"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Un écrivain israélien à succès qui ressemble étrangement à l'auteur a accepté de répondre aux questions d'internautes sur ses livres. Chaque interrogation l'amène à s'ouvrir sur le couple qu'il forme avec Dikla, à avouer ses relations compliquées avec ses enfants ou encore à partager ses angoisses pour son meilleur ami, Ari, atteint d'un cancer. Sa vie tombe en ruine et ce questionnaire lui permet d'en parcourir les méandres, tissant la toile de sa propre histoire, au sein de laquelle il va et vient dans le temps, laissant progressivement apparaître les instants décisifs.Dans ce roman tout en finesse, le narrateur livre, avec humour, une analyse désabusée de ce qu'il est et de son incorrigible besoin de transformer la réalité en fictions. En nous plongeant dans le quotidien de cet écrivain, Eshkol Nevo met en lumière des moments ordinaires qui nous touchent en plein coeur.
Un titre annonciateur d’une fin, mais la fin de quoi ? Et s’agit-il d’un événement positif ou négatif ? La fin du bonheur, la fin d’une carrière d’écrivain, la fin de la tristesse avant un nouveau départ ?
Le narrateur écrit des livres depuis 20 ans. Des fictions. Du moins est-ce ce qu’il veut faire croire à ses lecteurs. Mais il n’est pas dupe, et son entourage non plus. Il sait qu’il est « devenu un menteur, un narrateur obsessionnel et un cannibale, tout ce [qu’il vit, il] le transforme en matériau » pour ses romans. Et cela ne le rend plus heureux, au point d’être dysthymique (trouble dépressif chronique, moins sévère que la dépression), et incapable d’écrire. Mais est-ce la seule cause de son mal-être ? Son couple va mal, sa fille aînée a décidé de partir en internat, son meilleur ami se meurt d’un cancer. Ce contexte cafardeux lui ôte toute inspiration, mais il s’accroche à une ultime tâche comme à une planche de salut : rédiger des réponses aux questions posées par des internautes. La banalité de ces questions pourrait faire craindre des alignements de platitudes, mais le narrateur prend à chaque fois la tangente et se sert des questions comme d’un prétexte à dire ce qui lui tient à cœur, sous forme de tranches autobiographiques en flash-back, et à amener, l’air de rien, une multitude de thèmes. L’amour, l’amitié, la paternité sont les plus récurrents, mais aussi les rêves de jeunesse usés par l’érosion du quotidien, les regrets et l’espoir, le métier d’écrivain (égratignant au passage les polars scandinaves), le monde de la publicité et celui de la politique, et, comme on est en Israël, les attentats, Tsahal et la colonisation des territoires palestiniens. Mais là où le texte est le plus captivant, c’est dans le jeu permanent entre réalité et fiction, dans lequel on se perd avec délices. Dans quelle mesure le narrateur est-il le double de l’auteur, dans quelle mesure le narrateur est-il sincère ? Faut-il le croire quand il dit : « Je mens toujours dans ce genre d’interviews, tu sais, je fournis des réponses d’écrivain. Cette fois, je me suis efforcé d’être sincère ou, du moins, de tendre à la sincérité, et il y a quelque chose de libérateur là-dedans« . Mais après tout, l’important n’est pas là mais dans le plaisir du lecteur (le mien en tout cas) à se laisser balader entre vérité et imagination.
Même s’il m’a moins émue que « Le cours du jeu est bouleversé« , ce roman rusé, drôle et touchant, savoureux et addictif, est un grand moment de lecture et de littérature, tant il est riche, profond, intelligent et sincère.
