"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
De nos jours, pas évident de lire Le Cid, quand on a treize ans ! Et pourtant, malgré les 382 ans qui les séparent, Chimène, Rodrigue et Don Diègue ne sont pas si éloignés de Naomy, Sarah-Lou, Brandon, Amine et de leurs acolytes !
Bienvenue dans le huis-clos de la salle de classe de 4e B. Entre frictions, moments de grâce, inepties et traits d'esprit, les élèves vont peu à peu apprivoiser la pièce et son langage suranné, à l'image de Lou qui s'exclame désormais "M'dame, quel outrage infâme, on m'a pris mon quatre couleurs !".
L'auteure, enseignante de Français au collège, livre ici le récit d'un apprentissage ardu mais non sans piquant, où les plus classiques ne sont pas forcément ceux que l'on croit !
Une bande dessinée tout public, plein d'humour et d'enseignements !
Franchement, si vous n'avez aucune idée de la façon dont se déroule un cours de français en 4e, notamment lorsqu'on se propose d'étudier un classique, le Cid par exemple, eh bien lisez « Le Cid en 4e » de Véropée (scénario et dessins) et Philippe Marlu (couleurs). Et vous saurez !
C'est exactement ça ! Le vivre est une chose, pas toujours amusante d'ailleurs, mais le lire crée une distance qui a libéré chez moi un nombre incalculable de fous rires… Tout y est (l'autrice est prof de lettres) : un vocabulaire qu'ils ne comprennent pas et donc un cours qui part en vrille « Chimène : Ne déguises-tu rien de ce qu'a dit mon père ? Commentaires des gamins : « c'est l'père qui s'déguise ?/ C'est un travelo ?/ Moi j'aime que les mecs virils/ Ça s'fait paaas ! », le gamin qui n'enlève jamais sa veste ; la syntaxe plus qu'approximative : « La Prof : Nelson, tu as oublié ton agenda ! L'élève : C'est pas grave ! Sinon j'vais rater mon bus. Je m'souviens c'est quoi qu'il faut écrire ! » ; tous les doigts qui se lèvent en même temps dès qu'une consigne est donnée « J'ai rien compris/ On peut l'faire en groupe ?/ On peut travailler à deux ?/ C'est où qu'on met la pointe ?/ Dans ton cul/ On peut écrire sur la feuille ?/ Faut l'faire au crayon à papier ? / C'est grave si on se trompe ?/ Le rouge, c'est pour l'amour ? » ; les a priori : « Ça a l'air tout nul, « Le Cid »/ Mais graaaaave ! » ; les anachronismes : « Bah, l'mec, tu vas chez lui, tu l'assassines/ À la mitrailleuse ! Casa de Papel ! » ; les obscénités (pardon mais ça me fait rire - uniquement quand je les lis) ; les commentaires « techniques » : « On va les voir se battre ?/Chut, elle a allumé le vidéoprojecteur/ Vas-y, fermez les volets !/ Ouais, Idriss les volets !/ Madame, vous pouvez mettre en plein écran? », leurs difficultés à comprendre les mœurs d'une époque reculée (notamment ici la question de l'honneur) « Mourir à cause d'une gifle, c'est abusé »
C'est du vécu et tout y est… (et en plus, à la fin du livre, vous avez des extraits de la pièce et un petit glossaire bien pratique pour ceux qui ne sauraient pas ce qu'est une micheto qui se tape des barres… Rien de tel pour s'enjailler, askip...)
Ça faisait longtemps que je n'avais pas ri autant… Par contre, dans un mois, quand nous commencerons l'étude de l'oeuvre, je ne dirai pas la même chose… Je vais peut-être quand même leur faire lire cette BD… pour voir ce que crée chez eux l'effet « miroir »…
Finalement, je crois que je vais bien m'amuser...
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