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Il n'a pas de nom. Il ne parle pas. Le garçon est un être quasi sauvage, né dans une contrée aride du sud de la France. Du monde, il ne connaît que sa mère et les alentours de leur cabane. Nous sommes en 1908 quand il se met en chemin - d'instinct.
Alors commence la rencontre avec les hommes : les habitants d'un hameau perdu, Brabek l'ogre des Carpates, philosophe et lutteur de foire, l'amour combien charnel avec Emma, mélomane lumineuse, à la fois soeur, amante, mère. « C'est un temps où le garçon commence à entrevoir de quoi pourrait bien être, hélas, constituée l'existence : nombre de ravages et quelques ravissements. » Puis la guerre, l'effroyable carnage, paroxysme de la folie des hommes et de ce que l'on nomme la civilisation.
Itinéraire d'une âme neuve qui s'éveille à la conscience au gré du hasard et de quelques nécessités, ponctué des petits et grands soubresauts de l'Histoire, le Garçon est à sa façon singulière, radicale, drôle, grave, l'immense roman de l'épreuve du monde.
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Ils sont dans le palmarès des romans de la rentrée littéraire 2016, ce sont les incontournables de vos prochaines lectures !
Prix Fémina remis à Marcus Malte pour « Le Garçon » Zulma éditions, un roman qui figure dans le palmarès de nos ExploLecteurs !
Les chroniques sont en ligne ! A découvrir pour avoir des idées de lecture...
Le garçon - Marcus Malte
Tout commence en 1908 par la traversée d’une région aride, avec l’arrivée sur l’étang de Berre d’une mère et de son fils que la nature fige sur place. La mère se meurt et laisse le garçon sans origine, livré à lui-même. Ce passage nous saisit d’emblée par sa force narrative, l’atmosphère qu’il dégage et l’emprise de la douleur sur les corps.
Le garçon n’a pas de nom, il ne parle pas, et il va à la rencontre de plusieurs personnes. Des dialogues se nouent alors, de manière intelligente, drôle parfois, dans des situations singulières.
Le garçon va aussi rencontrer Emma, un amour charnel. Elle prendra successivement la forme d’une sœur, d’une amante, voire même d’une mère. Marcus Malte nous fait découvrir différentes facettes de son écriture et différentes émotions.
Le garçon va aussi connaître la Première Guerre mondiale ; l’écriture va alors se contrebalancer dans les tertres des bombes et la douceur des missives – guerre extérieur et paix intérieur.
Il va traverser une période sombre (je n’en dit pas plus), avant de découvrir le monde dans un style qui redevient narratif avec une description de paysages aussi bien géographiques qu’historiques.
Ce livre nous plonge dans une histoire poétique et dure ; un roman travaillé à n’en pas douter avec du vocabulaire soigné et des scènes si détaillées qu’on a l’impression de la voir sous les yeux. Il regroupe des évènements historiques intéressants ; des passages émouvants ; des dialogues intelligents ; un livre qui sonne juste. Un véritable coup de cœur !
Une étrange silhouette se détache dans le ciel auroral. Une bête à deux têtes, un enfant portant sa mère mourante sur son dos. Le voici, Le Garçon. Il n'a pas de nom, il ne parle pas, son monde se limite à la masure dans laquelle il vit avec sa mère.
À la mort de celle-ci, il se met en route. Il vit à l'état sauvage, dort sous les étoiles. Mais un jour il tombe sur un hameau, la compagnie des premiers hommes. Prochaine étape : il parcourt "le pays" avec Babrek l'Ogre des Carpates dans sa roulotte. Et puis enfin, la voici Emma "qui porte ce prénom d'amour déchu", Ève sensuelle, fille d'un pomologue! Emma lui donnera un nom et l'initiera à l'amour. Ils vivront d'art et d'amour. Jusqu'à ce que l'Histoire se mêle de la petite. Nous sommes en 1914, dix-neuf millions de morts pour un archiduc assassiné. La guerre, le plus haut degré de la civilisation? enfin surtout pour ceux qui ne la font pas. Une boucherie pour les soldats au front.
J'avoue que je n'avais jamais entendu parler de l'auteur.. jusqu'à une rencontre dédicace autour de son dernier livre, Aux marges du palais, dystopie dont toute ressemblance avec la situation politique actuelle n'est pas totalement fortuite!
J'avais quant à moi jeté mon dévolu sur Le Garçon, prix Femina 2016. Roman d'apprentissage, roman d'amour. Marcus Malte, auteur de romans noirs, nous dira d'ailleurs qu'il écrit surtout des romans d'amour.
