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La photographe italienne, Giorgia Fiorio, qui a participé pour le projet «Le Don» à la finale du prestigieux Eugene Smith Award, a entrepris, depuis 2000, une recherche exhaustive et planétaire sur les manifestations contemporaines des croyances spirituelles.
Quelle force entraîne les foules de pèlerins à travers les hautes montagnes et l'étendue infinie des déserts? Qu'ont donc en commun ceux qui lèvent les mains au ciel et ceux qui frappent le front contre le sol? Pourquoi certains sont-ils nus et d'autres couverts jusqu'aux yeux, d'autres rasés, polis comme des amandes, ou bien avec des cheveux longs mêlés à la barbe dans d'immenses turban? Qui habite les corps transpercés des flagellants, qui les membres couverts de cendre, qui se cache sous la peau, peinte ou tatouée de dessins enchevêtrés, qui derrière les masques, qui derrière le voile? L'extase, la transe, la contemplation et la méditation mènent-elles à une prescription indicible de la mort, ou bien à une réalité physique déchirante? A travers l'expérience directe, sans intentions encyclopédiques, j'ai pendant neuf ans suivi la voie d'un projet photographique autour d'un cheminement personnel: «le don» [the gift]. Ainsi s'exprime la photographe italienne, Giorgia Fiorio, à propos du long travail d'enquête et de reportage sur les formes de croyance et les rites des spiritualités contemporaines qu'elle a mené à travers le monde. Fidèle à sa démarche - on se souvient de son travail d'une décennie sur les communautés masculines fermées -, elle a parcouru plusieurs continents, s'est imprégnée de nombreuses cultures, pour recenser et questionner les manifestations de diverses communautés humaines dans leur relation au sacré. Religions monothéistes, taoïsme, bouddhisme, hindouisme, groupes animistes, chamanistes, initiatiques, toutes les spiritualités sont convoquées par la photographe sans a priori ou hiérarchie.
Ethiopie, Pologne, Philippines, Haïti, Inde, Tibet, Birmanie, Thaïlande, Afrique, Océanie: à travers peuples et continents se dévoile un panorama saisissant des rites protéiformes de la ferveur humaine à l'aube d'un nouveau siècle. Les visions du «corps priant», de ses gestes, de ses postures, de ses transes, sont les indices qui guident Giorgia Fiorio dans son approche des rituels. Rituels complexes, éprouvants, dans lesquels la plastique des corps en mouvement se teinte sous le regard de la photographe d'une dimension métaphysique.
Impliquée elle-même dans cette quête de sens, Giorgia Fiorio ne porte aucun jugement, ne tire aucune conclusion de sa démarche ; elle constate admirablement ce qui est, convaincue que l'épaisseur des mystères mis en jeu ne saurait occulter l'extraordinaire richesse d'un patrimoine propre au genre humain et à l'histoire de ses civilisations.
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