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Le bar du caïman noir

Couverture du livre « Le bar du caïman noir » de Denis Humbert aux éditions Presses De La Cite
Résumé:

Guyane, la jungle, la fièvre de l´or. Des hommes et des femmes en attente d´un second souffle se retrouvent dans ce bout du monde avant et après « le jour où c´est arrivé »...


« Ceux qu´il allait rencontrer dans quelques minutes étaient plus dangereux. Ils ne savaient rien de la République.... Voir plus

Guyane, la jungle, la fièvre de l´or. Des hommes et des femmes en attente d´un second souffle se retrouvent dans ce bout du monde avant et après « le jour où c´est arrivé »...


« Ceux qu´il allait rencontrer dans quelques minutes étaient plus dangereux. Ils ne savaient rien de la République. Ils n´étaient peut-être pas plus nuisibles, mais plus dangereux, ça c´était sûr. Frantz crache à nouveau dans le flot trouble où l´étrave de la pirogue trace son sillon. Il doit couper le moteur car un arbre est tombé récemment au milieu de la crique. A l´aide d´un sabre d´abattis long comme le bras, il ouvre un passage sous une grosse branche et hale le bateau dans la trouée. Les feuilles caressent bruyamment les barils et les caisses recouverts d´une bâche de plastique qui a dû un jour être bleue. Ne t´énerve pas, murmure-t-il à un passager fantôme. C´est toujours la même chose. N´y pense plus. On ne peut pas gagner la guerre contre les orpailleurs. Pas tout de suite, quoi que raconte le sous-préfet. Les garimpeiros n´ont rien à perdre. Pour l´instant tu as besoin d´eux. N´y pense plus, un jour les tiens te remercieront. » La Guyane, de nos jours.

Il y a Frantz, l´Amérindien, piroguier, qui dans l´ombre attend son heure pour sauver sa forêt, aider son peuple, « du moins ce qu´il en reste ».

Thomas, l´ex-riche homme d´affaires, exilé volontaire histoire de faire oublier ses affaires véreuses et reconverti en tenancier du bar du Caïman noir...

Sofia, la prostituée brésilienne, prête à tout pour rentrer chez elle...

Alia, la brillante scientifique fascinée par les insectes parasites, en mission...

Le docteur Charpentier, seul dans son dispensaire, qui a perdu toutes ses illusions...

Autour, dans la moiteur et l´enfer vert de la jungle, les garimpeiros, dans leur quête frénétique de l´or... Et, guettant leurs faits et gestes, caporal Bob et ses recrues...

Tout ce monde brassé, quelques-uns en fin de course, d´autres « en quête de », se croise - ou pas - au bar du Caïman noir avant et après « le jour où c´est arrivé »...

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Avis (1)

  • Denis Humbert a plein de très bonnes idées dans ce roman. D'abord le titre de ses chapitres : "Un an avant le jour où c'est arrivé", puis, "Huit mois avant le jour où c'est arrivé" jusqu'au dernier intitulé logiquement : "Le jour où c'est arrivé". En tout, dix chapitres en comptant le petit...
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    Denis Humbert a plein de très bonnes idées dans ce roman. D'abord le titre de ses chapitres : "Un an avant le jour où c'est arrivé", puis, "Huit mois avant le jour où c'est arrivé" jusqu'au dernier intitulé logiquement : "Le jour où c'est arrivé". En tout, dix chapitres en comptant le petit prologue : "Le lendemain du jour où c'est arrivé". Et voilà le lecteur ferré, conscient qu'il va se passer quelque chose. Le suspense, même s'il n'est pas le ressort principal du livre monte progressivement.
    Ensuite, le paysage, la moiteur du climat, la forêt amazonienne, le coin perdu au bout de nulle part, un bar improbable comme on peut en voir dans de vieux films états-uniens, en bois dans lequel viennent se réfugier des hommes et des femmes en attente de changement ou bien au contraire des gens qui n'attendent plus rien de leur vie : "... cet endroit n'était rien d'autre qu'un cloaque putride, un mouroir marécageux infesté de moustiques. [...) Il faudrait s'en accommoder. Serrer les dents et faire bonne figure, supporter cette moiteur perpétuelle et ce sentiment d'être en train de glisser dans le conduit d'un vide-ordures." (p.78) Le livre est très imprégné de cette atmosphère humide, poisseuse qui colle aux vêtements et aux corps.
    Enfin, le romancier s'intéresse à ses personnages et leur donne de l'épaisseur. Dans chaque chapitre, des paragraphes ont pour titre et pour sujet principal un ou plusieurs protagonistes du roman. On connaîtra ainsi les raisons qui les ont poussés à venir s'enterrer ici, les relations qu'ils ont entre eux, leurs envies, leurs désirs. Il y a aussi les orpailleurs : "... En Europe, lorsqu'on parle d'or, on pense au luxe, aux bijoux ou même aux cours de la bourse. Huit mille kilomètres plus à l'ouest, en Guyane, on voit les choses différemment. On pense orpaillage clandestin, pollution des fleuves et délinquance..." (p.227). La défiguration du paysage, de l'écosystème et des relations humaines vient également de cette soif de l'or.
    Le texte de Denis Humbert fait la part belle aux paysages et aux relations entre les personnages. On se projette aisément si ce n'est dans le bar, au moins dans des représentations cinématographiques qui lui collent. Un style alerte, vif qui sied aux situations et à l'histoire. Une écriture visuelle, une région parfaite en tant que contexte géographique, des personnages forts et attachants qui ont tous leurs deux faces la vitrine et le côté sombre, caché.
    Une belle réussite que ce roman qui vous dépaysera (sauf si vous êtes guyanais) et qui vous tiendra du début à la fin sans que jamais vous n'ayez vraiment envie de quitter le bar du caïman noir.

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