"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
1749. Dans les imprimeries parisiennes, on prépare rouleaux, matrices et machines pour mettre sous presse les grands ouvrages d'une ère nouvelle de la culture, les Lumières : Diderot et d'Alembert corrigent les épreuves des premiers articles de l'Encyclopédie. C'est dans cette atmosphère que Georges-Louis Leclerc, comte de Buffon, directeur du Jardin des plantes, fait paraître le premier volume de son Histoire naturelle, oeuvre de longue haleine qui finira par en compter quarante-quatre au bout d'un demi-siècle : l'oeuvre de Buffon accompagne l'histoire européenne tout au long de la période qui va de l'Ancien Régime à l'apogée de Napoléon. Dans le sillage des travaux fondateurs de Linné, Buffon dresse une classification minutieuse du monde naturel : son entreprise colossale est un grand monument de l'époque et un exemple parfait de la mise en oeuvre des principes, chers aux Lumières, de clarté, d'organisation et d'utilité' pratique des connaissances.
Comme de nombreuses oeuvres de cette époque, le catalogue des végétaux et animaux proposé par Buffon suscite l'admiration mais aussi une certaine mélancolie. Certes, grâce aux écrivains et aux savants des Lumières, le savoir humain prend l'allure concrète d'un monde à la cartographie précise et aux frontières définies. Néanmoins quelque chose disparaît : ce sentiment de mystérieuse et magique communion, voire de mélange entre les créatures, ouvert à l'imprévisible, au fantastique, au monstrueux. En somme, c'est le passage du cabinet de curiosités au musée. La force combinatoire de la science pré-encyclopédique charge la nature de significations symboliques si nombreuses et si denses qu'elles ne sont plus compréhensibles ni même perceptibles par l'homme d'aujourd'hui : ce qui a l'air d'une simple nature morte peut être l'expression d'un langage extraordinairement riche, où chaque fleur, chaque fruit, chaque animal est porteur d'une valeur singulière et caractéristique.
Dans l'organisation de ses parties et chapitres, le présent ouvrage prend pour guide la classification de Buffon (plantes, fleurs, fruits, animaux (de la terre, de l'air, de l'eau), des créatures fantastiques. Toutefois, dans chaque chapitre et dans la partie consacrée aux créatures fantastiques, on a cherché' à restituer à la flore et à la faune la saveur du langage symbolique dans lequel s'est longtemps exprimée la culture humaniste. Celle-ci, comme on le sait, est centrée sur l'homme, « mesure de toute chose », mais elle dialogue toujours avec la nature, avec ses manifestations les plus spectaculaires et les plus prodigieuses comme avec l'émouvante beauté, d'une humble fleur qui éclôt.
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