´envers de la ville. Et puis non, ça craque. Il restera, tout au bout, la question du nom, la médiation par les mots, puisque ceux du journal traversent ce que la parole ne rejoint pas.
Si Le mardi à Monoprix est un récit, il a été porté à la scène par Jean-Marc Bourg, on l´entendra ce samedi 24 janvier sous forme de fiction radiophonique à France Culture.
Sur publie.net, lire aussi, d´Emmanuel Darley, Comme on se retrouve.

FB

Donner votre avis