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La représentation humanitaire de la victime a modifié notre perception du malheur.
Elle conditionne les actions qui peuvent être menées pour secourir les populations en détresse. Elle sert aussi de caution à la politique internationale. Sur elle repose désormais notre vision ou notre interprétation des violences politiques. La victime humanitaire symbolise également ce qui subsiste de l'engagement : une indignation morale face à la souffrance. Que voyons-nous dans la mise en scène de corps brisés ou affamés ? Le regard ne risque-t-il pas d'y perdre la vue ? Ces questions mettent en jeu la responsabilité de tous les partenaires du champ humanitaire : organismes de tutelle, agences de publicité, médias, photojournalistes, politiques, bailleurs de fonds.
Faut-il alors tirer la conclusion que la représentation de la victime humanitaire fournit au capitalisme la justification éthique dont il est en quête depuis le XIXe siècle ?
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