Un aperçu jour par jour du grand rendez-vous de la rentrée littéraire...
Un aperçu jour par jour du grand rendez-vous de la rentrée littéraire...
Ce chant du monde mis en images est juste sublime.
Il y a le respect du livre et de sa chronologie.
Matelot vieux bûcheron a besoin d’aide son besson n’est pas revenu, il était parti couper des arbres dont il devait acheminer les troncs avec un radeau. S’est-il noyé ? L’angoisse ronge ces deux vieux qui n’ont plus que lui. Mais avec le grand âge, on a besoin d’aide, pour cela le Matelot fait appel à Antonio, pêcheur, homme de la nature, libre comme elle.
Antonio organise les recherches, pour cela il décide que Matelot et lui remonteront le fleuve chacun d’un côté, ainsi ils ne pourront pas passer à côté d’un corps ou d’un radeau en dérivation.
Mais leur quête les mène tout droit dans une chasse à l’homme.
Maudru gros propriétaire d’une manaderie, a mis tous ses bouviers aux trousses d’un couple.
L’homme à abattre est le besson, la fille c’est ma sienne Gina, il l’avait promise à son neveu. Les amoureux s’enfuient.
Voilà pour l’histoire.
L’album s’ouvre sur une double page d’une nature sublime, omniprésente et des hommes portent des vestes marquées d’un M, comme des bêtes marquées. Un jeune couple essaie de leur échapper.
Lui à la crinière flamboyante et elle belle brune piquante au caractère bien trempé.
Ils ont l’attitude du gibier traqué.
Le lecteur est imprégné par l’osmose qui se dégage des aquarelles et la force du texte de Giono.
Il y a la chasse à l’homme et sa barbarie, la fraternité entre Matelot et Antonio, cette entraide spontanée.
Les vieux ont le visage buriné par l’angoisse, la mère le buste affaissé, les mains tordues par l’inquiétude et ce regard sur Antonio, le sauveur.
Tous ses sentiments passent subtilement dans le dessin et les couleurs choisies.
Les méchants, visages fermés, patibulaires de ceux qui ont l’habitude de courber l’échine depuis longtemps.
Maudru est un gueulard entouré de serviles qui doivent suivre une seule consigne : « Regarder et surtout voir. Et voir clair. »
Antonio est lumineux, c’est un hymne à la nature, car il la connait et la vénère.
La nature est sauvage mais bienveillante avec ceux qui la respecte.
Les hommes sont violents, il y a de la démesure dans cette folie.
Tout est mis en œuvre, ce n’est pas une simple mise en scène du roman de Giono. La quintessence de l’œuvre épique et poétique est là, à nous éblouir.
J’aime que l’art de la BD s’empare de nos classiques car cela permettra à la jeune génération de s’emparer de ces romans.
Comme une envie de relire Giono…
©Chantal Lafon
Remarquable récit graphique.
Par ses dessins et aquarelles exceptionnels, Jacques Ferrandez restitue avec talent l’atmosphère de cette aventure western provençal signé Giono, aux multiples péripéties au sein d’une nature alpine sauvage.
Une merveille vient de s’ajouter à ma bibliothèque.
C’est un vrai plaisir de lire, d’apprécier, de détailler cette fidèle adaptation du roman de Jean Giono, Le Chant du monde, une nouvelle réussite signée Jacques Ferrandez. Excellent dessinateur, il s’est imprégné du texte et a fait beaucoup de repérages pour réussir à représenter des paysages dont Giono ne précise jamais les noms exacts. On pense, bien sûr, à la Durance, pour le fleuve, à Sisteron, pour Villevieille mais l’ensemble est très alpin avec des saisons très marquées et remarquablement dessinées.
L’histoire que Giono qualifiait de feuilleton paysan, fait penser à un western, genre que prisait beaucoup celui qui est né (1895) et qui est mort à Manosque (1970). D’ailleurs, la scène d’ouverture, avec une chasse à l’homme effrayante, les troupeaux, les hommes à cheval, tout cela colle bien à ce type de film.
