"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
À la fin des années soixante-dix, Mazna et Idris Nasr ont été contraints de quitter leur pays : la Syrie, pour elle ; le Liban, pour lui. Ensemble, ils se sont installés dans une petite ville en plein désert californien. Si Idris est parvenu à réaliser son rêve d'être médecin, Mazna, elle, a dû dire adieu à sa carrière d'actrice pour élever leurs trois enfants.
Quarante ans plus tard, la famille vit éparpillée à travers le monde, tentant de maintenir des liens chaotiques et tourmentés. Un seul point les relie désormais : la demeure ancestrale de Beyrouth. Mais lorsque Idris décide de vendre cette maison où plus personne ne va, tous embarquent aussitôt pour défendre l'ultime bastion de leur histoire commune.
À travers cette grande saga familiale, Hala Alyan retrace la destinée tragique de tout un pays, le Liban, marqué par la guerre, les tensions religieuses et les protestations politiques. Un pays prêt à s'embraser à tout instant, à l'instar de cette famille rongée par des secrets qui, révélés, pourraient faire exploser sa fragile existence.
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Aline Pacvo .
Un roman que j'ai eu de la chance de découvrir avant sa parution lors de la rentrée littéraire 2022 grâce au animatrice de Cultura.
J'ai découvert cette saga familiale, un récit complexe avec des destins tragiques, l'autrice alterne le passé et le présent, on va découvrir les drames, les blessures, les traumatismes et les figures maternelles.
Les personnages sont attachants, profond psychologiquement et bien construit.
Hala Alyan à une plume immersive.
"Quand Mazna était petite, elle ne souhaitait avoir qu'un seul superpouvoir : celui d'arrêter le cours de temps. Elle s'imaginait qu'il lui suffirait de siffler pour que le silence se fasse, que les êtres se figent comme des statues, la fourchette à un centimètre de la bouche, la main tendue vers les clés de la voiture. Elle n'avait aucune envie de naviguer entre les corps immobiles pour couper une natte ou voler un collier. Non, elle voulait rester elle-même. Elle désirait savoir ce que cela ferait d'être absente, l'espace d'un instant."
"Ce soir, l'homme va mourir. A certains égards, la ville semble déjà s'y être résignée. Le crépuscule de Beyrouth est inhabituellement blafard, nuageux, la pesanteur étrange de l'atmosphère trouble le feuillage des arbres, comme le ferait une bise. Il est si aisé à la terre de revêtir une tenue de deuil, et ce soir, les oiseaux perchés sur les entrelacs de fils électriques ne chantent pas; eux aussi paraissent endeuillés, avec leurs plumage noir et blanc et leurs têtes inclinées vers les camps de réfugiés bétonnés."
C'est le second titre des Editions La Belle Etoile, rattachées au groupe Marabout, que je lis, l'auteure Hala Alyan est américano-palestinienne, La ville des incendiaires est son second roman. Le thème du roman est en partie en rapport à sa profession, qui est celle de psychologue clinicienne, spécialisée dans les traumas et les transfuges, ou ce qui est plus communément nommé l'interculturalité. Ce roman se trouve au croisement des Etats-Unis et du Proche-Orient, représenté en particulier et de manière différente par trois pays voisins, la Syrie, le Liban, La Palestine.
L'histoire démarre aux Etats-Unis, mais il prend sa source à Damas où a grandi Mazna, le personnage central du roman : c'est une jeune fille qui devient une belle femme pétillante et pleine de vie se lançant à corps perdu et avec le talent qui est le sien dans le métier d'actrice. Elle rencontre acteurs et actrices, metteurs en scène, amis d'amis, dont Idris qui l'emmènera avec lui à Beyrouth. Et Idris est follement amoureux de Mazna, alors que c'est de son meilleur ami Zacharia qu'elle tombera amoureuse, liaison qui durera le temps d'une nuit. Au milieu des explosions. Et voilà que quelques mois plus tard Mazna se retrouve, jeune mariée, aux Etats-Unis dans l'ombre de son époux, qui n'est autre qu'Idris, ou ils passeront le reste de leur vie avec leurs trois enfants. Le fil narratif tel que je le reconstitue peut sembler léger, par rapport à cette somme de vies, aux Etats-Unis comme à Beyrouth, qui vivent la guerre, vivent des pertes, essayent de survivre au chaos ambiant. Et j'omets volontiers des éléments essentiels de la narration pour ne pas gâcher une lecture potentielle. Au Liban, c'est la guerre civile : s'y réfugient les Palestiniens chassés d'Israël qui s'installent dans des camps, et s'y embourbent ces conflits confessionnels, car rien ne va dans ce pays qui avant 1970 faisait figure de Suisse du Proche-Orient. Aux Etats-Unis, ce n'est guère mieux quand on parle arabe, qu'on est musulman et qu'on vient d'un endroit du monde qui brûle dans des guerres fratricides et religieuses.
