"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
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Quel étrange garçon que ce Garçon incassable, triste et nostalgique, il s’en dégage un souvenir diffus d’une sensibilité à fleur de peau, un frisson de mélancolie.
J’avais envie, après la lecture bouleversante de la Sainte famille (roman paru pour cette rentrée littéraire 2016), de me plonger rapidement dans un autre roman de Florence Seyvos, afin de contrôler si l’émotion serait à nouveau au rendez-vous. Et c’est bien le cas.
Le roman se décompose, pour l’essentiel, en deux histoires jamais croisées (une merveille de construction littéraire). D’une part, une évocation de la vie de Buster Keaton et d’autre part, la vie de Henri, enfant à part (handicapé), sur plusieurs années.
Quand l’auteur évoque Buster Keaton, c’est par tranches, par flashs, des instants de sa vie, avec un regard tendre et attachant. Le style reste neutre, un peu loin du sujet, sans chercher l’émotion, avec distance, cependant on va vite s’attendrir. Dans ces chapitres, Florence Seyvos déploie tout son style narratif, maitrise parfaitement son sujet, et dresse un portrait en « tragi-comédie » à l’image du personnage joué par Keaton dans ses films. Tout le talent littéraire au service du texte, pour rendre en mot, l’image que notre cerveau projette à l’évocation du nom de Buster Keaton.
Quand l’auteur, évoque la vie de Henri, c’est par touches successives, au travers du regard de sa demi-sœur, narratrice, qui va nous conduire sur les chemins de ce garçon qui envisage la vie sous un angle différent du nôtre. C’est là que la magie du roman opère, que le style prend tout son sens, ou le lecteur chemine avec le personnage. Du fait de raconter l’histoire via la demi-sœur (et non du point de vue direct de Henri), c’est sur l’attachement que joue Florence Seyvos. On sent bien que chaque pas, chaque chapitre, chaque évènement dans la vie de ce garçon complète le précédent, le dessine progressivement et nous le rend définitivement attachant. L’épisode ou Henri décide d’aller au cinéma voir le film Titanic est le cœur du livre, on frémit à chaque lignes, on s’angoisse pour lui, on est terrifié de notre monde qui lui est hostile, alors que tout le traverse et qu’on aura eu peur pour rien en fin de compte.
Ma grand-mère avait cette étrange expression : « c’est beau, mais c’est triste ». Le « mais » n’est pas approprié pour ce roman. Justement : « c’est beau, car c’est triste »
C’est extrêmement difficile d’avoir un avis tranché sur ce livre. Effectivement l’écriture est belle et les thèmes abordés sont particulièrement attendrissants. La manière dont est traitée chaque histoire, sur un ton neutre, réussit à dégager de ces récits une grande humanité. Le comportement et la destinée de ces deux personnages m’ont évoqué autant de compassion que d’admiration. Devant leurs malheurs respectifs, ils font preuve d’une persévérance et d’une résistance hors normes.
Seulement le livre est très court et le lien entre les deux histoires est infime. Ainsi bien lancé dans une des aventures, je me retrouvais brusquement frustré à chaque changement. Le fait que les histoires se succèdent par alternance, casse le rythme mais aussi l’empathie qui commençait à se créer avec les protagonistes. Chaque récit m’a réellement intéressé. La vie de Henri m’a bouleversé et impressionné. Le destin de Buster Keaton est passionnant et surprenant. Mais globalement, je ne garderai surement aucun souvenir de cette lecture dans l’avenir tant le nombre de pages est restreint et l’approfondissement des personnages quasiment illusoire. Deux livres distincts et plus étoffés auraient peut-être été nécessaires pour rendre justice à ces deux héros de leur temps.
Un roman doux, subtil. La narratrice se dévoile plus qu’elle ne le pense à travers ses recherches sur Buster Keaton et, par esprit d’escalier, vers son demi-frère, plutôt, le fils du second mari de sa mère. Henri, tel est son prénom.
Portraits croisés de deux « amochés » ? non, de deux personnages hors du commun.
Keaton, le petit garçon qui, suite à une chute mémorable, se voit surnommer Buster. Il fera de la chute son art et deviendra une grande star du muet. Henri, prognathe au développement mental interrompu, tenu d’une main très ferme par son père qui, chaque soir, dort dans un harnachement bizarre.
Ils ont plusieurs choses en commun. Un père omniprésent et aimant malgré ce qu’ils infligent à leurs enfants. Les deux se trouvent toujours sous le regard des autres. Leur fragilité qu’ils cachent mais qui est si présente et si visible, leur solitude au milieu des autres de par leurs différences. Leur propre normalité qui nous questionne sur nos normes. Ils ont également ce que Florence Seyvos appelle « petit noyau réfractaire » et qui s’appelle dignité, qui est leur beauté humaine.
Tandis que Buster ira de contrats en contrats, de films en films, ce que fera le mieux Henri, c’est attendre. C’est ce que lui dit tout le temps son père : attends.
