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Vendue à plus de trois millions d'exemplaires, traduite en une quinzaine de langues, portée à l'écran par John Ford en 1941, pièce de théâtre à succès, La Route au tabac est le plus grand triomphe d'Erskine Caldwell.
Dans ce roman paru en 1932 aux États-Unis et en 1947 chez Gallimard, l'auteur, fidèle à sa tradition, dépeint le Sud des petits Blancs dans sa réalité la plus crue, et nous livre la radiographie d'une époque, celle de la Grande Dépression, où la faim détruit corps et esprits.
Vendue à plus de trois millions d'exemplaires, traduite en une quinzaine de langues, portée à l'écran par John Ford en 1941, pièce de théâtre à succès, La Route au tabac est le plus grand triomphe d'Erskine Caldwell.
Dans ce roman paru en 1932 aux États-Unis et en 1947 chez Gallimard, l'auteur, fidèle à sa tradition, dépeint le Sud des petits Blancs dans sa réalité la plus crue, et nous livre la radiographie d'une époque, celle de la Grande Dépression, où la faim détruit corps et esprits.
Un immense classique de la littérature américaine à redécouvrir.
Classique de la littérature américaine, « La route au tabac » publié en 1932 nous raconte encore une fois la Grande Dépression. J’imaginais un roman à la Steinbeck mais j’ai vite vu que l’on avait affaire à autre chose. Le ton n’a rien à voir… Chez Caldwell les hommes et les femmes sont amoraux, menteurs, mesquins, racistes, obsédés par le sexe et parfois affublés de malformations physiques. Il raconte la tragédie de la misère par le burlesque et on ne sait plus s’il faut rire ou s’il faut pleurer.
Voici l'histoire des Lesters, la famille la plus pauvre, la plus blanche, la plus trash et la plus libidineuse de la Géorgie. Jeeter, le patriarche, est métayer mais il ne peut plus cultiver ses terres puisque personne ne lui fait crédit pour acheter les graines ou le guano nécessaires. Sa famille survit dans une baraque en ruine. Rien à manger, rien à faire. Ada, sa femme, dépérit à cause de la pellagre ; Ellie May, leur fille de 18 ans, est nympho et a un bec de lièvre ; Dude, leur fils de 16 ans, est simplet et Pearl, la petite sœur âgée de douze ans, est déjà mariée au voisin. Les autres enfants (parce que en tout il y en 12) ce sont fait la malle les uns après les autres et ont coupé les ponts.
Les aventures de ces moins-que-rien du trou du cul de l’Amérique font grincer des dents. Les Lester s'engagent dans des actions toujours plus absurdes. Ils ne sont préoccupés que par la faim, par leurs désirs sexuels et par la peur de descendre un jour à un échelon inférieur de la société (celle des noirs). On rit de leurs pulsions, de leur rapport à la religion mais c’est bien l’indigence qui les a ramené à un état presque primaire baigné d’ignorance et d’égoïsme.
C'est une histoire désagréable, pour sûr. Caldwell se livre à un examen brutal de la déshumanisation par la pauvreté. Il le fait par l’humour, le cocasse, le loufoque, le scandaleux. Ce sont ses armes pour souligner la cruauté de la société. C’est dérangeant et malsain mais ça imprime sa marque et on imagine sans difficulté le tapage provoqué par la sortie de ce roman.
Traduit par Maurice-Edgar Coindreau
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