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Après avoir apprécié la lecture du "Serment" il y a quelques mois, c'est avec un grand plaisir que j'ai retrouvé Paloviita, Oksman et Toivonen, les trois membres de la brigade criminelle de Pori dont les personnalités un peu cabossées par la vie avaient su me toucher.
Alors que le taux de criminalité est réputé bas en Finlande, un attentat dans une boîte de nuit LGBTQI est perpétré. Quelques heures après l'attaque, une vidéo d'un homme revendiquant l'acte pour des motifs religieux devient virale et ne cesse d'être partagée. Les policiers vont devoir alors se lancer à la poursuite de ce mystérieux "messager" de Dieu avant que la situation ne dégénère et n’atteigne un point de non-retour au sein même de la population...
J'ai beaucoup apprécié la manière dont Arttu Tuominen a traité son sujet. En lisant ce livre, on se rend compte de la fragilité et de la sensibilité toujours présentes concernant la question de l'homosexualité dans des sociétés occidentales développées. Hasard de calendrier, quelques heures après la fin de ma lecture le Vatican annonçait autoriser la bénédiction des unions homosexuelles sous certaines conditions, ce qui a relancé le débat sur la question.
Côté écriture, je me suis régalée à retrouver la plume fluide et prenante de l'auteur. Contrairement à la plupart des ouvrages scandinaves, on se retrouve dans un récit avec très peu de temps mort.
Il est tout à fait possible de lire ce roman sans avoir lu le précédent, mais, je ne vous le déconseille car je trouve que le point fort d'Arttu Tuominen est le travail fait sur ses personnages que l'on voit évoluer et que l'on apprend à mieux connaître et comprendre entre les deux tomes.
Je tiens à remercier les Éditions de La Martinière et Netgalley France pour m'avoir permis de passer un aussi bon moment de lecture avec ce trio très attachant que j'espère pouvoir vite retrouver.
En terminant cette chronique, je ne peux que me dire que nous entendrons de plus en plus parler d'Arttu Tuominen dans les années à venir... J'espère ne pas me tromper.
Pori, Finlande. Au milieu des camions de pompiers, des ambulances et des voitures de police, l'inspecteur Oksman frissonne. Il est 4 heures du matin et la Discothèque gay "Le Vénus" vient d'exploser. Deux heures plus tôt, il était lui-même dans cette discothèque.
Paloviita, Oksman et Linda Toivonen mènent l'enquête. Celui qui se fait appeler l'Envoyé revendique l'attentat dans une vidéo. Les White Order, groupuscule local néonazi, se félicitent que des grenades tuent ces dégénérés homosexuels... Mais ont-ils lancé la grenade sur la discothèque ?
Après l'excellent "Le serment", Arttu Tuominen est de retour avec les mêmes personnages et une intrigue forte qui met le nez dans ce qui dérange dans la société finlandaise (mais ça pourrait en être une autre...). Dans "le serment", Paloviita était au centre du récit, en lien direct avec l'intrigue... Ici c'est Oksman et son secret qui pèsent sur l'enquête.
Un excellent polar à la scandinave donc, lent certes mais prenant et juste dans le regard critique qu'il porte sur le monde. Arttu Tuominen, déjà plusieurs fois récompensé, fait bien partie des auteurs à suivre dans le polar qui vient du froid.
Où l’on retrouve avec plaisir l’équipe du commissariat de Pori, dont l’inspecteur Oksmann, toujours aussi névrosé, et son collègue Jari, dont les déboires familiaux atteignent un point culminant. Ce qui est nouveau, c’est l’affaire qui va occuper nos enquêteurs, qui devront subir l’aide condescendante de la PJC, qui se consacre au terrorisme, puisqu’un attentat visant une boîte de nuit gay, une grenade lancée dans les locaux, a provoqué la mort de cinq personnes.
Immédiatement, les conséquences se font sentir, et la lutte est déclarée entre défenseurs de la cause LGBT et opposants revendiquant un retour aux valeurs traditionnelles.
Ce sujet hautement politique est traité avec sagesse et mesure, chaque camp développant son argumentation. Les personnages qui portent le débat sont très bien campés, et on aime particulièrement ce prêtre militant qui n’hésite pas à s’attirer les foudres de sa hiérarchie pour défendre ses idées.
Sans qu’il soit nécessaire d’avoir lu Le serment pour comprendre cet opus, le fait d’avoir déjà croisé le destin des personnages récurrents offre l’intérêt de se sentir un peu chez soi lorsqu’on entame la lecture. En espérant que d’autres tomes suivront.
