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Cet ouvrage s'intéresse au statut de la crise dans l'intervention ergonomique, mais au-delà de l'ergonomie, dans toute intervention qui se mêle de la vie des autres, et à la vie des autres. Par effet de miroir, c'est aussi la question de la « situation de référence » qui est traitée. De fait, si on saisit l'intervention dans son mouvement, a fortiori si on la définit comme un mouvement, de quel « équilibre » la notion de crise décrit-elle le manque, et comment offre-t-elle de le combler ? De fait encore, peut-on penser l'activité de travail autrement qu'en termes de situation de crise pour l'opérateur aux prises avec la nécessité de devoir/pouvoir « faire quelque chose du manque », l'insuffisance du prescrit comme celle du sens. Les situations de crise ont une fonction d'interpellation professionnelle majeure. Ainsi l'ouvrage vise, moins l'exhaustivité que l'opérationnalité dans l'investigation en traitant plus particulièrement cinq axes de questionnement :
- peut-on aborder l'intervention sous l'angle de ce qu'elle vient dénouer, défaire, débarrasser (dans l'organisation où elle se produit, pour les personnes qu'elle concerne, et pour l'intervenant lui(elle)-même) ? A quelle crise alors fait-elle écho, et comment peut-elle y répondre ?
- peut-on regarder l'intervention sous l'angle de ce qu'elle permet de renouer, poursuivre, orienter ? S'il ne s'agit jamais, en fait, de retour ni de rétablissement, avec quoi et comment lui faut-il savoir rompre : quelle crise doit-elle savoir provoquer, assumer, « piloter » ?
- comment la problématique de la crise soutient-elle la visée de la durabilité de l'intervention ? Comment soutenir la perspective d'effets durables d'une intervention qui pense en termes de problèmes qu'on ne résout jamais vraiment ?
- comment l'intervenant s'y prend-il (elle) pour tenir, cognitivement, psychiquement, physiquement, socialement, et ainsi durer ? Comment les ressources qu'il mobilise se développent / se consument dans l'usage ?
- définie selon cet axe clinicien, l'intervention n'est-elle pas le propre de l'activité de praticiens très divers : consultants et chercheurs certes, mais aussi managers, voire politiques ? A quels types d'« écart » sont-ils confrontés, entre ce qu'ils attendent de leur action et ce qu'ils en observent, les ressources qu'ils ont besoin de mobiliser pour agir et celles dont ils disposent, particulièrement les savoirs disciplinaires et les connaissances professionnelles ... ? Comment font-ils face aux crises qui peuvent naître dans leurs interventions, voire par elles (échanges dans le réseau, coopérations multidisciplinaires, formation continue...), et à celles que cela peut induire jusque dans leur vie personnelle (reconnaissance, usure, souffrance...) si il est vrai pour eux, comme pour toute personne qui « travaille », que la subjectivité constitue la ressource principale de la compétence ?
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