Si Mazna et Idris paraissent être un couple sans histoire dans leur pays d'adoption, c'est à Beyrouth qu'il faut retourner pour comprendre leur histoire, dans cette capitale ou leur dernière fille s'est installée, dans la maison paternelle qu'Idris souhaite vendre contre l'avis du reste de la famille. Cela sonne comme des retrouvailles ou des adieux, on ne sait pas trop : une partie de la narration avance dans le temps, l'autre partie recule, et voici Beyrouth, le point de rencontre, cette ville des incendiaires. À la différence des Etats-Unis, Beyrouth est une ville explosive, au contrepoint de l'orient et de l'occident, moderne et conservatrice à la fois, on y vit, on y est heureux, on y pleure, entre Palestine et Syrie. À côté d'elle, la vie américaine semble presque morne, fade, incolore et inodore, quelque chose lui manque en tout cas, peut-être cette étincelle de vie qui donne du goût à l'existence. Le soleil californien apparaît presque factice face à celui du proche-orient, où il nourrit amandiers, amours naissants, sentiments exaltés, passions incendiaires. L'auteure transmet ce lien passionnel qu'elle entretient avec sa région d'origine, dans le cortège de détails, de tableaux, de goûts, d'odeurs, de bruits, où la guerre règne en arrière-fond. C'est addictif, ça a un gout de reviens-y, on y goûte encore et encore en dévorant chaque chapitre de ce roman qui brille de cette fougue proche-orientale.
Il y a l'histoire de Mazna, de la famille, de la fratrie qui a passé sa vie à se chercher et qui finit par se retrouver à Beyrouth, berceau de la famille tandis que les Etats-Unis resteront un pays d'exil. L'auteur met sur la balance cette double culture, ou ce déracinement perpétuel, qui font d'eux une minorité lorsqu'ils sont en Amérique, des privilégiés lorsqu'ils sont à Beyrouth, n'appartenant véritablement ni à un sol ni à l'autre. Si l'histoire reste un peu cousue de fil blanc parfois, et que certains retournements sont un peu prévisibles, l'auteur réussit à préserver cette tension basée sur les non-dits à la base du mariage de Mazna et d'Idris. Toutes les réponses à ces questions qui finissent par se poser à nous lecteurs ne sont pas forcément fournies, de façon claire et explicite, la liberté est celle du sens que l'on veut bien donner à l'union de Mazna et Idris.
Et puis il y a l'histoire de cette région ou Palestine, Liban et Syrie se côtoient, où une incroyable diversité religieuse - six communautés musulmanes, onze communautés chrétiennes et juifs - se déchirent au Liban, et puis encore et toujours, les relents de la colonisation, ont laissé derrière eux, avec cette coexistence difficile de religions, une situation échauffée, des esprits exaltés. Des camps de réfugiés cohabitent avec les demeures bourgeoises, séparés par l'argent ou la religion, Beyrouth est un méli-mélo de situations diverses et variées. Et elle est aussi un refuge. Beyrouth porte son magnétisme en étendard, malgré les explosions, malgré les morts, et c'est peut-être ce qu'il y a de plus beau dans ce roman. Une amante inaccessible, qui ne cesse d'exercer son pouvoir d'attraction, pendant ou après la guerre, par ses femmes libres, ses cafés enfumés, le bazar qui croule sous les marchandises diverses et variées, la côte majestueuse dont l'attrait rajoute un peu plus au charme de cette cité.
C'est un roman qui ne laisse pas de glace, c'est un vrai coup de coeur pour moi, d'autant qu'on y retrouve un passé que l'on sait totalement consumée sous les guerres quasiment incessantes qui déchirent cette région, Damas dans sa splendeur d'antan, qui depuis a été détruite par la guerre que l'on sait, Palmyre avant les ravages des talibans, Alep, une Syrie ni rattachée à Bachar-al-Assad, ni à Al-Qaïda. La Palestine, le Liban. C'est peut-être cette image intemporelle, ces tableaux vivants, de capitales presque mythiques en transparence des vies qui les traversent qui attribuent à ce roman un charme entêtant.
