"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Jane, surnomme´e l'oeil, est directrice de casting a` Paris. Un producteur ce´le`bre lui confie de trouver la « perle rare » du prochain film de Telo Ruedigger, artiste ge´nial dont les oeuvres de´fient la chronique. Au me^me moment, elle est appele´e dans le sud de la France au chevet de sa me`re. De fac¸on inattendue, Jane rencontre sur place Charline, jeune fille qui pour elle est cette perle rare.
Vingt-huit ans plus to^t, Les Vignettes, maison d'enfance de Jane, servait de de´cor au film Les Innocents de Te´chine´. Elle de´couvrait le monde du cine´ma et l'amour avec Tristan, photographe de plateau, disparu sans laisser signe de vie. La de´marche, l'attitude de Telo, l'atmosphe`re de ses photos troublent Jane : et si Telo n'e´tait autre que Tristan ? Dans l'espoir de le revoir et d'e´claircir ce myste`re, Jane entreprend tout pour que Charline, si semblable a` ce qu'elle fut autrefois, incarne l'he´roi¨ne de celui qu'elle pense e^tre son premier amour.
Jane, alias l’Œil, alias Mademoiselle H, qui a une démarche légèrement claudiquante, ne vit que pour son métier de casteuse. Le casting sauvage, c’est son art, comme un chasseur, elle affûte à la sortie du métro, dans la rue, partout où il y a des passants. « Transparente dans la cohue et le vacarme, elle dévisageait les inconnus ». Elle ne vit que pour son agence qu’elle tient à bout de bras, je devrais plutôt dire à bout d’œil, avec l’aide de Nicolas, grosse fashion victim. D’ailleurs, elle habite un loft juste au-dessus de ses bureaux. La lutte est rude avec les agences étrangères qui proposent leur catalogue à des prix au rabais.
Lorsqu’un producteur lui propose de trouver la perle rare qui serait la vedette du film « La femme de dos », film de Telo Ruedigger, photographe d’art de renommée mondiale Ce ne doit pas être quelqu’un de connu. Une grosse commande.
Sonnerie du portable Souad Chad, la personne qui vit et s’occupe de sa mère « AVC, réanimation, coma… C’est très grave. Ils peuvent pas encore se prononcer. Magda est en soins intensifs… Tu dois venir, ils veulent parler à un proche. » Voici Jane de retour dans le sud, le sud de son enfance, son adolescence, la maison familiale où je sens un lourd contentieux entre la fille et la mère.
L’Œil va devoir gérer les deux choses de front, chacune ayant son urgence, l’une plus primordiale que l’autre pour Jane, surtout lorsqu’elle aperçoit Charline qui, pour elle, EST La femme de dos. Elle fera tout pour entrer en contact. Elles feront connaissance, Jane voudrait tellement qu’elle accepter le tournage, mais bon, le frère n’est absolument pas d’accord car il a besoin de sa sœur pour son petit trafic.
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Les souvenirs sont de retour à la villa « Les Vignettes » demeure familiale, où un film de Téchiné fut tourné et où, à seize ans, elle connut l’amour. Les souvenirs, car elle fouille son ancienne chambre, raconte à sa mère, sur la demande des soignants. Tous ces souvenirs la perturbent, des bribes lui reviennent dont son histoire d’amour avec le photographe de plateau, Tristan, qui a disparu du jour au lendemain. Pourquoi n’y aurait-il pas un lien entre Tristan et Ruedigger… Ne peuvent-ils être la seule et même personne ? Cela expliquerait la disparition de Tristan.
Son séjour à Toulon auprès de sa mère sera un instant de recherches. Recherches pour l’incarnation du personnage du film, recherches pour retrouver un passé qui lui échappe. Parler à sa mère dans le coma de ce passé, permettra t-il à mettre un terme à leurs contentieux très profond ?
Une multitude de personnages s’entrecroisent. Alice Moine m’a tenu en curiosité de la suite, même si certains personnages sont un peu trop caricaturaux, mais nous sommes à Toulon !
J’aurais peut-être aimé que le roman se resserre sur les trois femmes de la villa « Les Vignettes », la mère, la fille et Souad, la présence souvent silencieuse… Mais c’eût été un autre livre, une autre histoire.
Une lecture divertissante, agréable, entre romance et énigmes. Alice Moine a su me perdre avec de fausses pistes, me surprendre par des pirouettes avec son écriture efficace, maîtrisée, très visuelle aux dialogues fort bien ficelés.
Directrice de casting, Jane est habituée à capter d'un seul regard l'intimité que peut entretenir un visage inconnu avec le rôle d'un personnage. Lorsqu'un producteur lui demande de trouver l'interprète principale de "La Femme de dos", le film que s'apprête à réaliser Telo Ruedigger, photographe d'art, elle relève le défi sans se douter que sa recherche va remuer sa mémoire amputée. De retour à Toulon pour être près de sa mère dans le coma, les souvenirs affluent en puzzle que Jane ne parvient pas à rassembler. En juin 1987, le tournage du film "Les Innocents" par Téchiné est venu bouleverser sa vie d'adolescente délaissée. Elle n'a jamais pu oublier son seul amour, Tristan, le photographe de plateau, disparu à la fin du tournage. Comme les visages qu'elle a l'habitude de scruter, les lieux, les objets, les êtres, les évènements du présent semblent se superposer à ceux du passé. Il suffit de gratter un peu pour que rejaillissent les images cachées. Mais cela ne va pas sans douleur, ni culpabilité...
Agréable à lire, plein de rebondissements et de suspense, le roman d'Alice Moine aurait peut-être gagné, me semble-t-il, à être davantage resserré autour de ce qui, pour moi, est son point nodal : le regard et le découpage que celui-ci opère dans la réalité.
Victime d'un accident lors de ce fameux été 1987, Jane avance dans sa vie en claudiquant alors que, comme pour compenser, ses yeux ont acquis une exceptionnelle acuité. Pourtant ce regard habitué à voir au-delà des apparences, ne parvient pas à percer l'opacité de sa propre histoire. Sauf peut-être à la voir à travers le filtre d'un objectif photographique ou d'une caméra ? Qu'est-ce que les images révèlent de nous, que l'on soit photographe ou modèle, spectateur ou acteur ? Qu'est-ce qui se joue, se noue et se dénoue entre notre regard et le reflet que les photographies et les films nous livrent ? J'aurais aimé que le roman puise davantage et plus nettement dans ces interrogations, plutôt que de risquer de s'égarer dans des péripéties à la frontière du polar. Une lecture plaisante, donc, mais que j'aurais souhaitée plus stimulante.
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