Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
Fin des années 1930, Yukon, Alaska. Une aventurière fuit la Californie avec une enfant et, bravant les dangers, se lance à la poursuite de ses fantômes sur les pistes des territoires amérindiens du Grand Nord, avec pour seul guide une mystérieuse carte folle. Bud Cooper qui a croisé sa route rapporte le récit de l'équipée que lui en fait, quinze ans plus tard, l'enfant d'alors, au risque de se perdre à son tour avec elle aux confins de l'imaginaire.
Il n'est jamais trop tard pour découvrir une romancière confirmée comme Anne-Marie Garat, lauréate du Prix Femina et du Renaudot des Lycéens en 1992 avec Aden. Depuis cinq ans, elle fait partie du jury du Prix Femina.
Aux Correspondances de Manosque 2018, il a fallu que je l'écoute parler de son dernier roman, le Grand Nord-Ouest, pour avoir envie de la lire, envie confirmée après son passage à La Grande Librairie.
Alors, je me suis lancé dans cette aventure un peu folle, aux confins du Canada, tout près de l'Alaska, vers le Yukon et le style d'Anne-Marie Garat m'a surpris, parfois emballant, parfois lassant à cause d'une débauche de détails et de descriptions semblant rajoutées à loisir.
À Anchorage, Jessie raconte ce qu'elle a vécu à Bud Cooper qui retranscrit tout cela. Jessie veut qu'on l'appelle Niyah et parle de sa mère qui dit se nommer Lorna del Rio et qu'elle campe ainsi : « Avec son génie du business et sa plastique, elle s'y entendait pour ferrer le poisson, vu qu'elle a une calculatrice atomique en place du cerveau et la moralité extensible plus qu'un chewing-gum. » Rapidement, Jessie parle de Kaska, indienne rabougrie si importante dans son aventure peu ordinaire à Kloo Lake et plus loin vers le nord encore…
Jessie raconte tout cela un soir d'avril 1954, remontant quinze ans plus tôt alors qu'elle avait six ans. Quittant subitement une vie dorée dans le monde du cinéma après la mort subite de son père, elle constate que sa mère change sans cesse de patronyme, invente beaucoup mais se sort toujours d'affaire, pour retrouver un passé bien mystérieux.
La carte insérée au début du roman permet de suivre leur équipée mais ce sont surtout les mots, les longues phrases de l'autrice qui m'ont plongé dans cet univers où le froid peut être extrême mais où les humains avaient appris à vivre en parfaite harmonie avec la nature.
Eux qui n'apprécient pas être appelés Indiens mais voudraient que les noms de leurs tribus, de leurs groupes soient utilisés, subissent l'invasion des Blancs, des Yankees et autres chercheurs d'or – le fameux Klondike est par là – et sont pervertis par l'alcool et une modernisation mortifère.
Anne-Marie Garat montre bien tout ce qui a changé dans la vie de ces gens, les bouleversements apportés, les villes champignons abandonnées ensuite et les dégâts humains irréparables. En 1942 l'armée US a percé une route, travaux effectués par dix mille soldats et sept mille civils, unique voie d'accès à l'Alaska. Résultat : pollution et destruction de l'environnement.
« La Terre n'appartient qu'à elle-même. » On ne peut pas dire mieux et nous ferions bien de nous le rappeler plus souvent. Dans ce roman, Anne-Marie Garat m'a dépaysé, ravi parfois, enthousiasmé souvent, intrigué aussi avec cette vie très compliquée de la mère de Jessie.
Je retiens essentiellement l'hommage rendu aux peuples amérindiens du Grand Nord, à leurs coutumes, à leur vie en symbiose avec la nature. C'est un voyage chaotique plein d'enseignements qui me laisse admiratif devant l'érudition de l'autrice. J'ai aimé ce livre même si je languissais d'arriver à son terme.
Chronique à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
A la toute fin des années 30, alors que son époux producteur de cinéma se noie au cours de la fête d'anniversaire de leur fille, Lorna Del Rio va prendre cette dernière sous son bras, et filer ni une ni deux, en voiture, vers ce fameux Grand Nord Ouest .
Voila l'étrange point de départ du nouveau roman d'Anne-Marie Garat. Mais comme toujours avec cette extraordinaire romancière, le récit n'est pas celui qu'on attend et le conteur n'est pas celui qu'on croit. Et puis au passage les personnages, non plus, ne sont pas forcement ce que l'on va deviner d'eux.
La traversée vers ce nord canadien, mais ouest vers l'Alaska, est un road trip hallucinant sous la plume de l'auteur. Car bien sur les différentes étapes du voyage de Lorna ne sont que le prétexte à dévoiler une intrigue fine et ciselée avec des liens diffus tirant vers La Source (son précédent roman - 2015).
Là est tout l'intérêt du roman, de nous dévoiler par touches successives les différentes strates des histoires de chaque personnages et le bonheur de trouver au hasard des pages ces ponts vers le précédent roman.
Alors on s'attachera au style toujours aussi maitrisé et précis (précieux ?) d'Anne Marie Garat, de sa capacité à nous émerveiller avec ses descriptions de paysages incroyables de ce Canada sauvage et cette habileté à brouiller les pistes sur les origines de Lorna, de sa fille Jessie et de Bud le complice malgré lui de cette histoire.
Il est dommage cependant, qu'à trop tirer sur la corde du style l'intrigue se dilue autant. Si dans la Source ce croisement forme et fond était très équilibré, ici, le fond est parfois oublié au profit d'une écriture exigeante. En fait l'intrigue va vraiment se déplier qu'à la seconde moitié du livre avec encore quelques ralentissements qui peuvent freiner les lecteurs peu habitués à cet auteur. Il faut donc s'accrocher sur les 100 premières pages.
Ce Grand Nord Ouest reste un excellent roman, dépaysant troublant, avec sa part d'ombre et la joie intacte de retrouver Anne-Marie Garat et son style unique. Un auteur majeur dans la production littéraire française actuelle. Rare et donc incontournable.
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