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La chose est entendue : l'Etat se définit, entre autres, par le monopole légitime de la violence. Il s'est pourtant trouvé une exception majeure, en France : la Garde nationale. Cette garde bourgeoise et armée sera de tous les grands événements, de l'aurore de la Révolution en juillet 1789 à la Commune de Paris, en mai 1871. Fondée sur l'image mythique du citoyen soldat, cette institution, à la fois incarnation et garant de la souveraineté nationale, tenant du civil et du militaire, en éclipsa d'autres momentanément - l'armée, la gendarmerie, la police. Phénomène social massif et unanimiste, elle fut étroitement liée à la prépondérance politique de Paris depuis 1789 mais également à la force du droit à l'insurrection et de l'unité du tiers état, héritage de la Révolution. L'étude, pionnière, de sa composition et de son fonctionnement des commencements à la dissolution éclaire le phénomène de l'insurrection urbaine (chaque fois la Garde fut, en 1789, 1792, 1830, 1848 et 1871, partie prenante et déterminante); elle explique sa longévité institutionnelle par la nécessité pour les classes moyennes de préserver leurs biens mais surtout de contrôler la rue devenue l'expression politique de l'opinion.
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