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Dans la Syrie du 4e siècle, un homme, Syméon, décide de quitter son monastère et de vivre une expérience de solitude et d'ascétisme plus radicale encore. Il s'installe nuit et jour, dans le désert, au sommet d'une colonne de pierre pour prier et jeûner, devenant ainsi le premier stylite de l'histoire.
Un autre homme, Théodoret, entreprend de retracer cette existence, partagé entre admira- tion, trouble et jalousie. Lui-même décide tout jeune de quitter sa famille pour rejoindre un monas- tère. Il connaît ainsi toute une série d'aventures étranges et burlesques. Il y fait la connaissance de Syméon et décidera de raconter sa vie après avoir suivi ses pérégrinations dans le désert jusqu'à sa colonne.
A travers l'histoire de Syméon, Théodoret raconte aussi la sienne, celle d'un ascète qui a échoué, mais surtout celle d'une vocation d'écrivain. Deux récits de vie s'entrecroisent avec ces destins hors du commun. Joël Baqué endosse les habits de Théodoret. Il raconte à sa façon, et à la première personne, avec humour et fascination, cette quête folle d'idéal et de solitude, jusqu'à la destruction de soi. Une énigme contemporaine, autant sur le don de soi et le désir mystique que sur l'écriture et la volonté de témoigner de la vie des autres.
L’ascèse à seize ans. Notre narrateur est un moine copiste admirateur de Syméon, l’homme qui repoussa toujours plus loin les limites de sa propre souffrance afin de se rapprocher de Dieu. Ses mortifications les plus extrêmes ont bâti sa légende, le zèle avec lequel il supporta d’atroces douleurs força l’admiration des âmes faibles ou déclencha l’ire des rigoristes pour qui son masochisme confinait au péché d’orgueil. Et Joël Bacqué de s’interroger. Qu’est-ce qui distingue la sainteté de la folie ? Comment juger l’anachorète qui, par son isolement, fuit sa propre humanité ? Il y quelque chose d’oriental dans ce très beau récit, par le style parfois proche de celui d’un conte, par l’évocation de la figure du saint qui rappelle Siddhartha, ou par ces paysages désertiques sortis du berceau des civilisations. C’est un roman qui parle de silence, d’humilité, de pureté, d’apprentissage. Un roman qui, en creux, questionne notre société et nos modes de vie, souvent absurdes. Si l’auteur admire ces athlètes du renoncement et du dénuement, il ne tombe jamais dans l’aveuglement. Il s’interroge. Sa conclusion est apaisante. Chacun d’entre nous a sa place dans ce monde, il n’est pas donné à tous de s’imposer l’inconfort, encore moins le sacrifice. Exaltée par l’exemple de ces êtres remarquables, j’ai tenté de les imiter en lisant sur les genoux, sur un pied ou me privant de ma tasse de thé. Vaines tentatives. J’avais oublié une dimension essentielle de la lecture : le plaisir.
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