Rachel Waring, célibataire la cinquantaine, probablement vierge, est une femme frustrée par la vie terne qui est la sienne. Depuis toute petite, elle vit dans un autre monde, se raconte des histoires, comme ces 7 images épinglées sur le mur de sa chambre d’enfant qui lui servaient de base à son...
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Rachel Waring, célibataire la cinquantaine, probablement vierge, est une femme frustrée par la vie terne qui est la sienne. Depuis toute petite, elle vit dans un autre monde, se raconte des histoires, comme ces 7 images épinglées sur le mur de sa chambre d’enfant qui lui servaient de base à son envol vers un monde imaginaire et rêvé.
Un jour, par la grâce d’un héritage, elle se retrouve propriétaire d’une maison à Bristol. Maison délabrée pour laquelle elle quitte boulot, vie monotone, pour combler un manque. Or, plaquant tout, elle n’a plus ni contraintes sociales, ni horaires, ni, surtout, de barrières à son imagination. C’est le début d’une nouvelle existence où elle va se réinventer une vie. Auprès des autres, elle passera d’épatante et adorable, à originale, puis excentrique, puis fofolle, puis un brin dérangée pour arriver à la folie pure.
La force de ce livre ? Suivre le cheminement des pensées de Rachel « intra-muros », en direct du cerveau de Rachel Waring. N’ayant que son cheminement de pensée, aucun autre point de vue, j’ai suivi la montée en puissance de sa folie. La barrière est définitivement franchie lorsqu’elle tombe amoureuse d’Horatio, premier propriétaire de la maison, mort il y a des lustres.
Dans sa vie, qu’elle est la part de véracité, qu’elle est la part d’imaginaire ? Il n’y a plus la barrière de la bienséance, elle dit tout haut ce qu’elle pense tout bas. J’ai lu ce livre du fond de ma grippe où la fièvre m’embarquait sur son nuage. Tout se mélangeait, alors je n’ai plus tenté de démêler le vrai du faux, j’ai accompagné Rachel jusqu’au bout en l’écoutant fredonner les chansons qui ont bercé sa vie.
Suivre Rachel dans son cheminement vers la folie n’est pas plombant, tant elle a décidé d’être optimiste, drôle, avec beaucoup de ponctuations musicales de son époque. J’ai trouvé ce livre plutôt cocasse, teinté d’humour noir, de douceur, d’ironie. Aucune fausse note, Stephen Benatar et la bonne traduction de Christel Paris nous donnent à lire une Rachel vivante, aimante et touchante. Pourtant, oui ce livre est dérangeant, tant il est perturbant de suivre la montée de la folie de Rachel, même si cela se fait dans la joie et la bonne humeur.
http://zazymut.over-blog.com/2015/02/stephen-benatar-la-vie-revee-de-rachel-waring.html
Lire « La vie rêvée de Rachel Waring » c’est ressentir le plaisir du funambule sur son fil de fer. Pas tout à fait à l’aise, souvent en déséquilibre, cherchant parfois un endroit pour retrouver une certaine stabilité, le lecteur savoure chaque moment où il avance, se promet que l’on ne l’y reprendra plus, regarde le filet sous lui et se demande s’il ne se laissera pas tomber, persévère à cause de l’histoire et termine son trajet en se disant qu’il a bien fait de continuer. Alors grimpez sur l’échelle et lancez-vous dans cette lecture, par plaisir et pour la découverte d’un roman écrit il y a 32 ans et qui vient seulement d’être traduit en français.
Rachel Waring est heureuse d’habiter la maison léguée par une vieille tante. Sur la plaque à l’entrée, elle découvre qu’elle a été habitée par un certain Horatio Gavin, à la fin du XVIIIe siècle. Délaissant son travail, l’appartement et la colocataire avec qui elle vivait, elle entreprend des rénovations. Elle engage un jardinier pour refaire le jardin et elle devient son amie.
S’interrogeant sur ce fameux Horatio qui avait habité cette maison, elle découvre un portrait qu’elle achète aussitôt. Accrochée au-dessus de la cheminée, la peinture trône au centre de la maison. Peu à peu, Rachel tente de s’intégrer à son quartier sans oublier de vraiment habiter sa maison … avec son illustre ancien propriétaire.
Rachel Waring, dans un long monologue, nous raconte tous les événements qui vont marquer son installation dans cette maison. Seule narratrice du roman, elle nous raconte les travaux entrepris pour rafistoler une maison tombée en désuétude, ses relations avec les marchands du quartier, les efforts qu’elle fait pour entretenir l’amitié avec ses voisins et ses préférences culturelles et son goût pour la beauté en littérature, en peinture, en musique et dans toutes les formes d’art.
Mais le lecteur attentif sentira au fil des pages, une descente toutes en nuances vers une folie de plus en plus présente. Dotée d’une imagination fertile et débridée, Rachel s’inventera des qualités, des situations et des amours, avec ses voisins mais surtout avec un certain Horatio Gavin, mort en 1793.
Comme je le disais au début de cette chronique, j’ai été un peu décontenancé par cette lecture. Évidemment, les référents culturels anglais qui m’étaient inconnus ne m’ont pas aidé à m’imprégner dans l’atmosphère de son roman. Cependant, même si parfois, j’hésitais à me replonger dans ma lecture par manque d’enthousiasme, à chaque fois, j’ai apprécié mes lectures et j’ai été intéressé par ce qui se passait dans la vie de ce personnage atypique. Et ce, même si parfois, j’aurais senti le besoin de connaître la pensée et la réaction des autres personnages du roman. Mais, c’était le pari que l’auteur a tenu à nous faire vivre : n’avoir qu’un côté de la médaille.
Après ma lecture du mot fin, que me reste-t-il de ce roman ? Une impression de plaisir, sûrement mais aussi, la satisfaction d’avoir rencontré un auteur qui pourrait très bien me charmer dans ses autres romans. Stephen Benatar possède un talent de raconteur qui vous plaira. Surtout, si vous acceptez de traverser ce roman, debout sur un fil de fer !