Il y a un an, Alex, un adolescent de seize ans sans histoires, s'est suicidé. Il a laissé ceux qui l'entouraient dans la douleur du deuil et celle, plus cruelle encore, de l'incompréhension : pourquoi ?
Il s'est jeté sous un pont, une nuit, sans prévenir. Il avait des parents gentils, une petite amie dont il était très amoureux et qui l'était tout autant de lui, un petit frère avec qui il se disputait, mais enfin pas plus que n'importe quels frères à quinze ans.
Aujourd'hui, c'est Théo, son jeune frère, qui raconte : la maison plongée dans un silence étouffant, où le mort prend une trop grande place pour le laisser vivre. Et sa décision de fuguer.
Dans une sorte de " journal intérieur ", il nous raconte comment, très vite, sa fugue vers Paris tourne court, et comment il se retrouve à dormir à quelques mètres seulement de chez lui, dans la maison de la petite amie d'Alex, rencontrée sur le chemin de la gare.
Comment sa fugue se transforme alors en une veillée funèbre, où quatre adolescents enfin réunis vont pouvoir faire leur deuil dans les larmes et les rires.
Par la voix du jeune adolescent qui effleure les questions d'adultes avec ses réponses d'enfant plein de vie, Valérie Sigward donne à son sujet douloureux une légèreté qui n'entame rien à sa profondeur, et laisse au contraire libre cours à l'émotion.
Du décalage entre les pensées métaphysiques de l'adolescent et ses actes enfantins naît un humour salvateur, qui transforme l'épreuve en aventure pour les adolescents et promenade mélancolique pour le lecteur.
Une fois de plus, c'est à un sujet de société difficile qu'elle s'est attaquée, qui touche la souffrance et à l'intime. Et si, comme toujours, elle se refuse à tout pathos et évite soigneusement l'impudeur, elle nous offre un récit d'une sensibilité et d'une émotion rares, où le mystère de la mort est résolu de manière ludique, son tabou bousculé, et le sacré approché par des mots d'une simplicité déconcertante.
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