Passionné(e) de lecture ? Inscrivez-vous gratuitement ou connectez-vous pour rejoindre la communauté et bénéficier de toutes les fonctionnalités du site !  

La hure-langue

Couverture du livre « La hure-langue » de Roland Cornthwaite aux éditions Isabelle Sauvage
Résumé:

C'est du côté de la bête, du sauvage, des grognements, du terrier, que Roland Cornthwaite, par-dessus son histoire familiale, se tourne, érigeant le sanglier en emblème de liberté, contre le cochon polissé, dressé, dépecé, vidé de sens.
Contre la domestication ou, en l'occurrence, un «... Voir plus

C'est du côté de la bête, du sauvage, des grognements, du terrier, que Roland Cornthwaite, par-dessus son histoire familiale, se tourne, érigeant le sanglier en emblème de liberté, contre le cochon polissé, dressé, dépecé, vidé de sens.
Contre la domestication ou, en l'occurrence, un « dérèglement de fam'fille », étant né (« sang lié ») d'un père dont la langue étrangère dut être tue, en « famille, la bonne, "la française", la famille maternelle » (« parle pas c't'oiseau / pas not'langue »). Comment s'inscrire dans cette lignée assignée unilatéralement, « avec elle, pour elle, contre elle », comment « oser // to lose her », la mère, comment vivre/rompre avec le « corps frontière [...] toutes racines de terre souffrances / identiques semblables / tous hommes de nuit / même nuit » ? Comment dire « colère sur colère sur colère », sinon « renâcle[r] bâcle[r] la langue », celle qu'on l'enjoint de parler ? Sinon se construire à part soi une hurlangue ? Et oser le « miroir du risque » (« inversion du su- / jet du tu / et sortir par un je »). C'est un corps-à-corps, dès lors, un bégaiement rugueux « doigt sur percuteur stylo », où les jeux de mots déplacent sans arrêt la lecture d'un sens à un autre comme pour empoigner le lecteur, où l'humour a toute sa place également.
Car la colère ne saurait suffire, puisqu'il faut bien « sortir de cette ire tirelire l'ire lyre », et interroger ce grondement en soi, et hésiter, le calmer, le reprendre... Face à la mort de la mère notamment (« vu la déesse nue / sans fard ») : que faire avec ça, autrement ? « Tu(e », séquence plus émouvante, apparaît ainsi comme une transition, une pause. Elle s'ouvre sur le récit de la mort de la mère en un texte à elle adressé, posé, et le « tu » ne cessera dans les poèmes suivants de la séquence. « tue, c'est silence », et « tu as / avalé la nuit », c'est « le nu du temps ». Si « [ses] mains / pour pas d'au revoir », « peut-être réparer / le lien de soi à soi [...] peut-être apaiser / un penser va-et-vient » ?
Quand « soir de sanglier / rejoint l'enfant », ne faut-il pas rentrer dans la comptine et la prendre pour ce qu'elle est, comme sont les contes, cruels ? Et « tête sortir miroir », accepter une fois pour toutes d'être, debout, « aux marges », titre de la dernière partie en guise d'épilogue : « aux marges / saccage (tu dis) / sa cage / ferme le mot ». Oui, dire pour « sort'ire », se débarrasser de ce qui, toujours, a empêché.

Donner votre avis

Donnez votre avis sur ce livre

Pour donner votre avis vous devez vous identifier, ou vous inscrire si vous n'avez pas encore de compte.