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En 1920, dix ans après le triomphe de Marie-Claire, Marguerite Audoux donnait une suite à son roman. L'Atelier de Marie-Claire dépeint la vie quotidienne de la bergère solognote, devenue adolescente et montée à Paris pour apprendre le métier de couturière. La solitude, la misère, le mal y sont évoqués avec la même bouleversante économie de moyens que dans Marie-Claire.
Marguerite Audoux prend, ici, la parole au nom du prolétariat des villes, après l'avoir prise au nom de celui des campagnes. La guerre de I4-18 ayant changé les mentalités et la mode s'étant détournée de l'auteur,, ce deuxième roman n'obtint pas le succès du premier. On sait, aujourd'hui, que l'Atelier de Marie-Claire est un chef-d'oeuvre au même titre que Marie-Claire. et qu'il en est indissociable.
Nous retrouvons Marie-Claire à Paris, dans un atelier de confection, chez M. et Mme Dalignac, Avenue du Maine. Elle aide à la création de jolies robes pour les Parisiennes, très exigeantes, que les patrons veulent absolument contenter afin qu'elles soient les plus belles au prochain Grand Prix...
Nous entrons dans cet atelier et découvrons son fonctionnement au début du siècle dernier. Le désir du travail bien fait pour une paie de misère surprend, mais c'est compter sans l'attachement des couturières et brodeuses pour leurs patrons. C'est l'image d'une grande famille qui nous est offerte, et, l'union faisant la force, tout ce petit monde assume les commandes de plus en plus complexes, sacrifiant la vie personnelle, ou éternisant les veillées pour venir à bout des robes de ces dames. On imagine très bien cette ambiance studieuse, la poussière des tissus, on entend les chants des couturières, leurs fous-rires.
Marguerite Audoux décrit admirablement ces conditions de travail, le dédain des clientes, et l'ambiance régnant dans l'atelier qui aide à supporter le reste : la petite chambre, le pain sec, la solitude. Mais Marie-Claire s'accommode de cette situation précaire et vit au rythme de l'atelier, son seul point d'ancrage.
Les images de Paris sont belles, au fil des rares promenades que Marie-Claire s'accorde en compagnie de sa voisine âgée. Elles pensent à leur "pays", souvent, la jeune fille regrette sa Sologne.
Les petits bonheurs sont précieux, les drames se succèdent, on ne peut que s'émouvoir à la lecture de cette chronique et partager le ressentiment de ces femmes courageuses que Marguerite Audoux a très bien connues, puisqu'elle s'est inspirée de sa propre vie pour écrire cet ouvrage.
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