Le titre est celui d'un poème de William Blake, où le poète, en brisant le cabinet de cristal dans lequel il était enfermé pour son plus grand bonheur, voit s'évanouir tout un monde merveilleux. De la même façon, Mary Butts assistera à la défiguration des lieux enchantés de son enfance - Salterns, le domaine familial du Dorsetshire où elle est née et a grandi dans un milieu aristocratique et cultivé. Il s'agit donc d'un livre de souvenirs, depuis la plus tendre enfance de l'auteur jusqu'à son adolescence. Mary Butts y évoque son extraordinaire relation à la nature, son enchantement et ses peurs lorsqu'elle parcourt la lande, les bois, la côte, son attirance pour le surnaturel aussi. En de courts chapitres pleins d'anecdotes cocasses ou pathétiques, elle conte ses jeux d'enfant solitaire et inventive, ses frictions avec le monde des adultes, elle mentionne les livres qui ont nourri son imagination. De sorte que, outre son charme propre - car Mary Butts a l'art de retrouver et de recréer ses perceptions enfantines, ce livre nous éclaire sur sa personnalité d'écrivain, nous informe de sa passion très précoce pour les mots. Après la mort de son père (elle n'avait que quatorze ans), deux événements marquèrent de manière dramatique et symbolique la fin de ce monde ; la vente par sa mère des gravures de Blake et la destruction par le feu des livres de son père. " De cette perte, de ce changement pitoyable, ce livre est le récit ", écrit-elle dans le Cabinet de cristal.
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