Une façon d ecrire , pas mal raconter ,a decouvrir , j ai bien aimer , le début on reste perplexe est apres on découvre un bon roman
Qu’est-ce qui constitue les sources d’inspiration d’un écrivain, ses raisons d’écrire ? Pour Eshkol Nevo, c’est sa propre vie qui sert de justificatif, de matériau omniprésent à la construction de son œuvre littéraire .Le livre met en scène un écrivain israélien qui ressemble à l’auteur .Cet écrivain à succès participe à des dédicaces, des rencontres avec les lecteurs, des conférences dans les hôtels d’Israël et de l’étranger .Ce que met évidence l’auteur du récit, c’est la part prépondérante de la vie et des sentiments dans l’élaboration de son œuvre littéraire .Aux sources de l’écriture était …la peur : « J’ai peur de perdre l’inspiration. J’ai peur de perdre Dikla. J’ai peur de perdre mes enfants parce que je vais perdre Dikla, J’ai peur de perdre Ari. J’ai peur d’avoir une attaque cardiaque dans trois ans. »
L’écriture, nous dit l’auteur du récit, c’est aussi le temps des confidences, de l’intimité réussie, de l’écoute accessible, c’est aussi la latitude de produire des aveux à son amante et compagne Dikla : « En fait, tout ce que j’ai écrit depuis huit livres, n’est qu’une très longue lettre dont elle est la destinataire. »
Belle élucidation de l’écriture, éloquent éclairage que nous livre Eshkol Nevo .On y ajoutera une évocation de la vie et de l’histoire d’Israël , ses guerres si fréquentes qu’elles rythment la vie de générations de combattants, le poids du service militaire dans la vie de la nation, le côté high-tech du pays , plaisamment souligné par Eshkol Nevo .Si l’écriture , ses raisons ,ses origines sont mythologiques ou mensongères, le dévoilement est fait d’une manière empreinte d’ironie amère et d’un clin d’œil au public :ne soyez pas dupes mais souriez tout de même !
Un écrivain israélien à succès a accepté de répondre aux questions d’internautes sur ses romans. Chaque question l’amène à réfléchir sur sa vie, sur son couple, sur ses relations compliquées avec ses enfants, ou encore sur le cas de son ami atteint d’un cancer.
Eshkol Nevo revient avec un roman mi-autobiographique, mi-fiction combinant l’intime, comme le social ou le politique.
Ne connaissant absolument pas l’auteur, je me suis plongé dans cette interview qui retrace une vie, où l’on peut apprendre que le narrateur est atteint de dysrythmie (un trouble du rythme cardiaque), que sa femme veut le quitter… Une vie qui tombe en ruine, et ce questionnaire lui permet d’en parcourir les méandres.
Une interview qui devient un véritable récit, avec comme fondement la question de la vérité. Car la vérité, est-ce vraiment ce qui s’est produit ? Est-ce des faits avérés ? Ou l’intervalle entre ce qui est arrivé, ce qui aurait pu arriver ou ce que nous redoutons ? Le narrateur s’interroge sur cette vérité littéraire car le besoin de transformer la réalité en fiction est forte.
Un narrateur qui aime la terre d’Israël, qu’on ressent à travers les lignes, les mots, même si ce narrateur est un narrateur voyageur, il n’oublie jamais ses origines, sa ville, son pays.
« La dernière interview » est le récit d’un écrivain. Et l’écrivain est un personnage préoccupé, hypersensible, attentif aux injustices. L’écrivain a besoin de l’écriture pour se libérer.
Une très belle découverte, qu’il en soit de l’auteur comme du roman à la fois simple mais bourré de questionnement. Une plume vivante et sensible, un récit entraînant. Eshkol Nevo embarque son lecteur dans cette dernière interview qui met en lumière des moments tout simplement ordinaires de la vie d’un homme.
mon avis de la page 100 :
L’éditeur a écrit « roman » et l’auteur semble d’accord ; pourtant la démarche est originale : au lieu d’écrire un roman, il répond à une interview sur la base d’une sélection de questions d’internautes sur un site. Il répond à deux ou trois questions par jour. Les questions ne sont pas originales, sauf celles qui tournent autour d’Israël et il pensait réagir avec des réponses toutes prêtes mais il préfère la vérité ; peu à peu cela se transforme en récit : les réponses sont décalées ; parfois on oublie la question.
Il est atteint de dysrythmie : un trouble de l’humeur chronique caractérisé par une légère déprime permanente et il craint que son entourage ne puisse supporter longtemps cet état.
Il a eu une petite amie pendant quatre ans mais un incident grave a mis fin à l’idylle .Il n’a pas de bons souvenirs de son service militaire malgré cette relation : elle venait le voir souvent.
Il a épousé Dikla avec qui les relations sont de plus en plus difficiles ; ils ont trois enfants et leur fille aînée a choisit l’internat, ce qui fait beaucoup souffrir son père.