Quant à moi, je ne peux que recommander la lecture du Garçon. C'est mon coup de coeur de l'année, de ces deux ou trois dernières années. Et je compte bien découvrir d'autres romans de l'auteur qui est à mon avis sous-coté. À quand Marcus Malte dans La grande Librairie ?
" C'est un temps où le garçon commence à entrevoir de quoi pourrait bien être, hélas, constituée l'existence : nombre de ravages et quelques ravissements. "
On y déroule l’histoire de ce garçon, rattrapé par la tragédie de l’Histoire, à commencer par la guerre. Ce n'est pas un roman qui se contente d'être historique ou philosophique, décrivant froidement les faits. Non, bien au contraire, il y a de l'émotion, des sentiments de toute nature, à chaque page, même dans ces plus longues énumérations. C'est un roman dense, foisonnant, abouti, largement documenté. Abouti de bout en bout, et sublimé par le sens de la formule de Marcus Malte, il ne souffre d’aucun défaut. Un véritable coup de cœur
La vertigineuse épopée
Sublime fut l’antienne qui a occupé mon esprit de la première à la dernière ligne de ce roman, qui est un chef d’œuvre par le sujet et l’écriture modulée en fonction des grandes étapes narrées.
Un jeune garçon, sans nom, mutique, en os et en muscles, à peine couvert de haillons, porte sa mère sur son dos, plus morte que vive et elle a à peine la trentaine.
À quatorze ans, en 1908, le garçon va être orphelin et partir découvrir le monde.
Lui qui a vécu à l’état sauvage avec pour seule compagnie et éducatrice sa mère, va cheminer vers la civilisation. Très vite son aspect et son mutisme vont interpeller les quelques paysans qu’il rencontrera. Entre peur et besoin de bras, ils vont choisir de l’intégrer à leur petit village, il offrira sa force pour les travaux agricoles contre le gîte et le couvert. Jusqu’à ce que les croyances refassent surface et l’oblige à fuir pour sauver sa peau. L’ignorance emplie de croyances est une arme plus redoutable que le canon du fusil qui l’a accueilli le premier jour.
Les descriptions de ce petit monde sont cocasses, les scènes champêtres et religieuses hilarantes.
Il deviendra saltimbanque, après sa rencontre avec Brabek, lutteur de foire, et amoureux de la littérature.
Le garçon est une page blanche.
« […] il prend soudain conscience de son appartenance à cette espèce particulière qu’il ne saurait encore définir mais qui est celle de l’humanité.
Il est homme.
C’est pour lui une révélation. Ou plutôt c’est la brusque confirmation d’une intuition jusque-là mise en veilleuse, trop floue, trop faible pour l’éclairer. Voici qu’un pan d’obscurité s’effondre et que la lumière entre à flots. »
Mais cette épopée se fait à travers les grandes étapes que l’on peut rencontrer dans une vie.
Après la découverte de son appartenance à la civilisation des hommes, il rencontrera l’amour avec Emma. L’amour fou et puissant, le partage des sens associés à la culture. Emma est musicienne et férue de littérature.
Là encore Marcus Malte fait preuve d’une virtuosité. Son écriture épouse l’âme féminine.
« Comment savoir ce qui aurait pu être ?
Elle darde à nouveau les yeux vers le mausolée. Pour bien faire il faudrait à présent que les amants se réveillent, qu’ils se relèvent et qu’on les voie marcher, bienheureux, au bras l’un de l’autre, qu’on les voie s’éloigner et franchir les portes et les laisser les morts derrière eux.
- On récolte ce qu’on sème dit-elle. Mais est-ce qu’on sème ce qu’on récolte ?
Il n’a pas de réponse à lui donner. Elle ôte la main de sa joue. Avant de la lui rendre, au creux, un baiser.
Il frisonne. »
Les métaphores dévoilent la profondeur de cet amour et des interrogations sur la vie qui en découlent.
Pour Emma le garçon devient Félix.
Avec Emma et son père, il trouve un foyer mais aussi une autre façon de vivre, avec les autres, avec des activités qui ne sont pas uniquement physique. S’il ne parle toujours pas son esprit est une éponge et ses interactions avec le monde changent.
Puis la guerre, la Première Guerre mondiale, la Grande Guerre, et là l’auteur continue une narration brillante sur toutes les horreurs engendrées, qui rendent lisible cette période, car il n’en rajoute pas, ne se vautre pas dans l’horreur. L’horreur est là et se suffit à elle-même.
Cette décence rend le texte magistral , les 12 pages consacrées aux « tombés pour la France » sont un bel hommage, qui convient à cette épopée.
