"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
J’ai été étonné de suivre Evgueny à l’ouverture de ce roman : jeune prodige du piano qui se fait martyriser par ses camarades de classe.
J’ai aimé suivre son évolution et sa vie dans le Moscou d’avant la chute du mur : le petit appartement que sa mère et lui partagent avec la tante Maria. Sa mère qui fait du repassage en plus pour gagner quelques kopecks supplémentaires.
J’ai eu plus de mal avec Maria, ancienne journaliste travaillant dans une usine, son ex-mari et elle étant séparés.
J’ai aimé suivre son ex-mari Grigori depuis son poste de chirurgien dans un hôpital moscovite jusqu’à son travail avec les habitants de Tchernobyl après l’explosion de la centrale.
J’ai aimé retrouver la bureaucratie socialiste pour laquelle aucun accident n’arrivera jamais ; l’incurie des hommes politiques et haut placés qui ne pensent qu’à ne pas faire de vague.
J’ai été étonné de lire que personne à Moscou n’était au courant de la catastrophe. Rien n’a changé dans ce pays.
Si j’ai adhéré au propos, je dois dire que l’histoire d’amour ne m’a pas emballé, et que certains remplissages m’ont paru inutiles (les descriptions d’opérations chirurgicales entre autre).
Mais j’ai lu avec regret certaines choses et êtres solides se disolvant dans l’air.
Quelques citations :
dans cet endroit où les idéologies, les systèmes politiques, la hiérarchie, les dogmes ne sont plus que des mots creux qui appartiennent à des dossiers relégués dans des bureaux poussiéreux. p.219
il y avait beaucoup de gens, pour la plupart des membres éminents du Parti, qui avaient besoin d’un lavage gastrique parce qu’ils avaient avalé trop de comprimés d’iode. p.381
L’image que je retiendrai :
Celle du jeune garçon de Pripyat à qui Grigori confit un chien blessé.
https://alexmotamots.fr/tout-ce-qui-est-solide-se-dissout-dans-lair-darragh-mckeon/
Simon, la cinquantaine, a quitté l'Irlande dans sa jeunesse et vit aujourd'hui à New-York. Il vient de subir une opération du cerveau pour en finir avec ses crises d'épilepsie. Sur la vidéo de l'intervention qui lui a été remise, il s'entend murmurer une phrase : « Comment tu t'appelles fiston ? ». Cette phrase qu'il entend à chaque crise. Ces crises qui ont débuté à l'âge de 15 ans juste après l'attentat du 8 novembre 1987 perpétré par l'IRA dans la ville nord-irlandaise d'Enniskillen durant le Dimanche du souvenir où Simon était présent avec son père.
Sa mémoire nous emmène sur les traces de son enfance dans la ferme familiale à Lisnarick Irlande. Une enfance meurtrie par le décès de sa mère atteinte d'un cancer puis par cette attaque à laquelle il va chercher un sens en imaginant la vie du bourreau à qui il attribue la phrase fatidique qu'il a entendue un jour et qu'il continue d'entendre à chaque crise « Comment tu t'appelles fiston ? ».
Ce roman retrace bien entendu l'histoire des Troubles survenus dans le pays vers 1970 et qui ont pris de l'ampleur en 1981 après le décès de Bobby Sands des suites d'une grève de la faim. Mais c'est surtout de vies chamboulées par le conflit nord-irlandais dont il s'agit ici. Des vies marquées à jamais par le traumatisme et par la culpabilité qui n'est pas toujours du côté que l'on croit.
Cette approche romanesque pour imaginer les vies ordinaires d'une victime et d'un bourreau dans les moments qui ont précédé l'épisode tragique du Dimanche du souvenir est habile et extrêmement crédible grâce à un grand sens du détail qui nous fait pénétrer dans le quotidien et l'intimité des personnages. Deux personnages opposés en apparence mais qui ont finalement des similitudes.
C'est une belle découverte pour ce roman qui ne porte aucun jugement, perpétue le souvenir et ouvre à la réflexion.
« Qu'il y a-t-il de lui en moi, qu'y a-t-il de moi en lui ? » est la citation de Brian Keenan qui ouvre ce roman.
Ce roman ne porte aucun jugement et nous place des deux côtés de la barrière, nous obligeant à réfléchir, entre autres, sur la radicalisation et les motivations qui poussent parfois à commettre des actes irréparables.
Ce roman aborde le terrorisme et notamment la période des Troubles en Irlande du Nord. Immergés dans le climat de guerre civile, de méfiance, de tensions, les personnages évoluent dans leur vie quotidienne, une vie dont ils cherchent tous à s'échapper.
Pendant une première partie c'est Simon et ses traumatismes que l'on suit dans les méandres de ses souvenirs et de sa mémoire, cherchant une explication à cette présence qui l'oppresse et qui semble à l'origine de ses crises d'épilepsie. C'est la plongée dans son enfance et surtout dans le souvenir de l'attentat commis lors du dimanche du souvenir. Scène apocalyptique puissamment détaillée. Puis sans le comprendre on change de personnage pour suivre Brendan, jeune homme engagé qui se bat pour ses valeurs et son pays. Leurs destins vont se croiser sans que le lecteur ne le voit venir.
C'est un texte qui semble simple et narratif mais qui exprime toute la souffrance de la population, notamment des jeunes lors de ces tensions, qui exprime les traumatismes cachés qu'engendre cette violence. Quand le corps évacue ce vécu, quand le cerveau s'empare de la réalité vécue. C'est une véritable réflexion et ouverture sur les blessure de l'âme lors d'épisodes historiques qui ne laisse pas indifférent.
#DarraghMcKeon #NetGalleyFrance !
La vie de Simon Hancon changea en ce dimanche du souvenir de 1987. Ce jour-là, l’IRA fit exploser une bombe à Enniskillen en Irlande du Nord, sur le parcours de la commémoration pour les soldats britanniques morts pendant les deux guerres mondiales. Si Simon, 15 ans, assistait au défilé, ce n’est pas l’attentat lui-même qui fut l’évènement déclencheur de son trouble épileptique. Car son traumatisme vint de sa rencontre fortuite avec le terroriste quelques jours avant, alors qu’il bivouaquait avec son amie sur l’île où était cachée la bombe.
Aujourd’hui à 49 ans, vivant à New-York où il tente d’exercer sa profession d’architecte entre deux crises d’épilepsie, il écrit l’histoire de sa vie dans la ferme familiale et imagine celle de Brendan, l’activiste républicain de l’IRA qui le hante depuis 35 ans.
Ce roman raconte l’avant et l’après de cet attentat, passant de l’enfance du narrateur à celle du présumé terroriste.
L’auteur Darragh McKeon, avec ce deuxième roman passionnant, fait preuve d’une maitrise parfaite de cette narration très originale et j’ai trouvé les deux histoires et ce qui les lie, tout à fait captivant.
Il parle à la fois de cette maladie neurologique qu’est l’épilepsie de façon très experte mais il retrace également le conflit d’Irlande du Nord avec une compréhension intérieure du phénomène, nous plongeant dans le vécu de ses acteurs.
J’ai tout aimé dans ce roman, le jeu de temporalité, les deux thèmes qui interagissent, l’imagination libératrice de l’écrivain, l’engagement social des activistes, l’engrenage de ces Troubles que l’auteur nous raconte avec beaucoup de justesse.
Son style d’écriture est léger malgré la gravité du sujet et j’ai dévoré ce livre comme un roman à suspens, le refermant avec beaucoup d’émotion et le sentiment d’avoir appris tant de choses qui m’étaient inconnues.
Un roman à découvrir absolument.
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