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La désobéissance, c’est elle de Ronit Krushka, jeune femme libre et libérée qui a choisi de quitter famille et communauté religieuse pour fuir un carcan moral qui l’étouffait. Elle veut être elle-même, choisir sa vie, sa sexualité, ses amours, sans céder à une pression quelconque. Pour cela elle a mis un océan entre elle-même et les siens.
Dix ans après son départ, elle est rappelée par sa famille, à l’occasion des obsèques de son père, un Rav honoré. Ronit est en effet issue du milieu londonien juif orthodoxe.
A cette occasion, elle retrouve ses deux amis d’adolescence : Esti et Dovid. Eux ont choisi (peut-être pas vraiment d’ailleurs) de se soumettre, d’obéir, et de suivre la loi et le chemin tracés pour eux par des traditions pesantes. L’une a renié sa bisexualité (abjection absolue !), l’autre est devenu rabbin, plus par obligation que par décision personnelle. Il n’a d’ailleurs pas les « épaules » pour cette charge, qui le plie, le ploie, l’oppresse. Dovid a épousé Esti, comme il se doit. Tous deux se conforment aux normes et aux lois dans lesquelles ils baignent.
Le retour de Ronit sera un détonateur, elle fera exploser cette fausse tranquillité, et dès lors, plus rien ne pourra être comme avant.
« J’ai pensé aux choix que j’avais fini par faire, conformes à mes convictions. Qu’il est préférable de dire les choses plutôt que de les taire. Que je n’ai pas à avoir honte de quoi que ce soit. Que ceux qui mènent une existence étriquée n’ont qu’à s’en prendre à eux-mêmes s’ils sont choqués… Ce ne sont pas des gens méchants, ni cruels, ni déplaisants, ni malveillants. Ils ne méritaient pas que je perturbe leur shabat. Ni que je leur balance ma vie en pleine figure. J’avais eu tort, en faisant cela. Et si je ne l’avais pas fait ? J’aurais eu tort aussi ».
Avec humour et une délectable pointe de cynisme, Naomi Alderman (elle-même fille de rabbin) fait la critique de ce milieu où le paraître prime sur l’être, où le silence devient omerta, où la rigueur dépasse parfois la raison. Pour autant, elle ne cloue pas le judaïsme au pilori. En cela, le personnage de Romit démontre bien que même si elle ne se plie pas aux règles de la Torah, elle n’en demeure pas moins juive.
« Elle a fini par comprendre qu’au sein d’un espace infime et subtil, le bon sens et l’intégrisme religieux se croisent… »
La désobéissance est un premier roman passionnant (bien plus que le film, paraît-il, mais je ne l’ai pas vu), car il mêle aux réflexions profondes les difficiles interactions entre principes religieux et vie moderne.
L’écriture est un régal , elle est légère et va néanmoins au plus profond, au plus incisif du thème abordé. Sans contour ni détour. C’est drôle à souhait et nullement hermétique.
La question de fond : peut-on se libérer totalement de son éducation, de son milieu, de tout ce qui nous a construit, sans provoquer un séisme, tant personnel que familial, voire plus, débouche forcément sur des interrogations personnelles.
J’ai aimé l’histoire de cette femme, j’ai aimé en apprendre un peu plus sur ces mystérieux codes dont je savais bien peu de choses.
C’est une très très belle histoire que je vous recommande de découvrir !
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