Il avait trois amis intimes, il en a perdu deux de vue et le troisième : Ari est à l’hôpital pour un cancer du pancréas.
Il a un certain succès et est amené à donner des conférences dans le monde, il connaît particulièrement l’Amérique du sud. Ses rencontres n’ont pas beaucoup de public et en plus celui-ci est déçu parce que l’auteur ne correspond pas à ce qu’il imaginait d’un israélien.
la suite: :
Ses personnages sont souvent féminins, il explique qu’il y a trois femmes : son épouse, une femme imaginaire qui serait le négatif de Dikla et...lui-même ajoutant que sa préférée est cette dernière.
Un passage amusant quant à l’adaptation d’un livre au cinéma : tout est conditionné aux bourses possibles et le livre est complètement dénaturé.
Travaillant dans la publicité il est amené à faire la campagne pour l’élection d’un maire Yoram Sirkin ; passée l’élection le nouveau maire lui demande d’écrire ses discours ; il réalise la corruption…(cette relation est secrète)
Toute la suite est faite d’anecdotes répondant plus ou moins aux questions mais c’est surtout l’occasion de répéter sa dysthymie, les difficultés de relation avec sa femme, ses enfants et en particulier sa fille aînée qui ne veut plus le voir, son ami Ari etc.
Il n’y a pas de construction : c’est au fil des questions qu’un récit se forme. J’aurais préféré une réécriture du tout de façon à éviter les répétitions. Les questions des internautes sont peu originales contrairement aux réponses décalées mais intéressantes.
Un livre riche dont la forme est déconcertante.
Je ne connaissais cet auteur israélien, pourtant célèbre.
Dans l'émission Un jour, un livre de France 3, j'ai eu deux minutes pour présenter ce livre (un peu court); du coup, je l'ai relu et l'ai trouvé beaucoup plus drôle à cause de nombreuses anecdotes!
Sans doute parce qu’une traduction – aussi excellente soit-elle – me donne l’impression de placer un filtre entre l’auteur et moi, je me détourne souvent de la littérature étrangère. Mais la lecture de "La dernière interview" d’Eshkol Nevo, auteur israélien, me démontre que j’ai tort. Ce roman, traduit de l’hébreu, est tout simplement fabuleux.
"…je réponds à cette interview sur la base d’"une sélection de nos internautes" que m’a transmise le webmestre d’un site quelconque…Ce devait être une interview, et rien de plus, mais peu à peu…cela s’est transformé en récit." Le narrateur, écrivain reconnu, résume ainsi l’ouvrage. Aux questions posées, plutôt classiques – Vous avez toujours voulu être écrivain ? Dans quelle mesure vos livres sont-ils autobiographiques ? Qui est votre premier lecteur ou première lectrice ? – l’écrivain répond et, loin de se contenter de répliques courtes et sibyllines, il se dévoile sur sa vie intime. Il analyse la dysthymie, maladie dont il souffre, proche de la dépression. Il parle de sa femme et de ses problèmes de couple, de ses enfants et des difficultés liées à leur éducation, de ses amis. Il nous raconte ses voyages et notamment ceux qui le conduisent en Palestine et en Syrie. Il évoque son grand-père qui fut premier ministre, Israël, la politique et tant d’autres choses.
En un mot j’ai trouvé ce roman absolument passionnant et brillant. J’ai aimé l’écriture simple sans être simplissime du romancier, son humour souvent décalé, les digressions toujours intéressantes, les actions disséquées à l’envi, la vérité transformée en fiction. J’ai aimé le foisonnement d’anecdotes, l’étude bienveillante des personnages tous minutieusement décortiqués. J’ai aimé la richesse des sentiments abordés, l’amitié, l’amour, le désir. Et par-dessus tout, j’ai aimé l’humilité qui sourd derrière chaque mot. Je n’ai pas senti de subterfuge mais une véritable sincérité. D’ailleurs le narrateur le précise : "J’étais censé réagir par des réponses toutes prêtes, mais j’ai préféré dire la vérité."
"La dernière interview" est le roman extraordinaire d’une vie ordinaire. Véritable coup au cœur !
http://memo-emoi.fr
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