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Un grand livre d'histoire, incontestablement, que celui de Gilbert Meynier. Si le mot dialectique a un sens, ce dont, à voir l'usage qui en est fait, je ne suis pas toujours persuadé, c'est un livre profondément dialectique. Un livre, d'abord, qui sait jouer sur l'immobile et sur le changeant. « Le colonialisme, disait Jean-Paul Sartre, est un système ». Et certes, le système est en place avant comme après la Première Guerre mondiale. Avant comme après, il y a deux sociétés superposées, le droit des uns qui exclut le droit des autres. Avant comme après, la représentation « algérienne » au parlement français est exclusivement européenne. Économiquement, la dépendance reste la même. C'est à peine si l'on peut parler, par la suite des difficultés des communications avec la métropole, d'un début d'industrialisation. Devant la misère, la maladie, la mort, les deux sociétés restent, avant comme après, fondamentalement inégales, et ceci bien qu'il s'agisse - et c'est bien le drame - de deux sociétés complètes. Comme le dit fort bien Gilbert Meynier, après la guerre, « dans les grandes lignes, pour le pouvoir colonial, rien n'a changé. En fait, tout a changé ».
Pierre Vidal-Naquet
De la guerre est sortie une Algérie nouvelle que les dirigeants coloniaux et aussi français ne veulent pas voir tant ils sont attachés aux schémas d'un passé dépassé. L'exemple le plus vivant me semble Viollette qui attaque les communistes dans les années 20 et devient plus tard « Viollette l'Arabe », diront certains en 36, mais qui, lors de la guerre d'indépendance algérienne, se rangera du côté de « l'Algérie française ». Rude épreuve pour l'Algérie coloniale; elle a mis à nu des forces nouvelles et aussi des hommes nouveaux. Merci donc à G. Meynier de nous faire toucher, en ce centième anniversaire du début de la Première Guerre mondiale, plus de trente ans après la première édition de son livre, les forces profondes nées en quatre ans ; quatre ans aussi de cécité pour les dirigeants français d'Alger et de Paris.
André Nouschi
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