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Aventurière dans l'âme, éprise de vastes espaces, Gertrude Bell appartient au cercle des grandes héroïnes de tous les temps. Née en 1868 au coeur de l'Angleterre victorienne, elle est diplômée d'Oxford quand elle décide de rompre les amarres avec son milieu rigide pour se lancer vers un destin hors du commun. Toute jeune encore, elle découvre l'Orient et ses sortilèges, de la Perse jusqu'aux Indes.
Poète, photographe, écrivain, elle parle l'allemand et le français, apprend le persan et l'arabe, devient archéologue puis cartographe. Sa profonde connaissance du Moyen Orient en fait une recrue de choix pour l'Intelligence Service qui la sollicite à la fin de 1915, lorsque l'empire ottoman rejoint le camp allemand. Liée à Churchill et au légendaire Laurence d'Arabie, elle influence alors toute la politique britannique et favorise la création de l'Irak. Les Arabes, ses amis, l'appellent «Khatoun», la Sultane. Pendant des années, à cheval ou à dos de chameau, elle sillonne leurs déserts, vivant comme une amazone au milieu des Bédouins, dans cette région du monde qui fait la une de l'actualité.
C'est la vie d'une femme complexe, audacieuse, généreuse, sensuelle, que Geneviève Chauvel retrace avec la rigueur d'une historienne sous la plume d'une romancière.
Avant la lecture de cette bio, j'avoue avoir ignoré et même ne jamais avoir entendu prononcer le nom de Gertrude Bell .
Ceci dit apprendre qu'elle a été l'alter ego de Lawrence d'Arabie a éveillé ma curiosité, et la photo la montrant avec « ce héros » aux yeux bleus , style Peter O'Toole dans le film de David Lean , m'a fait perdre encore une illusion : comme dit l'auteur « on dirait un petit employé de bureau », l'imagination donne parfois de meilleurs résultats que la réalité !
Mais revenons à Gertrude. Petite fille née en 1868, à l'époque victorienne en Angleterre dans une famille richissime, malheureusement orpheline de mère dès l'âge de 5 ans, elle sera adulée par son père(qui lui survivra) et par sa belle-mère, Florence, elle même issue d'une famille aristocratique.
Gertrude, bien que corsetée à tous points de vue par son éducation victorienne stricte,est une petite fille audacieuse et certainement pas timorée ; le plus tôt possible, elle s'éloigne de sa famille, voyage énormément , et a une prédilection pour le Moyen orient . C'est en néophyte( entre 1900 et 1914) qu'elle voyage et donne ses premiers avis sur l'archéologie des régions traversées et ne sera pas vraiment prise au sérieux par ses pairs. De l'archéologie, cette aventurière qui voyage avec ses dentelles, crinolines, robes du soir, chapeaux , vaisselles, et écritoire obligatoire bien sûr... passera de la diplomatie qu'elle pratique de nature , à agent de renseignement. Les tous débuts du MI6;son enthousiasme, son intelligence, et son art d'écouter la rendront un moment incontournable. Elle est surnommée « La Kathoun », reine du désert, ou » reine sans couronne d'Irak ».Mais là aussi le pouvoir des hommes la supplantera et elle mourra en 1926, en Irak, de lassitude, suicide peut-être . Sa vie privée par contre est une suite d'échecs, et elle n'arrivera pas à dépasser l'amour platonique avec le grand amour de sa vie.
Cette bio est bien agréable à lire, elle dessine le profil de ces femmes , ces aventurières en crinoline qui ont osé braver les interdits que leur imposaient leur sexe à cette époque. La dernière partie ,qui évoque la conférence du Caire, et ses conséquences m'a parue la plus intéressante , et les prédictions de Gertrude Bell qui parlait l'arabe parfaitement et connaissait les rouages politiques de cette région particulièrements lucides.
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Merci Danièle. Je note le titre. Mathias Enard en parle dans Boussole.