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Raconter l'histoire du livre grec des origines jusqu'à la Renaissance, c'est parcourir plus de deux millénaires, de la naissance de l'alphabet et de la mise par écrit d'une composition orale jusqu'aux débuts de l'imprimerie. C'est aussi retracer l'influence d'une littérature exceptionnelle, car le livre est inséparable du texte qu'il porte et à la diffusion duquel il contribue.
Les débuts de la littérature grecque, avec des spécialités locales, ne tardent pas à faire place à une centralisation dans l'Athènes du Ve siècle avant notre ère. C'est dans cette ville que naît le commerce de librairie, avec ses exigences et ses traditions (rouleau de papyrus utilisé sur sa face interne, écriture imitant celle des inscriptions, texte disposé en colonnes), et que se forment les premières bibliothèques privées, notamment la bibliothèque de travail et de documentation d'Aristote.
Avec les conquêtes d'Alexandre le Grand, l'hellénisme, jusqu'alors limité aux côtes asiatiques de la mer Égée, aux îles et au Sud de la péninsule balkanique, ainsi qu'aux colonies des cités, s'étend en Orient, de l'Empire perse à l'Égypte. La ville d'Alexandrie, fondée par le souverain dont elle porte le nom, ne tarde pas à devenir la capitale culturelle du monde hellénistique. Au Musée, une institution royale d'inspiration aristotélicienne groupant bibliothèque et centre de recherche, des érudits venus de tout le monde grec publient éditions critiques et commentaires. L'écriture s'assouplit quelque peu, mais le livre reste conforme aux normes adoptées à Athènes pour le rouleau de papyrus.
À leur tour, les conquêtes de Rome élargissent l'influence grecque, en déplaçant la capitale culturelle de l'hellénisme. Cinquante ans après la prise d'Athènes, vingt ans avant que l'Égypte avec sa capitale Alexandrie ne devienne province romaine, les premières bibliothèques publiques gréco-latines sont fondées à Rome. Aux Ier et IIe siècles, Rome est la capitale culturelle du monde grec. Des auteurs venus des parties orientales de l'Empire y affluent et y publient leurs oeuvres en grec, tout comme l'empereur Marc Aurèle lui-même. Et c'est dans cette ville qu'apparaissent deux innovations d'importance : une nouvelle matière support de l'écriture, le parchemin ; et une nouvelle forme du livre, le codex, c'est-à-dire le livre à pages qui nous est familier et dont la capacité représente le contenu de cinq rouleaux de papyrus.
Le transfert de la capitale de l'Empire sur le site de l'antique Byzance, décidé par Constantin, et la fondation de la ville à laquelle l'empereur donne son nom, Constantinople, puis la division de l'Empire, contribuent à recentrer sur l'Orient le domaine de l'hellénisme. Les bibliothèques de la nouvelle Rome généralisent la nouvelle forme du livre, le codex, tout en restant fidèles à l'écriture traditionnelle. Mais vers la fin du VIIIe siècle apparaît un nouveau type d'écriture, la minuscule, et avec la renaissance byzantine des IXe-Xe siècles tous les textes grecs sont transcrits dans cette nouvelle écriture. Peu après, une nouvelle matière, le papier, importée des pays arabes voisins, vient concurrencer le parchemin. La conquête de Constantinople par les Croisés, puis les débuts de la Renaissance vont entraîner vers l'Italie un déplacement des livres et des scribes qui s'accentuera avec la prise de la capitale byzantine par les Ottomans.
L'imprimerie naissante et son développement rapide mettront fin à la pratique du livre manuscrit, au terme de plus de deux mille ans d'histoire.
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