"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Après la révélation Tout ce qui est solide se dissout dans l'air, lauréat du Prix Lire-L'Express du Premier roman étranger, Darragh McKeon revient avec une oeuvre puissante qui raconte les cicatrices que l'Histoire laisse dans les coeurs et les esprits.
Dans une rue de New York, Simon s'effondre, pris d'une violente crise d'épilepsie. Il n'en avait plus fait depuis près de trente ans. Alors qu'il attend l'opération qui viendra le soulager, Simon comprend que sa propre réparation passe par l'exploration de l'événement qui a marqué sa vie.
Le 8 novembre 1987, pendant le Dimanche du souvenir, un attentat de l'IRA faisait onze morts et soixante-trois blessés dans la ville d'Enniskillen.
Simon avait quinze ans. Il rêvait de fuir cette Irlande taiseuse, marquée par la violence.
De l'autre côté de la frontière, un autre garçon rêvait aussi d'échapper à son destin.
L'un deviendra victime, l'autre sera bourreau, mais tous deux porteront en eux la tragédie nord-irlandaise...
Simon, la cinquantaine, a quitté l'Irlande dans sa jeunesse et vit aujourd'hui à New-York. Il vient de subir une opération du cerveau pour en finir avec ses crises d'épilepsie. Sur la vidéo de l'intervention qui lui a été remise, il s'entend murmurer une phrase : « Comment tu t'appelles fiston ? ». Cette phrase qu'il entend à chaque crise. Ces crises qui ont débuté à l'âge de 15 ans juste après l'attentat du 8 novembre 1987 perpétré par l'IRA dans la ville nord-irlandaise d'Enniskillen durant le Dimanche du souvenir où Simon était présent avec son père.
Sa mémoire nous emmène sur les traces de son enfance dans la ferme familiale à Lisnarick Irlande. Une enfance meurtrie par le décès de sa mère atteinte d'un cancer puis par cette attaque à laquelle il va chercher un sens en imaginant la vie du bourreau à qui il attribue la phrase fatidique qu'il a entendue un jour et qu'il continue d'entendre à chaque crise « Comment tu t'appelles fiston ? ».
Ce roman retrace bien entendu l'histoire des Troubles survenus dans le pays vers 1970 et qui ont pris de l'ampleur en 1981 après le décès de Bobby Sands des suites d'une grève de la faim. Mais c'est surtout de vies chamboulées par le conflit nord-irlandais dont il s'agit ici. Des vies marquées à jamais par le traumatisme et par la culpabilité qui n'est pas toujours du côté que l'on croit.
Cette approche romanesque pour imaginer les vies ordinaires d'une victime et d'un bourreau dans les moments qui ont précédé l'épisode tragique du Dimanche du souvenir est habile et extrêmement crédible grâce à un grand sens du détail qui nous fait pénétrer dans le quotidien et l'intimité des personnages. Deux personnages opposés en apparence mais qui ont finalement des similitudes.
C'est une belle découverte pour ce roman qui ne porte aucun jugement, perpétue le souvenir et ouvre à la réflexion.
« Qu'il y a-t-il de lui en moi, qu'y a-t-il de moi en lui ? » est la citation de Brian Keenan qui ouvre ce roman.
Ce roman ne porte aucun jugement et nous place des deux côtés de la barrière, nous obligeant à réfléchir, entre autres, sur la radicalisation et les motivations qui poussent parfois à commettre des actes irréparables.
Ce roman aborde le terrorisme et notamment la période des Troubles en Irlande du Nord. Immergés dans le climat de guerre civile, de méfiance, de tensions, les personnages évoluent dans leur vie quotidienne, une vie dont ils cherchent tous à s'échapper.
Pendant une première partie c'est Simon et ses traumatismes que l'on suit dans les méandres de ses souvenirs et de sa mémoire, cherchant une explication à cette présence qui l'oppresse et qui semble à l'origine de ses crises d'épilepsie. C'est la plongée dans son enfance et surtout dans le souvenir de l'attentat commis lors du dimanche du souvenir. Scène apocalyptique puissamment détaillée. Puis sans le comprendre on change de personnage pour suivre Brendan, jeune homme engagé qui se bat pour ses valeurs et son pays. Leurs destins vont se croiser sans que le lecteur ne le voit venir.
C'est un texte qui semble simple et narratif mais qui exprime toute la souffrance de la population, notamment des jeunes lors de ces tensions, qui exprime les traumatismes cachés qu'engendre cette violence. Quand le corps évacue ce vécu, quand le cerveau s'empare de la réalité vécue. C'est une véritable réflexion et ouverture sur les blessure de l'âme lors d'épisodes historiques qui ne laisse pas indifférent.
#DarraghMcKeon #NetGalleyFrance !