« Les obus miaulaient un amour à mourir. »
L’utilisation de l’anaphore « Cette année-là » est habile, car par ce biais nous revisitons trente ans de cette histoire et cela montre que l’homme à l’échelle individuelle est peut-être peu de choses, mais pas seulement.
Cette épopée humaniste nous fait réfléchir sur ce qu’est un homme civilisé, et c’est un questionnement philosophique sur le sens d’une vie.
L’écriture est belle, jamais de longueur, malgré la densité pas de lourdeur, trente ans d’une vie façonnée par les rencontres, acteur et témoin d’une humanité pour le meilleur et le pire, une plume qui sait épouser chaque phase.
C’est un émerveillement du premier au dernier mot. Une véritable performance littéraire. Une structure au cordeau mais avec une liberté stylistique fascinante.
De la grande et belle littérature, un chef d’œuvre.
©Chantal Lafon
https://jai2motsavousdire.wordpress.com/2022/09/01/le-garcon/
Prix Fémina 2016, "Le garçon" est le récit d'un enfant né et élevè par une mère seule dans la forêt. Quand elle meurt, il ne sait qu'une seule chose ; il doit la brûler mais après que doit-il faire ?
Le voila parti, seul, à la rencontre de ses congénères. Il ne saura jamais parler, lire, écrire mais trouvera Emma sur sa route. La guerre 14-18 éclate ; il ne pourra ni ne voudra s'y soustraire.
On le suit pendant 30 ans mais jamais nous n'avons accès à ce qu'il pense. Emma parle et écrit pour deux.
Mis à part les récits des batailles que j'ai trouvé longuets, je me suis laissée emporter à suivre celui qui sera baptisé Félix.
C'est noir, il y a peu d'espoir mais cela reste poétique derrière cette dureté.
Le garçon : enfant sauvage, qui ne parle pas mais qui écoute et observe le monde qu'il va traverser dès son plus jeune âge, après le décès de sa mère.
De rencontres surprenantes, troublantes, inoubliables il va faire l'apprentissage de la vie.
Une oeuvre d'un lyrisme époustouflant qui vous berce tendrement et parfois vous donne même envie de pleurer.
A lire absolument !
Tout simplement beau et poétique. Conte où roman ? Comme l'impression d'avoir lu trois livres en un. Une biographie, une histoire d'amour fabuleuse, et un récit de guerre glaçant. Une écriture singulière, parfois saccadée et très astucieuse !
Magnifique !
Lorsqu’il perd sa mère en 1908, le laissant seul dans une cabane du Sud de la France, le Garçon prend la route parce qu’il n’a pas d’autre alternative.
Muet de naissance, il erre des jours entiers sans croiser âme qui vive et se terre partout où il peut ne pas se faire voir. Mais il finit par rencontrer les siens, les Hommes, qu’il n’a jamais vus et c’est le début d’une grande aventure qu’il vivra avec toute l’intensité et l’authenticité dont il est fait.
Partout où il passe, il est aimé et craint à la fois. Il travaille pour se nourrir dans un village de montagne, accompagne sur sa route Brabeck « l’Ogre de Carpates », un lutteur de foire qui lui apprend à côtoyer les autres, rencontre Emma et son père, qui l’aimeront comme un fils, un frère et un amant, puis il s’enrôle pour la guerre en 1914 et finit par être déporté au bagne de Cayenne en 1921.
Dans sa tête les gens portent le nom de l’animal ou de la plante auquel ils ressemblent et tous l’adoptent comme l’un des leurs. Emma le nomme Felix Mazeppa mais il ne saura jamais dire ce nom, ni le lire ou l’écrire.
Il va connaître la grande amitié, le plus beau des amours, la solidarité avec ses compagnons de guerre, les douleurs du corps blessé ou malade et il supportera les pires contraintes sans rechigner. Et dans cette explosion de sensations, la musique s’avérera l’émouvoir au plus profond de son être.
Ponctué par les grands et les petits évènements de l’Histoire, l’auteur nous entraîne dans le périple de cet étrange Garçon que l’on croit parfois comprendre mais qui nous fait souvent douter d’être passé à côté d’un être exceptionnel.
Marcus MALTE est un génie de l’écriture et ce roman, chef d’œuvre d’émotions, est une explosion de sensualité et de violence mêlées. Malgré quelques longueurs et des énumérations un peu fastidieuses qui sont vite oubliées tant l’histoire est captivante, j’ai été saisie par le rayonnement de ce Garçon, capable de déchaîner les passions et de dépasser les conflits.
J’ai vibré d’amour et de peine, de douleur et d’empathie pour ce personnage secret qui restera un mystère dans mon esprit et un souvenir lumineux dans ma mémoire.
Grandiose !
Merci à toutes et à tous pour cette aventure collective
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