"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
2 août 1914. Le vigneron Eugène Bouret quitte Dijon pour rejoindre la 1ère armée, qui passe à l'offensive en Alsace annexée. Le 29 août, au col vosgien d'Anozel, la déflagration d'un obus allemand signe sa perte. Touché par le souffle de l'explosion, Eugène Bouret perd la raison. Le médecin du régiment diagnostique un état de démence par commotion cérébrale et l'évacue vers une antenne sanitaire. En état de choc, Eugène s'égare et erre à l'arrière du front. Devant son attitude suspecte, un capitaine d'infanterie l'arrête. Le 7 septembre 1914, jugé expéditivement par un Conseil de guerre, Eugène Bouret est fusillé pour abandon de poste en présence de l'ennemi. Victime d'une effroyable erreur judiciaire, il est réhabilité en 1917, au moment même où les mutineries aboutissent à l'exécution d'une soixantaine de fusillés pour l'exemple. Didier Callabre et Gilles Vauclair retracent ici l'histoire de cette erreur judiciaire, la bataille menée pour la réhabilitation, et nous livrent une véritable enquête sur la justice militaire de la Première Guerre mondiale. Le destin d'Eugène Bouret incarne la violence de cette justice d'exception qui n'a pas attendu les mutineries de 1917 pour faire rage. En réalité, celle-ci a été appliquée dès les premiers temps du conflit, avant même la bataille de la Marne, lorsque l'état-major craignait de voir les hommes fléchir et redoutait de revivre la déroute de 1870.
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