La vie de Simon Hancon changea en ce dimanche du souvenir de 1987. Ce jour-là, l’IRA fit exploser une bombe à Enniskillen en Irlande du Nord, sur le parcours de la commémoration pour les soldats britanniques morts pendant les deux guerres mondiales. Si Simon, 15 ans, assistait au défilé, ce n’est pas l’attentat lui-même qui fut l’évènement déclencheur de son trouble épileptique. Car son traumatisme vint de sa rencontre fortuite avec le terroriste quelques jours avant, alors qu’il bivouaquait avec son amie sur l’île où était cachée la bombe.
Aujourd’hui à 49 ans, vivant à New-York où il tente d’exercer sa profession d’architecte entre deux crises d’épilepsie, il écrit l’histoire de sa vie dans la ferme familiale et imagine celle de Brendan, l’activiste républicain de l’IRA qui le hante depuis 35 ans.
Ce roman raconte l’avant et l’après de cet attentat, passant de l’enfance du narrateur à celle du présumé terroriste.
L’auteur Darragh McKeon, avec ce deuxième roman passionnant, fait preuve d’une maitrise parfaite de cette narration très originale et j’ai trouvé les deux histoires et ce qui les lie, tout à fait captivant.
Il parle à la fois de cette maladie neurologique qu’est l’épilepsie de façon très experte mais il retrace également le conflit d’Irlande du Nord avec une compréhension intérieure du phénomène, nous plongeant dans le vécu de ses acteurs.
J’ai tout aimé dans ce roman, le jeu de temporalité, les deux thèmes qui interagissent, l’imagination libératrice de l’écrivain, l’engagement social des activistes, l’engrenage de ces Troubles que l’auteur nous raconte avec beaucoup de justesse.
Son style d’écriture est léger malgré la gravité du sujet et j’ai dévoré ce livre comme un roman à suspens, le refermant avec beaucoup d’émotion et le sentiment d’avoir appris tant de choses qui m’étaient inconnues.
Un roman à découvrir absolument.
L’homme qui se confie est épileptique. Simon Hanlon, un irlandais âgé de quarante-neuf ans, célibataire et sans enfant vit à New-york. Il est sur le point de subir une intervention chirurgicale à haut risque, destinée à le soulager. Au décours de l’intervention, alors que le chirurgien lui fait subir quelques tests de mémoire, après les premières réponses adaptées, sort de sa bouche une curieuse formule « comantapelfison », qui le remplit de terreur !
Revenant sur son enfance, il se souvient, et transporte le lecteur avec lui en Irlande, dans les années où la guerre fait rage dans le pays. Il se souvient particulièrement d’un attentat, qui s’est produit lors du dimanche du souvenir, jour de commémoration des soldats britanniques morts au cours des deux guerres mondiales et des conflits suivants.
L’évocation de cette période tragique de l’histoire de ce pays se mêle à l’analyse de la fragilité des phénomènes de mémorisation, de l’interprétation que nous en faisons à distance et du montage a postériori que nos processus mentaux établissent. L’impact d’un traumatisme ajoute encore un facteur perturbant la fiabilité de ce processus mental.
Le roman explore ainsi des pistes très différentes les unes des autres, avec au coeur du sujet, la mémoire. Mêlant la grande Histoire et la petite, celle qui met du sens dans notre parcours personnel, le roman est à la fois pédagogique et intéressant.
240 pages 24 Août 2023 Belfond
Simon est un architecte irlandais d'une quarantaine d'année. Il est parti vivre à New York pour échapper à son passé. Il a vécu toute son adolescence pendant les troubles qui ont eu lieu en Irlande du nord. Aujourd'hui il est divorcé et subit de nouvelles crises d'épilepsie alors qu'il n'en avait plus fait depuis longtemps. Ces crises vont le ramener à ses 15 ans plus exactement au 8 novembre 1987. Jour d'un attentat terroriste de l’IRA dans son village pendant la célébration du Dimanche du souvenir. Débute alors une introspection sur son enfance et les événements qui s'y sont déroulés.
Un roman que l'on pourrait qualifier d'historique puisqu'il reprend des dates importantes, des actions de l'IRA et du processus de paix qui s'en suivi dans les années 1990. Pourtant très vite on va s'attacher à suivre deux personnages de fiction, une victime et un bourreau. Les deux points de vue s'expriment et on attend avec impatience que les arcs narratifs se rencontrent. Un second roman qui nous parle de l'Irlande et des irlandais, éleveurs de mouton, ou dockers, durs à la tâche, bouseux, taiseux n'ayant pas peur de la violence. On arrive à sentir dans les descriptions des personnages l'attachement à la terre, à la patrie. Un roman passionnant qui reprend la période des troubles qui secoua l'Irlande du nord avec des répercussions dans le cœur de ceux qui l'ont vécu. Le pays porte toujours les stigmates de ce conflit fratricide. Un roman puissant qui nous parle des petites gens et de leur destin à jamais brisé. A leur côté on vit cette période de tensions extrêmes entre les républicains/nationalistes majoritairement catholiques et les unionistes/loyalistes majoritairement protestants. Une plume intimiste à découvrir. Bonne lecture.
http://latelierdelitote.canalblog.com/archives/2023/08/23/39980376.html
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