Puis, le destin de Buster déclinera tandis qu’Henri entrera dans un CAT et prendra son indépendance.
Florence Seyvos évoque ce frère qu’elle aime, qu’elle protège sans aucune sensiblerie mais avec beaucoup de sensibilité. Elle attire notre regard sur Buster Keaton qui, pour moi, n’était qu’un rigolo du muet, sans plus. Un beau roman profond et humain sur l’attention que nous portons aux autres, notre regard sur les différences, que j’ai aimé lire.
Deux histoires en parallèle: celle de Buster Keaton, sur laquelle enquête la narratrice et celle de son demi-frère Henri, handicapé. Le père d'Henri dit des enfants qu'il faut les casser et c'est de manière dure qu'il élève son fils pour qu'il devienne autonome malgré ses nombreux problèmes. Keaton a aussi été élevé à la dure.
La narratrice aime les deux personnages et a beaucoup de tendresse pour Henri
Intéressant mais la construction du livre ne se livre pas d'emblée: pas de transitions
Entre roman et récit, l'histoire d'une étrangeté au monde, celle de Buster Keaton et, en écho, celle d'Henri, le petit frère. Deux êtres que leur fragilité a rendu invulnérables. En filigrane de ce tissage dense et subtil de deux destinées, apparaîssent la propre histoire de la narratrice, ses refus et ses effrois. Délicatement, elle nous rend témoins d'une (re)construction et c'est poignant.
A Hollywood où elle est venue pour visiter la maison de Buster Keaton, la narratrice fait un parallèle entre l'enfant de la balle, longtemps maltraité sur scène par son père et Henri, son frère ''différent'', élevé à la dure par un père qui voulait en faire un individu autonome, ''normal''. Deux enfants que la vie n'a pas épargnés mais qui sont restés droits, ont pliés sans rompre, deux enfants incassables. Deux destins tragi-comiques mais surtout deux volontés fortes, qui ne connaissent ni les lamentations, ni le découragement, ni le renoncement.
Buster, né Joseph, mais rebaptisé de ce surnom qui signifie casse-cou après une chute spectaculaire dans les escaliers à l'âge d'un an à peine. Son père, artiste de music-hall qui n'a pas encore connu son heure de gloire, entrevoit tout de suite l'exploitation possible du talent d'un fils qui semble pouvoir subir coups et chutes sans sourciller. C'est ainsi que Joseph va participer aux spectacles de ses parents, jeté, brinquebalé, catapulté sur scène, à tel point que les services sociaux vont finir par s'en inquiéter. Mais cette expérience fondatrice fera de Joseph le plus grand acteur du cinéma muet, visage impassible, flegme à tout épreuve, résistance à toutes les catastrophes.
L'éventuel point commun entre Buster et Henri, c'est un père très présent. Mais celui d'Henri ne cherche pas à l'exploiter, au contraire, il veut faire de lui, un garçon indépendant, lui ouvrir toutes les portes, allant même jusqu'à lui promettre qu'un jour il pourrait être prof de tennis. Henri était un beau gros bébé à la naissance mais, quelques heures après, un vaisseau s'est rompu dans son cerveau. Sourd aux douleurs, aveugle aux larmes, il lui fait subir les pires traitements pour le faire tenir droit, parler correctement, marcher fièrement. Henri pourtant n'est pas un enfant comme les autres, la vie ne lui a pas distribuer les bonnes cartes. Diminué physiquement et mentalement, il supporte l'inflexibilité et les tortures paternelles sans fléchir.
Dans la vie, il faut savoir faire des choix : thé ou café, mer ou montagne, chocolat ou vanille, écrire une biographie de Buster Keaton ou un livre sur mon frère Henri...Mais certains indécis ne savent s'y résoudre et nous voilà avec un livre bancal qui tente de créer un lien entre la star du cinéma muet et un enfant handicapé. Les deux parties sont certes intéressantes et émouvantes mais l'auteure passe de l'une à l'autre au petit bonheur la chance et si son édifice ne s'écroule pas, c'est bien grâce à la personnalité de ses deux héros. Buster d'abord, qui a fait rire les foules sans jamais rire lui-même. Et Henri ensuite, ce frère avec lequel elle n'est pas liée par les liens du sang puisqu'il est le fils du deuxième mari de sa mère, mais qu'elle aime de tout son cœur. C'est toute la tendresse de la sœur que l'on lit entre les lignes quand elle évoque Henri mais qui disparaît quand vient le tour de Buster. La vie de l'artiste est passionnante mais la narration en est forcément plus distanciée et manque donc d'émotion. Les deux vies se mêlent, sans réelle harmonie, et sans que l'on comprenne le choix de Florence SEYVOS de les relier. Deux bonnes idées qui auraient mérité d'être traitées séparément, pourquoi pas sous forme de nouvelles ?
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