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Alors même que les pouvoirs publics s'interrogent sur la justice et sur ceux qui la rendent, les Mercuriales de Daguesseau revêtent un intérêt singulier pour celui qui s'intéresse au devenir de cette prérogative régalienne.
Parlementaire de pure tradition, acteur important d'un milieu qu'il connaît bien, Daguesseau ressent intimement l'évolution de la pensée et des moeurs de cette fin du règne de Louis XIV, telle qu'elle s'installe dans le Temple de la Justice. II en voit les dangers, il en pressent les conséquences pour la stabilité des institutions et le pouvoir de l'État. Comme une ombre portée pour mieux servir le relief du portrait idéal, se dessine celui du mauvais magistrat, suppôt d'une fausse justice, aussi corrompue que le monde dont elle se sert.
Seules, les valeurs morales et intellectuelles, acceptées et respectées, peuvent maintenir l'édifice de la justice et celui du royaume. Seules, les qualités de l'homme de bien permettent celles du bon magistrat, serviteur d'une justice parfaite. C'est la leçon traditionnelle que Daguesseau administre aux esprits rebelles de cette nouvelle génération de magistrats. C'est cette discipline des juges qu'il veut imposer au Parlement.
La garantie d'une bonne justice se trouve donc dans l'indépendance et la rectitude des magistrats ; leur force de caractère est la meilleure assise de celle-ci. En revanche, la faiblesse possible du juge peut précipiter l'institution judiciaire dans la tourmente. Plus de deux siècles après, le message de Daguesseau n'a rien perdu de sa pertinence, ni de son actualité.
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