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Sarah Quigley, "La symphonie de Leningrad".
Un ami m’a mis entre les mains ce livre sorti en 2011. Il savait à quel point j’apprécie la musique de Chostakovitch. Et ce livre traite des circonstances dans lesquelles il a composé sa 7ème symphonie alors qu’il vivait à Leningrad et que la ville était bombardée par les Allemands en 1941.
Le début est lent et l’atmosphère austère. L’attaque allemande n’a pas encore débuté, mais la menace plane. La vie et le quotidien des proches du compositeur, ainsi que de tous les habitants semblent mornes, sans éclat ni joie.
Tout absorbé par sa musique, la marche qu’il compose pour ses compatriotes va bientôt devenir une symphonie. Le besoin de composer le dévore littéralement, l’isolant pour de longues heures dans son bureau. Ce qui ajoute l’indisponibilité du mari et du père qu'il est, aux conditions de vie déjà difficiles de sa famille. Sa présence est réservée principalement à la composition et à l’élite musicale de Leningrad.
Mais la vie à Leningrad va se compliquer à l’extrême à mesure que la guerre va s’intensifier. Nombreuses victimes, immeubles détruits, rationnement, famine extrême, alertes incessantes,…
Mon ressenti de lecteur.
Le début m’a parfois semblé quelque peu embrouillé, mais j’ai réalisé que cela reflétait bien le trouble grandissant de la population. À mesure que le récit progresse, l’écriture donne vie à la musique qui devient un personnage animé d’une dynamique propre.
Le génie du compositeur est parfaitement rendu, que ce soit directement ou par ses effets.
Les descriptions animent le récit sans jamais l’alourdir. Elles dévoilent des images bien sûr , mais également, de manière indirecte, les tourments du compositeur, de ses relations et de la population.
Une très belle écriture ! Quelque 500 pages organisées en quatre parties, comme une symphonie…
Un livre dans lequel les tortillements du début font place dans les trois parties suivantes à une énergie douloureuse, celle qui est propre à combattre la fatalité.
Ce n’est pas un livre sur la guerre, bien que certains passages la dépeignent dans toute son horreur. La guerre est plutôt le décor dépeint par les réactions des personnages. Mais si atroce soit-elle, elle ne parvient à faire taire la musique…
La lecture m’à donné envie de réécouter une énième fois cette fameuse symphonie… autrement ? Et de fait, la musique a pris une autre dimension, celle d’un bureau secoué par des explosions où un génie de la musique œuvrait à dire avec des notes et des silences la souffrance des siens, ainsi que la volonté et le courage de croire que demain est possible.
Hymne au courage et à la détermination, ce livre nous dit que l’armée la plus puissante de l’époque avait le pouvoir de détruire et de tuer avec une rage aveugle, mais qu'elle a été impuissante à faire taire la musique qui personnifiait l’âme du peuple russe.
Une lecture grave qui ne se livre pleinement que dans la lenteur me semble-t-il.
Les conditions de vie proprement épouvantables des habitants de la ville et des proches de Chostakovitch sont suivies jusqu'à un niveau inimaginable.
Une plongée, remarquablement dépeinte, au cœur du processus de création sur fond de destruction.
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