Mazna a quitté la Syrie et Idris le Liban dans les années 70.
Ils se sont connus à Damas lors d'une représentation au théâtre. Mazna était l'actrice du rôle principal et Idris l'ami du metteur en scène. Séduit par la jeune femme, il n'a eu de cesse de lui proposer de l'accompagner passer des journées avec lui à Beyrouth, voir ses amis, sa famille.
C'est la que Mazna a rencontre Zakaria, l'ami d'iris, le presque frère, le fils de la domestique palestinienne.
Quarante ans se sont écoulés. Idris est devenu chirurgien, il opére des coeurs, il leur parle et les écoute. Et c'est un coeur qui lui a enjoint de vendre la maison de son père à Beyrouth. Cette maison où plus personne ne vient, mais qui est malgré tout chère au coeur de tous les membres de sa famille.
Mazna essaie d'imposer à ses enfants de se retrouver à Beyrouth pour tenter d'empêcher la vente. Si chacun d'eux a des raisons différentes de ne pas vouloir y aller, ils ont aussi toutes les bonnes raisons du monde pour y venir.
Leur fils Marwan refuse d'aller à Beyrouth, son groupe de musique est plus important que tout. Mais finalement il se décide et ira avec Harper.
Leur fille Ava ne sais pas trop, envie, pas envie, faire plaisir aux parents, retrouver la maison de famille. Atermoiements, interrogations, hésitation puis décision, ce sera Beyrouth avec ou sans Nate, ce mari qui ne lui refuse rien.
Reste à voir comment va réagir Najla, la petite soeur installée à Beyrouth justement. Pas chez ce grand-père qui est décédé et qu'il faut honorer avant la vente, mais pour y vivre sa vie de chanteuse à succès, et pouvoir être elle-même, amoureuse de ces femmes qu'elle quitte aussi vite qu'elle les séduit.
Mais peu à peu des secrets pourraient se révéler au cours de ce voyage au pays des origines.
Faisant des aller retour entre présent et passé, l'autrice réussi à travers le parcours chaotique de cette famille à décrire la complexité des relations entre le Liban, la Syrie et la Palestine.
Destinées qui se mêlent et s'entrechoquent au rythme des guerres, des tensions religieuses toujours fratricides et jamais assouvies et des aléas politico religieux qui ont si souvent décidé du bien être ou du malheur des populations de cette partie du monde.
Un bémol important, la taille de la police de caractère qui a rendu cette lecture bien fastidieuse et compliquée, quel dommage.
Depuis qu’il y a quarante ans, la guerre leur a fait fuir, elle et son mari Idriss, le Liban pour les Etats-Unis, Mazna ne s’est que très rarement résolue à y retourner. Aussi, personne dans son entourage ne comprend sa réaction affolée quand Idriss annonce sa décision de vendre la maison familiale de Beyrouth, où aucun d’eux ne se rend plus jamais. Cédant à contre-coeur à ses instances, tous acceptent de s’y réunir une dernière fois. Ils vont s’y retrouver confrontés aux fantômes du passé et à la résurgence de secrets profondément enfouis.
A vrai dire, embarqués dans leur quotidien et ses difficultés, les trois enfants d’Idriss et de Mazna ont suffisamment de préoccupations, professionnelles ou conjugales, pour laisser à l’arrière-plan une histoire familiale, dont - comme tout un chacun, pensent-ils - ils subissent les tensions, sans jamais creuser plus loin que la surface. La guerre au Liban n’a pour eux d’autre réalité personnelle et concrète que l’exil de leurs parents : une épreuve d’ailleurs à leurs yeux à demi occultée par leur parcours réussi en Californie, leur père ayant réalisé son rêve de devenir chirurgien cardiaque, et leur mère s’étant consacrée à les élever. Dans leur esprit, en dehors de la peau mate et des traditions culinaires dont ils ont hérités, l’on pourrait presque, un peu schématiquement, résumer le lointain Liban à la maison de leurs grands-parents à Beyrouth, et aux réticences maternelles à revenir sur place.