Cheveux rouges, appelé aussi le besson, a séduit Gina, la fille de Maudru, le grand propriétaire terrien de la région et ils fuient tous les deux. En même temps, Antonio est envoyé à la recherche du besson par sa mère. Son mari, Matelot, l’accompagne et ils remontent le fleuve car l’amant de Gina devait convoyer du bois flotté depuis le haut pays…
Voilà qu’Antonio tombe amoureux de Clara, jeune femme aveugle qu’il a sauvée alors qu’elle accouchait, seule, en pleine forêt. C’est lui le principal héros de l’histoire qui nous fait connaître Toussaint, fameux guérisseur de Villevieille, oncle du besson.
Ce roman graphique est beau, impressionnant, prenant et passionnant avec des couleurs parfaitement adaptées aux différents temps du récit. Qu’elles sont belles ces pages avec le fleuve et les montagnes en été, en hiver aussi et on se déplace dans la neige chaussé de raquettes ou équipé de skis !
Femmes et hommes, jeunes ou vieux, sont beaux avec des visages trahissant le vrai caractère de chacun. Jacques Ferrandez que j’ai connu avec ses fameux Carnets d’Orient, est un artiste qui compte dans le paysage de la bande dessinée et c’est bien, qu’après avoir adapté trois romans d’Albert Camus, il ait travaillé sur cette œuvre de Jean Giono dont on va marquer, l’an prochain, le cinquantenaire de la mort. Les occasions de découvrir ou de redécouvrir ce grand écrivain ne manqueront pas !
Adapter Le chant du monde, roman de Jean Giono publié en 1934, en bande dessinée, c'est ce que vient de réaliser, Jacques Ferrandez. L'enjeu était de taille et c'est une bien belle réussite qu'il nous offre.
Roman d'aventure, véritable épopée, où Matelot, ancien marin, vieux bûcheron qui vit de l'exploitation de la forêt avec son fils "aux cheveux rouges" surnommé le besson part avec Antonio, jeune pêcheur appelé "homme du fleuve" ou "Bouche d'or" car il sait parler et séduire. Ils vont à la recherche de ce fils. Celui-ci, en fait, a enlevé Gina, la fille de Maudru, maître du haut-pays et des troupeaux de taureaux, destinée à un autre.
Jacques Ferrandez est resté fidèle à l'histoire, aux personnages et aux dialogues du roman de Giono. Il a su, par ses dessins, représenter les paysages du roman de façon plus que convaincante. La représentation de Villevieille calquée sur la cité de Sisteron est magnifique et le cadre montagnard choisi tout aussi beau. Les aquarelles représentant les trois saisons traversées, l'automne, l'hiver et le printemps sont de toute beauté et donnent vie et sensualité à cette nature. Quant aux personnages, ils sont vrais et leurs caractères ou leurs sentiments, l'amour comme la haine sont bien représentés (seul petit bémol pour moi, la ressemblance entre Antonio et "cheveux rouges").
Dans ce roman graphique, à l'allure de western, les scènes d'action très réalistes se succèdent de manière soutenue. Lorsque le feu dévorera la propriété de Maudru, ce sera une véritable explosion de teintes cuivrées pour représenter les taureaux et les hommes sur lesquelles vont s'inscrire des onomatopées de plus ou moins grande taille : les cris de ces hommes et de ces bêtes effrayées jaillissent des flammes.
L'auteur de cette bande dessinée a su recréer l'univers de Giono de façon magistrale. Dans ce récit d'aventure les hommes et la nature font corps et la langue de Giono associée aux aquarelles de Ferrandez donne une nouvelle vie à ce roman Le chant du monde, une vie magnifiée, à mon avis.
À noter qu'en postface, un texte de Jacques Mény (Président des Amis de Jean Giono) accompagné de plusieurs esquisses relate ce qu'a été ce livre de Giono au cinéma, au théâtre et enfin la démarche de Jacques Ferrandez pour aboutir à cet excellent album que je ne saurais trop recommander.
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