La Martinière 1er septembre 2023
#LaRevanche #NetGalleyFrance
La rentrée littéraire des Éditions de la Martinière, c’est ce second roman de l’auteur finlandais Arttu Tuominen, la suite logique de Le serment, mais l’un et l’autre titres peuvent se lire de façon tout à fait isolée. Le serment m’avait plu, tant pas par le côté policier de l’affaire, mais par sa dimension psychologique, à travers laquelle l’auteur s’est acharné à explorer les failles individuelles qui exposent la société à sa désagrégation. Les coins les plus sombres des esprits qui savent appuyer là où ça fait mal, et de jouir de la cruauté dont ils sont capables. Ce roman-ci ne fait pas exception, la question du traitement des homosexuels, et on ne parle même pas des personnes transgenres, l’homophobie est au cœur de cette intrigue explosive. Son auteur, Arttu Tuominen vit ici-même où se déroule son roman, dans la ville de Pori au sud-ouest de la Finlande. La revanche est le deuxième titre du cycle Delta, qui en compte quatre, et porte le nom d’une des unités de police de Pori.
On se le rappelle, ou pas d’ailleurs, le roman précédent s’était achevé avec l’inspecteur Jari Paloviita, outrepassant son rôle de représentant de la loi, un geste qu’on devinait non sans conséquence pour sa carrière. Cette fois, l’auteur a choisi de mettre l’autre enquêteur, Henrik Oksman, sur le devant de la scène : cet homme très solitaire, envahi de troubles obsessionnels compulsifs, qui tente bien de purger sa colère et son mal-être par le sport. Mais pas seulement, car l’homme se garde bien de dévoiler l’autre face de lui-même non seulement à son entourage professionnel, mais davantage encore à ses parents. Il lui arrive de sortir, paré de vêtements féminins, en compagnie d’un chevalier servant dans des boites LGBTQI. C’est exactement ce qui est arrivé ce soir-là, au Venus, quelques heures avant qu’une grenade explose et laisse les lieux et les clubbers exsangues. En tant que membre de la police judiciaire, son groupe d’intervention va être envoyé sur les lieux et l’homme va essayer par tous les moyens de résoudre l’enquête en même temps que de préserver le secret de son orientation sexuelle.
Si l’on pensait la Finlande, ainsi que les autres pays scandinaves, épargnée de la haine conservatrice et homophobe qui se revendique de plus en plus fort et de plus en plus ouvertement chez nous, il n’en est a priori rien. C’est tout droit, dans les bas-fonds du néonazisme, de la xénophobie et de l’intolérance qu’Arttu Tuominen nous entraîne, sous couvert d’un fond religieux qui se renouvelle, renaît de ses cendres, encore plus marqué, encore plus conservateur. Exactement ce qui est en train de se passer chez nous en France – la religion est ainsi l’étendard idéal pour cacher son intolérance et sa haine de l’autre – comme ailleurs. C’est cette problématique sociale, qu’il explore non seulement par le biais des victimes, mais aussi des enquêteurs, qui sont entièrement partie prenante, chacun des enquêteurs est juge et coupable, pas pire, ni meilleur. Le récit est aussi le prétexte à se plonger dans le passé de chacun, où ceux qui prônent la tolérance ont de grandes béances à combler, où les personnages se redécouvrent avec des enfances maltraitées, où finalement la foi n’est, pour certains, que l’alibi idéal derrière lequel cacher son fanatisme, son sectarisme et sa violence. Le tout représenté par le fanatique à la vidéo, celui qui se nomme L’Envoyé, qui annonce, en toute simplicité, vouloir éradiquer les homosexuels.
Je vais répéter ce que j’ai déjà écrit dans ma chronique du titre précédent, l’identité du coupable et le cheminement vers la vérité ne sont pas tant importants que le contexte psychologique et social, des aléas du monde actuel, de ses faiblesses qui mènent aux fractures profondes et peut-être, malheureusement, à une avancée inexorable vers l’autoritarisme. Et des failles personnelles nées de maltraitances résiduelles, habilement dissimulées, ou chaque individu porte ce masque social qui lui permet d’évoluer un tant soit peu au milieu des siens. La revanche, finalement, on peut se demander de laquelle il s’agit, reflète cette colère qui consume les uns et les autres, et pousse à faire payer la société ses traumatismes personnels, pour les plus violents et les plus insatiables, quand d’autres parviennent à les dépasser, ou du moins à en faire abstraction.
On apprécie Arttu Tuominen par le fait qu’il donne la parole à ceux qui se retrouvent des deux côtés de la loi, ces policiers qui travaillent dans son respect, mais qui en tant qu’individus se retrouvent parfois devant le choix ou inéluctabilité de s’en affranchir. La façon dont l’auteur finlandais a mis en parallèle les traumatismes de Oksman et de cet Envoyé, l’un et l’autre du côté et de l’autre côté de la loi, illustre à quel point cette frontière, celle de la faculté d’être résiliant d’une enfance traumatique, est si poreuse. (...)
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