Ils sont ainsi bien loin de se douter du drame intime que cette guerre a en réalité fait vivre à leurs parents, dont l’exil ne constitue que la face émergée de l’iceberg, et dont les répercussions les concernent, eux, bien au-delà de ce qu’ils pourraient imaginer. Convergeant vers cette si difficile réunion familiale au Liban, ce sont en fait quarante ans de douleur ignorée et contenue, qui, en une vaste saga imprimée sur le fond assez discrètement esquissé d’un pays violemment marqué par les oppositions armées, politiques et religieuses, emporte ses protagonistes au bout d’une dispersion dont la vente de leur demeure ancestrale à Beyrouth pourrait constituer l’ultime étape. A moins qu’elle ne fasse exploser le silence, plutôt que la famille…
Elle-même issue de la diaspora palestinienne aux Etats-Unis, Hala Alyan sait combien compte l’ancrage affectif dans ces familles dont l’éparpillement a distendu les liens. Pris de tendresse pour ses personnages, dont son entourage a nourri la cohérence et la profondeur, l’on tombe sous le charme de cette histoire certes peut-être un peu trop longuement développée et aux intrications globalement très romanesques, mais que son fond d’un Liban martyrisé et la justesse de ses observations sur l’exil, le silence douloureux des déracinés et les répercussions sur leurs descendants, rendent touchante et plaisante à lire.
À la fin des années 70, Mazna la Syrienne et Idris le Libanais ont dû quitter leurs pays pour aller s’établir aux Etats-Unis. Le couple s’est installé dans une petite ville californienne. Idris est devenu chirurgien cardiaque. Mazna a dû peu à peu abandonner son rêve de devenir actrice pour élever leurs trois enfants. Quarante ans plus tard, les voilà éparpillés à travers le monde. Son père décédé à Beyrouth, Idris décide de mettre en vente la maison de famille que plus personne n’habite à part une servante. Il convie tout le monde sur les lieux, car il veut profiter de l’occasion pour faire une cérémonie de commémoration de la mort du grand-père, vu que personne à part lui n’a assisté aux obsèques de ce dernier. Les enfants sont partagés, voire opposés à ce projet. Marwan, le cadet, qui vit sur la côte ouest et voit ses rêves de carrière musicale s’envoler, finit par accepter de partir. Naj, la benjamine, revenue sur place, a plus de succès que son frère comme violoniste et chanteuse du duo Noja. Ava, l’aînée biologiste, veut complaire à son mari Nat et surtout à sa mère qui, elle-même, ne veut pas s’opposer à la volonté de son époux…
« La ville des incendiaires » est une chronique familiale qui démarre sur un drame horrible qui conditionnera le destin de la mère et par conséquent celui de toute la famille, même si certaines choses restent du domaine du secret. Hala Alyan s’attache à une narration pointilliste et impressionniste faite de mille petits détails de la vie quotidienne de ces immigrés palestino-syriens qui, bien qu’ayant socialement parfaitement réussi leur implantation dans la société américaine, vivent toujours avec au cœur la plaie béante de leurs pays meurtris. Les personnages sont attachants, plein de vie, de souffrances ou de complexes, si criants de réalité que le lecteur se demande si cette intrigue n’est pas une histoire vraie à peine romancée. Une histoire toute simple, presque banale. En effet, après une scène d’ouverture aussi terrible, on s’attend à quelque chose de tragique, de dramatique, avec des rebondissements, de l’étrange, de la violence partout. Mais non, tout s’apaise immédiatement dans un quotidien banal, une sorte de train-train confortable de classe moyenne supérieure. Même la fin n’a rien de surprenant ni de spectaculaire. Juste la petite musique familière de la vie qui va. Un ouvrage sentimental et intimiste qui peut plaire aux amatrices et amateurs du genre. Seul petit bémol : les nombreux termes et expressions arabes pourraient être traduits en notes de bas de pages…
Saga familiale suivant un libanais et une syrienne, partis aux Etats Unis d’Amérique, dans les années 70, suite aux évènements dramatiques arrivés dans leurs pays ; puis leurs trois enfants, tous si différents, avec un retour dans la maison familiale de BEYROUTH, faisant sortir plein des choses inattendues !
C’est bien écrit et alerte, même si le livre est compact et épais, on ne s’ennuie pas.
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !
Il m'attend dans ma PAL depuis 1 an ,il faut que je le mette en avant.